Majdi Dayyat, président du Centre a témoigné durant le colloque “Jésus notre contemporain”, qui s’est déroulé à Rome du 9 au 11 février 2012, sous l’égide de la Conférence épiscopale italienne.
Le Centre est né à l’initiative du patriarcat latin de Jérusalem. Il a pour but de soutenir les personnes handicapées et leurs familles, musulmanes et chrétiennes. Il a été inauguré en 2002 avec le soutien de la reine Rania de Jordanie.
Pour Majdi Dayyat, les religions chrétienne et musulmane quoique très différentes, partagent cependant un « terrain commun » : elles « croient en un Dieu, qui est la source de la dignité des êtres humains, et qui est miséricordieux ». En se retrouvant dans ces principes, chrétiens et musulmans peuvent donc coopérer, dit-il.
Au service des personnes handicapées
Le Centre « a des membres chrétiens et musulmans répartis en comités dans tous les gouvernorats de la Jordanie », explique son président. Leur rôle est de « sensibiliser le peuple au problème crucial des personnes handicapées », à leur « droit à une vie digne », à la « nécessité de les respecter et de les accepter, ainsi que de leur garantir les services dont ils ont besoin ».
Grâce au travail du Centre, ajoute Majdi Dayyat, le soutien aux personnes handicapées a évolué d’une « simple assistance charitable », au « droit » des personnes à être accueillies, sans faire appel à la tristesse et à la pitié.
Les membres du Centre ne les traitent pas, ajoute-t-il, comme le ferait « un médecin ou un avocat », mais comme « partie intégrante de l’équipe » : « Nous ne donnons pas d’argent, précise-t-il, nous offrons des services entièrement gratuits. »
Il s’agit de « prendre soin des personnes invalides comme êtres humains » et d’« être proches de ces personnes, sans aucune discrimination », et l’objectif est que « le monde voie la beauté du don et de l’amour ».
Faire tomber les préjugés
Les comités mixtes offrent l’occasion « aux musulmans de découvrir la vérité sur les chrétiens », mais aussi « aux chrétiens de découvrir le prochain dans les musulmans », affirme Majdi Dayyat. Les comités ont « travaillé intensément » pour s’accepter les uns les autres, « sans préjugés et idées préconçues ».
Les débuts des comités ont été « difficiles », avec des défis spécifiques à chaque religion, reconnaît le président du Centre : la communauté chrétienne est « trop fermée sur elle-même ». Et les musulmans « craignent de se confronter aux projets de l’Eglise », par peur d’une « menace pour l’islam ».
Aujourd’hui pourtant, « les chrétiens ont abandonné leur petite pratique isolée », pour « s’ouvrir » à cette cause commune avec les musulmans, exprimant « courageusement » leur foi, se réjouit le président, tandis que les musulmans « expriment également leur foi » à travers le service, « à leur façon ».
Les membres des comités soulignent l’importance de ne faire aucune allusion à la religion, parce qu’il s’agit d’une « cause humanitaire qui ne connaît pas de différences entre chrétiens et musulmans ». Mais le Centre Notre-Dame de la paix, confirme toujours le principe religieux de cette cause, « qui se traduit dans l’esprit d’amour de la Bible ».
Prier ensemble
« Durant la première réunion du comité, rapporte le président du Centre, l’évêque (Mgr Salim Sayegh, vicaire patriarcal, fondateur du Centre, ndlr) nous a demandé à tous de prier ! Chrétiens et musulmans ! ». Et en effet, les musulmans ont prié « Al-Fātiha » – la première sourate du Coran – et les chrétiens le « Notre Père », « chacun en silence », côte-à-côte. A la fin de la rencontre, a-t-il poursuivi, « un des jeunes chefs musulmans s’est approché de l’évêque et lui a confié : “Je suis heureux de voir que le mur de verre qui est entre nous a commencé à fondre.” »
A Zarqa, fait-il observer, les craintes étaient « fortes », à cause de la présence de quelques mouvements islamistes plus extrémistes; en outre « quelques membres chrétiens refusaient de permettre aux musulmans d’adhérer au comité ». Avec le temps, et de la persévérance, la première réunion du comité a finalement eu lieu, et l’évêque a à nouveau demandé de « prier en silence, chacun à sa manière ». Au terme de la prière, se souvient le président, « un journaliste musulman a chuchoté à l’évêque : “Merci de nous avoir fait prier”. »
Les comités du Centre Notre-Dame de la paix sont présents à Amman, la capitale, à Aqaba, à Madaba, à Zarqa, Mafraq, Ajlun et Irbid.
Anne Kurian
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