Datée du 16 janvier et signée du P. Bernardo Cervellera, directeur d’AsiaNews, la lettre enjoint les autorités chinoises à libérer quatre évêques et cinq prêtres de l’Eglise catholique en Chine qui, pour l’un d’entre eux, Mgr James Su Zhimin, est détenu au secret depuis 1997. Le 17 janvier, AsiaNews a interviewé Mgr Savio Hon Tai-fai, Chinois de Hongkong et secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples à Rome depuis décembre 2010. La traduction française de l’interview de Mgr Hon est de la rédaction d’Eglises d’Asie, l’agence d’information des Missions étrangères de Paris (http://eglasie.mepasie.org).
AsiaNews – Excellence, que pensez-vous de la démarche consistant à demander la remise en liberté de ces évêques et prêtres, ou à tout le moins d’avoir des informations sur leur sort ?
Mgr Hon Tai-fai – Chercher à connaître quelle est leur situation implique que nous sommes face à un système dont le fonctionnement ne permet pas la communication à la nation d’aucune nouvelle considérée comme mauvaise ou négative. La réponse du gouvernement chinois aux requêtes qui lui sont soumises est toujours la même : « Nous ne savons pas. » Et c’est bien la réponse qui a été faite à plusieurs reprises au Saint-Siège. Mais une telle réponse nous dit que ces personnes, en tant qu’elles sont des évêques, des hommes de foi et de fidélité à leur Seigneur, ont bien disparu pour des motifs religieux. Concrètement, leurs familles et leurs proches nous font parvenir les quelques nouvelles qu’ils parviennent à obtenir.
Que faire pour ces prisonniers de foi ?
Nous pouvons et nous devons prier pour ces évêques et ces prêtres privés de liberté. Je dois dire que j’éprouve une réelle fierté à leur endroit, pour le témoignage qu’ils donnent. Je suis Chinois et le témoignage donné par mes frères dans l’épiscopat me comble de joie et de réconfort. Mais nous ne devons pas renoncer à questionner ceux qui retiennent ces évêques. Les autorités [chinoises] devraient se résoudre à trouver une solution à ce problème, pas uniquement du fait des difficultés qui en résultent pour la communauté catholique mais aussi du fait des problèmes que cela cause à la nation chinoise. La nouvelle des arrestations, de la disparition, de la détention dans des camps de travail ou dans des résidences policières d’évêques ou de prêtres fait du tort à la Chine. Si ces personnes se sont rendues coupables de quelque délit ou crime, alors qu’elles soient traduites en justice ! Mais il n’est pas normal qu’elles soient placées en détention ou à l’isolement sans avoir été jugées. Ce mode d’action ne résout rien et fait du tort à l’image de la Chine sur la scène internationale.
Ces souffrances ont-elles un sens ?
Notre foi nous enseigne que ces souffrances ont une grande valeur salvifique. Ces martyrs, modèles d’héroïsme pour tous les croyants du monde, rendent notre évangélisation féconde.
Le Vatican persiste-t-il à demander leur remise en liberté ?
Il existe deux canaux par lesquels leur libération est demandée. Le premier est celui qui passe par leurs amis, qu’ils soient ou non catholiques et qui ont entrepris des démarches auprès des autorités pour demander la remise en liberté des évêques. Mais la réponse qui leur est faite est toujours la même : « Nous ne savons pas. Nous ne savons pas où ils sont. » Les diplomates étrangers qui présentent la même requête via les canaux officiels reçoivent la même réponse. Toutefois, même si aucune réponse satisfaisante n’est obtenue, il est nécessaire de persévérer car cela incite les autorités chinoises, les différents départements du gouvernement, la Sécurité publique à ne pas refermer ce dossier en risquant ainsi de ternir encore plus l’image de la Chine sur la scène internationale.
Ces canaux peuvent ne pas sembler produire beaucoup de résultat, mais présenter sans relâche notre demande est essentiel pour que personne n’oublie le sort de ces personnes. De plus, il est important que s’exprime concrètement l’amour du Saint-Siège pour la communauté clandestine.
Certains disent que le Vatican a oublié les communautés clandestines…
On dit en effet ici ou là que le Vatican les a oubliées mais ce n’est pas conforme à la vérité. Le Saint-Siège ne peut pas rendre publique toute l’aide qu’il apporte, ni même sa proximité avec ces communautés. Nous aidons l’Eglise tout entière, nous ne distinguons pas entre officiels et clandestins et nous prenons en compte ce qui est important pour l’évangélisation.
Il est important aussi que les communautés clandestines apprennent à pardonner. Le martyr, à l’exemple de saint Etienne, est aussi celui qui pardonne. Ainsi, par exemple, lors des ordinations épiscopales illicites de ces derniers mois, plusieurs évêques officiels ont été obligés d’y prendre part. Plus tard, ensuite, beaucoup d’entre eux ont demandé le pardon du pape, qui le leur a accordé. Ils doivent eux aussi se montrer magnanime et reconstruire l’unité dans la réconciliation.