Un correspondant en Colombie de Radio France Internationale (RFI) a été accusé mardi par le ministre de la Défense d'"affinités" avec les Farc pour avoir interviewé des otages de la guérilla marxiste sur le point d'être libérés.
"Oui, je dis qu'il a des affinités" avec la guérilla des Farc, a déclaré mardi à la radio colombienne W le ministre de la Défense Juan-Manuel Santos, au lendemain d'un incident au cours duquel Hollman Morris dit avoir été longuement interrogé par l'armée.
"J'ai techniquement été retenu pendant plusieurs heures" au lendemain de la libération des otages, a-t-il déclaré mardi à l'AFP.
La veille, la Fondation colombienne pour la liberté de la presse (Flip) avait tiré la sonnette d'alarme, affirmant qu'il avait été "harcelé" par des militaires qui exigeaient de lui la remise de ses enregistrements vidéo.
Hollman Morris, 40 ans, également directeur d'une émission de télévision consacrée aux droits de l'Homme, "Contravia", se trouvait dimanche sur les lieux de la libération de trois policiers et d'un soldat détenus par les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) depuis 2007.
Dans un entretien avec la même radio, il a expliqué qu'on lui avait effectivement proposé d'interviewer les otages et qu'il avait décidé de ne pas diffuser le contenu de l'entretien car ces derniers n'étaient pas libres de leurs propos.
Les quatre ex-otages ont pour leur part écrit à RFI pour demander à la radio de ne pas diffuser leurs propos.
La guérilla "nous a menacé de ne pas nous remettre en liberté et même de nous assassiner si nous ne répondions pas aux questions comme elle le souhaitait", lit-on dans cette lettre transmise aussi à l'AFP.
Dans une deuxième lettre à la Comission inter-américaine des droits de l'Homme, les ex-otages demandent également que leur droit "à la dignité" soit assuré.
"J'ai fait deux correspondances pour RFI et à aucun moment je n'ai utilisé leurs propos. Pour moi, ils n'avaient aucune valeur journalistique", avait expliqué plus tôt Hollman Morris, un journaliste primé notamment pour son travail par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch.
Le Monde.fr 04.02.2009