Reporters sans frontières est très préoccupée par les menaces dirigées contre la rédaction de la radio communautaire Sarare Estéreo, basée dans la localité de Saravena (département d’Arauca, Nord-Est).
Le 28 mai 2008, l’entrée du siège de la station a été peinte avec les lettres AUC, sigle du groupe paramilitaire Autodéfenses unies de Colombie. Cet incident est venu s’ajouter aux intimidations dont l’équipe de la station est victime depuis le 8 mai dernier.
“Une enquête doit déterminer au plus vite si ces menaces contre la station Sarare Estéreo émanent des paramilitaires. Sans attendre, le média et son personnel doivent bénéficier d’une protection. En dépit du plan de démobilisation, le paramilitarisme n’a pas désarmé. Il conserve des connexions dans certains rangs, parfois haut placés, de la classe politique et continue de représenter un sérieux danger pour les médias. La presse de province demeure la plus exposée. Une évaluation précise des risques doit être menée et des mesures de sécurité doivent être prises par les autorités, en lien avec les organisations professionnelles et de défense des droits de l’homme”, a déclaré Reporters sans frontières qui se tient prête à contribuer à ce travail.
Dans la matinée du 28 mai, les employés de Sarare Estéreo ont retrouvé l’entrée des locaux de la station siglée des lettres AUC, abréviation d’Autodéfenses unies de Colombie, le principal groupe paramilitaire du pays, officiellement démobilisé depuis juin 2006. Ella Patricia Ardila, directrice du média communautaire, a confié à Reporters sans frontières que, depuis le début du mois de mai, l’ensemble du personnel de la radio a reçu des messages d’intimidation signés des Autodéfenses d’Arauca, les sommant de “ne pas se mêler de sujets qui ne le concernaient pas.”
Sarare Estéreo consacre la quasi-totalité de sa programmation à la musique. La seule émission d’informations, diffusée quotidiennement de six à sept heures du matin, avait annoncé, au cours du mois de mai, la capture du narcotrafiquant Pablo Arauca, accusé de constituer des groupes paramilitaires dans le département d’Arauca. Cependant, pour Ella Patricia Ardila, l’arrestation avait été largement couverte par les médias nationaux et ne saurait constituer une raison suffisante pour expliquer les intimidations envers Sarare Estéreo. Cette thèse est soutenue par certaines sources locales, pour qui des délinquants ordinaires utilisent la “marque de fabrique” des AUC, afin d’instaurer un climat d’insécurité.
RSF 03.06.2008