Reporters sans frontières demande un renforcement du dispositif de sécurité gouvernemental dont bénéficie Pedro Cárdenas, directeur de la revue La Verdad, après l’attaque dont il a été victime, le 14 juin 2008 à Bogotá. Deux individus ont frappé et menacé le journaliste d’une arme dans le but d’empêcher la diffusion de sa publication dans le département de Tolima (ouest de Bogotá). Pedro Cárdenas a déjà subi des tentatives d’intimidation.
“Il est à craindre que Pedro Cárdenas ne soit dans le collimateur de certains paramilitaires, depuis que La Verdad a mis en cause quatre personnes – arrêtées au début du mois de juin – pour leurs liens avec ces groupes armés. Ce n’est, en tout cas, pas la première fois que le journaliste se trouve gravement menacé au moment de la parution de sa revue. Il est impératif de renforcer les mesures de protection que le gouvernement lui octroie, et que les autorités se portent également garantes de la poursuite de la diffusion de La Verdad”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 14 juin, alors qu’il circulait dans la capitale, Pedro Cárdenas a été abordé par deux individus à bord d’une moto blanche. L’un d’eux a asséné plusieurs coups au journaliste, lui causant des hématomes à la tête et au corps, avant de l’avertir, revolver au poing, que la revue La Verdad ne devait pas paraître dans le département de Tolima. Le journaliste s’est rendu au Centre d’attention immédiate (CAI) de la police, dont le commandant à fait rechercher, en vain, la moto blanche. Le 16 juin, Pedro Cárdenas a porté plainte.
Le journaliste a expliqué à Reporters sans frontières que les risques pesant sur lui avaient augmenté depuis l’arrestation, au début du mois de juin, de quatre personnes soupçonnées de liens avec les paramilitaires dont La Verdad avait révélé les noms. Dans sa dernière édition, la revue s’interrogeait même sur l’efficacité des enquêteurs chargés du dossier. La Verdad a publié jusqu’à présent douze numéros, contenant notamment des enquêtes de Pedro Cárdenas sur des affaires de traite des blanches et d’expropriation d’habitants du département de Tolima par des anciens membres des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), ainsi que sur les connexions entre le groupe armé et certains fonctionnaires locaux.
Le 15 avril dernier, Pedro Cárdenas avait dénoncé auprès du ministère public un appel anonyme le menaçant de mort au moment d’une parution de sa revue. Le 29 mai, il a fait état des défaillances d’ordre technique du dispositif de protection gouvernemental dont il bénéficie.
RSF 18.06.2008