A Taiyuan, un prêtre catholique figurait parmi les relayeurs de la flamme olympique, rapporte « Eglises d'Asie », l'agence des Missions étrangères de Paris (EDA).
Partie de Grèce, la flamme olympique a connu un parcours tantôt chaotique tantôt paisible au fil des étapes parcourues sur les cinq continents. Depuis le 4 mai dernier, elle progresse sur le sol chinois ; après une étape à Hongkong et Macao, « la flamme sacrée », selon l'expression utilisée en Chine, passe à travers les 18 provinces et municipalités du pays et atteindra Pékin quelques jours avant le 8 août, date de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Le 26 juin, son périple passait par Taiyuan, capitale de la province du Shanxi et important centre industriel situé à 400 km au sud de Pékin, où, parmi ses 208 relayeurs, figurait un prêtre catholique.
Le P. Paul Meng Ningyou, 45 ans, vicaire général « officiel » du diocèse de Taiyuan, est le curé de la cathédrale de l'Immaculée Conception de Taiyuan. Le 26 juin, avec le dossard n° 122 – sur un total de 208 coureurs -, il a contribué à porter la flamme symbole de l'esprit olympique au long d'un parcours de 39 km. Selon le témoignage de catholiques qui ont suivi la retransmission en direct du parcours à la télévision, le P. Meng a été présenté comme « un personnel religieux » de la cathédrale catholique de Taiyuan, élu en 2007 à l'Assemblée populaire de Taiyuan.
Ce jour-là, dans les rues de Taiyuan, le P. Meng a été l'unique personnage religieux à porter la torche et, à notre connaissance, le seul prêtre catholique à prendre part à ces relais depuis que la flamme parcourt le sol chinois. A l'agence Ucanews (1), il a précisé qu'il avait couru en représentant des cinq religions officiellement reconnues (bouddhisme, taoïsme, islam, protestantisme et catholicisme) pour répandre l'esprit olympique d'amour et de fraternité, un esprit en harmonie avec les enseignements de ces religions. « C'est la volonté de Dieu que, de cette manière particulière, l'Eglise catholique puisse montrer à tous qu'elle ne représente désormais plus un groupe marginalisé, mais qu'elle est chaque jour plus active dans la société », a-t-il précisé.
A Taiyuan, comme dans toutes les autres villes et lieux traversés par la flamme, le parcours est très soigneusement balisé et encadré par les autorités. Le 26 juin, 100 000 personnes avaient été requises pour se placer le long du parcours ou pour se masser à certains points de relais précis. Le grand public n'avait pas le droit d'approcher des barrières de sécurité. Un catholique âgé, du nom de M. Liu, a témoigné du fait qu'il souhaitait encourager de vive voix le P. Meng, mais, ne faisant pas partie des 100 000 spectateurs choisis, il a dû se contenter de regarder le relais à la télévision ; il a noté que le prêtre y a participé, non en sa qualité de prêtre, mais en celle de membre de l'assemblée populaire locale.
Selon un prêtre enseignant au séminaire de Taiyuan, le grand séminaire Montecorvino, le fait qu'un prêtre ait été choisi pour porter la flamme indique que « nous, les catholiques, sommes égaux avec tous les autres Chinois ». C'est une bonne chose car il n'est pas rare que les catholiques à Taiyuan, qui sont 80 000 sur une population totale de trois millions de personnes, subissent des discriminations ou des injustices du fait de leur appartenance religieuse, a-t-il ajouté.
Des séminaristes partagent la même analyse, mais soulignent la nervosité des autorités quant à ce qui touche à la religion. Ainsi, lorsque la flamme était passée à un relayeur, son nom, sa date de naissance, l'identité de son entreprise ou de son école apparaissaient à l'écran ; dans le cas du P. Meng, qui enseigne la philosophie au séminaire, aucune de ces informations n'a été affichée. La torche en main, le prêtre n'est resté à l'écran qu'un court instant. D'autres images ont été intercalées, avant que la caméra ne revienne sur lui lors du relais au coureur suivant. Parce que la présence du P. Meng à l'écran a été fort brève, les séminaristes estiment que les téléspectateurs auront à peine eu la chance de saisir qu'il s'agissait là d'un prêtre catholique.
Parmi les 208 relayeurs du 26 juin, figurait un deuxième catholique, un laïc du nom de Liu Guoping. Agé de 45 ans, Liu a monté un prospère élevage d'engraissage de canards et a reçu à ce titre la Médaille du travailleur modèle de Taiyuan en 2007. Avec le dossard n° 11, il a couru en tant que représentant du secteur agricole, et a précisé que, durant la course, il n'avait pas caché qu'il était un catholique pratiquant.
ROME, Mardi 1er juillet 2008 (ZENIT.org)