l'agence des Missions étrangères de Paris (MEP).
Selon un communiqué en date du 11 janvier 2011, émanant de la Fondation du Cardinal Kung, établie aux Etats-Unis, le gouvernement chinois a averti Mgr Jia Zhiguo de son intention de reprendre, de gré ou de force, l'orphelinat pour enfants handicapés qu'il a fondé et dirige depuis plus de vingt ans.
Mgr Julius Jia Zhiguo, évêque « clandestin » du diocèse de Zhengding (Shijiazhuang) dans la province du Hebei, est notamment connu pour avoir été maintes fois arrêté par la police en raison de son refus d'adhérer aux instances « officielles » de l'Eglise en Chine. Il n'a jamais accepté de rejoindre l'Association patriotique des catholiques chinois (CPCA), courroie de transmission de la politique religieuse gouvernementale et instance non reconnue par l'Eglise catholique.
Il y a environ une vingtaine d'années, un bébé handicapé était abandonné devant la porte de Mgr Jia Zhiguo. Cet enfant, le premier à être accueilli et élevé par le prélat, fut suivi de nombreux autres, déposés de la même manière, sur le pas de la porte de Mgr Jia, le bouche à oreille ayant répandu la nouvelle que « le bon évêque » les recueillait. Au fil des années, ce sont des centaines de bébés, handicapés ou gravement malades qui ont été laissés aux bons soins de ce « Monsieur Vincent » de Chine, qui les a tous pris en charge. Certains d'entre eux malheureusement ne purent survivre, mais tous ont été baptisés avant « de rejoindre la maison du Père », rapporte la Fondation du Cardinal Kung.
Mgr Jia a créé une communauté de religieuses ayant pour vocation spécifique le soin des enfants souffrant de handicap, et il a fondé un orphelinat à Wu Qiu, le village où il réside, dans le district de Jinzhou. De plus en plus de petits pensionnaires ont été accueillis et, aujourd'hui, ils sont près d'une centaine de garçons et filles. Sans aide de l'Etat, ni reconnaissance officielle, l'institut a fonctionné durant ces vingt années, le gouvernement fermant les yeux sur cette œuvre de charité qui était soutenue et appréciée au-delà même des frontières chinoises.
Agé de 75 ans, Mgr Jia Zhiguo a été consacré évêque de Zhengding (Shijiazhuang) en décembre 1980, avec mandat du pape. Depuis 2004, il a été arrêté 13 fois et totalise approximativement une vingtaine d'années en prison. Bien qu'il soit toujours étroitement surveillé par les autorités, l'évêque clandestin jouit d'un grand soutien de la part des fidèles de son diocèse où coexistent communautés « officielles » et « clandestines ». La Fondation du Cardinal Kung rappelle qu'à sa dernière remise en liberté, le 7 juillet dernier, « Mgr Jia, en présence des représentants du gouvernement, avait réaffirmé qu'il ne reconnaissait pas l'Association patriotique ni la Conférence des évêques « officiels ». Il avait ensuite déclaré qu'il était et serait toujours fermement soumis à l'autorité du Saint-Père ».
Fidèle à ses convictions, le prélat n'a pas assisté à l'ordination illicite (sans mandat pontifical) du P. Guo Jincai sur le siège de Chengde en novembre dernier. Il ne s'est pas non plus rendu à la 8e Assemblée nationale des représentants catholiques et ce malgré les intenses pressions dont il a fait l'objet, comme nombre d'évêques « officiels », qui avaient été « priés » d'assister à l'événement. Les autorités avaient menacé de saisir l'orphelinat si Mgr Jia ne se rendait pas à Pékin pour la 8e Assemblée nationale des représentants catholiques. L'évêque n'avait pas plié et il est à craindre que le regain d'intérêt du gouvernement pour l'orphelinat tenu par Mgr Jia soit une conséquence directe de l'opposition manifestée ostensiblement par l'évêque envers la politique religieuse gouvernementale.
Dès décembre 2010, rapporte en effet le communiqué de la Fondation du Cardinal Kung, M. Yin, du Département du Front Uni pour le Jinzhou, M. Guo, du Secrétariat politique, M. An, du Bureau des Affaires religieuses du Jinzhou, le secrétaire du Parti communiste de Wu Qiu et le directeur de la Sécurité publique de Shijiazhuang avaient rencontré à de multiples reprises Mgr Jia. Lors de ces réunions, l'évêque avait été prié de signer des documents cédant l'orphelinat au gouvernement chinois et ordonnant la dispersion de la trentaine de religieuses au service des enfants handicapés. Face à son refus, il avait été menacé d'être retenu pour une « durée indéterminée » en « session de travail ». Il lui avait alors été dit qu'« avec ou sans sa signature, l'orphelinat lui serait retiré (…) par la force s'il le fallait ».
Mgr Jia Zhiguo ayant dénoncé auprès du Bureau central des Affaires religieuses à Pékin les menaces et intimidations dont il était l'objet de la part des autorités locales, il lui a été répondu que ce type d'affaire relevait de la juridiction du Jinzhou.
Depuis vingt ans, le prélat et les trente religieuses de la congrégation dévouée à l'institution « se dépensent sans compter pour ces orphelins handicapés qui ont grandi dans l'amour et dépendent affectivement comme physiquement de ces personnes dévouées qui leur ont consacré leur vie. S'ils sont séparés d'eux par la force, ils souffriront de séquelles irréversibles », conclut le communiqué de la Fondation du Cardinal Kung, qui appelle toute personne de bonne volonté à demander aux ambassades de Chine que le gouvernement cesse son action envers l'orphelinat de Mgr Jia.
A l'heure où nous rédigeons cette dépêche, des sources locales nous informent que l'orphelinat aurait déjà été saisi par les autorités, les religieuses dispersées et les enfants « envoyés vers une destination inconnue ». Aucune information concernant Mgr Jia ne nous est parvenue.
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