Reporters sans frontières déplore le licenciement et l’arrestation de Mehbube Ablesh, employée dans une radio officielle de la province du Xinjiang.
Accusée d’avoir publié sur Internet des articles critiquant les dirigeants de la province et la politique du gouvernement chinois, la jeune femme, membre de la communauté ouïghoure, a été renvoyée en août du département de la publicité de Xinjiang People’s Radio Station, puis arrêtée à Urumqi par la police. D’après l’un de ses collègues, interrogé par Radio Free Asia, elle serait toujours détenue.
"Comme dans les autres provinces où il existe des mouvements autonomistes, la censure et le contrôle policier sont encore plus forts au Xinjiang que dans le reste de la Chine, d’autant plus pendant cette période de ramadan. Il est urgent que les journalistes ouïghours puissent jouir de leur droit d’écrire et de s’exprimer sans craindre une condamnation reposant uniquement sur de fausses accusations d’appel à la violence ou d’atteinte à la souveraineté de la Chine" a déclaré l’organisation.
En février 2005, Nurmuhemmet Yasin, l’auteur de la nouvelle « Le pigeon sauvage » publiée en 2004, a été condamné à dix ans de prison pour incitation au séparatisme ouïghour. La fiction rédigée à la première personne relate l’histoire d’un jeune pigeon mis en cage par les humains, préférant se donner la mort plutôt que de sacrifier sa liberté. L’histoire du pigeon suicidaire symboliserait, selon les autorités, celle du père de l’auteur, qui s’était empoisonné dans des conditions similaires, et véhiculerait par conséquent un message politique.
De son côté, Korash Huseyin, employé de la revue littéraire qui a publié cette nouvelle, a été arrêté en novembre 2005 et condamné à trois ans de prison par la cour de justice du sud de Xinjiang. Ismail Tiliwaldi, gouverneur ouïghour du Xinjiang, avait affirmé que l’arrestation de l’auteur de la fable, Nurmuhemmet Yasin, était nécessaire pour la stabilité de la région.
Par ailleurs, le 26 juillet 2002, Abdulghani Memetemin, auteur, enseignant et traducteur originaire de la région autonome du Xinjiang, a été arrêté après avoir fourni des informations à l’East Turkestan Information Centre (ETIC), un groupe de défense des droits de la communauté ouïghour et favorable à l’indépendance de la région, dirigé par des exilés en Allemagne. Abdulghani Memetemin a été reconnu coupable en juin 2003 "d’avoir transmis illégalement des secrets d’Etat à des organisations étrangères" et condamné à neuf ans de prison.
Reporters sans frontières demande aux autorités chinoises de libérer ces individus, condamnés injustement pour s’être exprimés publiquement.
RSF 10.09.2008