Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève, est intervenu au cours de la 21e Session du Conseil des droits de l’homme, sur la Déclaration et le programme d’action de Vienne (1993), le 24 septembre 2012.
La Déclaration de Vienne a demandé aux Etats « une priorité particulière pour réduire les taux de mortalité infantile et maternelle »
Si l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), indique que la mortalité maternelle a « diminué de manière significative entre 1990 et 2010 », toutefois un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l'homme souligne que « 287.000 femmes sont mortes en raison de problèmes de santé maternelle » et « entre 10 et 15 millions de mères ont souffert de maladies invalidantes en 2010 ».
Les droits humains des femmes
Le Saint-Siège exprime ses « préoccupations » devant ce rapport du Haut-Commissariat : Mgr Tomasi dénonce notamment des « termes ambigus », qui soutiennent que « la mortalité maternelle est une conséquence de la discrimination contre les femmes, et du déni de leurs droits humain, y compris de leurs droits à la santé sexuelle et reproductive ».
Dénonçant dans le texte des « références fréquentes » aux « droits à la santé sexuelle et reproductive », le Saint-Siège souligne que « cette attention totalement déséquilibrée » ne parvient pas à « s'attaquer aux causes sous-jacentes complexes et responsables de la mortalité maternelle d'une manière intégrée et complète et d'une manière qui respecte la dignité de tous les membres de la famille ».
En effet, rappelle l’archevêque, l’OMS donne pour causes majeures de mortalité maternelle les « hémorragies et infections après l'accouchement, l'hypertension artérielle pendant la grossesse ». En ignorant ces « problèmes de santé importants », le rapport donne une « vision biaisée » des causes de cette « urgence de santé pour les mères et les enfants », estime-t-il.
L’OMS rapporte aussi des « faiblesses dans les infrastructures de santé, des environnements médicaux insalubre, le manque de services médicaux d'urgence, y compris d’antibiotiques et de gants chirurgicaux ». Par conséquent, un grand nombre de décès maternels sont « évitables avec des soins de santé de base, une nutrition adéquate et des soins obstétricaux compétents pendant la grossesse, l'accouchement et la période du post-partum », fait observer Mgr Tomasi.
Sauver la vie des mères et des enfants
Le rapport voit « la gestion des grossesses non désirées, l'accès aux services d'avortement sans risque » comme un « élément majeur » pour assurer la santé de la maternité, et il promeut l'accès à la « contraception d'urgence » et à l’« avortement médicalisé », constate l’archevêque.
Le Saint-Siège exprime donc sa « vive inquiétude » car ce rapport semble donner à l'avortement « la priorité sur des interventions urgentes visant à sauver la vie des mères et des enfants », dénonce Mgr Tomasi.
Réaffirmant que « la vie humaine commence au moment de la conception » et qu’elle doit être « défendue et protégée », le Saint-Siège plaide au contraire pour « des soins prénataux appropriés, la détection de la violence domestique, la gestion des ruptures prématurées des membranes, la gestion des grossesses prolongées, la prévention et la gestion des hémorragies post-partum, des césariennes et des soins post-partum ».
En outre, le Saint-Siège « ne considère pas l'avortement comme une dimension de la santé reproductive », pas plus qu'il n’approuve « toute forme de législation qui accorde une reconnaissance juridique à l'avortement », qui est « l'antithèse même des droits de l’homme ».
A ce titre, Mgr Tomasi réfute l’affirmation selon laquelle « le manque d’avortement «légal» » serait une « cause de mortalité maternelle ». Pour l’archevêque, elle est « sans fondement » et l’on trouve sa preuve contraire dans un rapport de l’OMS de 2010 : en 2008, trois pays – Guyane, Éthiopie et Népal – qui ont légalisé l’avortement, ont eu un nombre « significativement plus élevé de décès maternels pour 100.000 naissances », que trois autres pays de leurs régions respectives – Chili, île Maurice et Sri Lanka – qui ne permettaient pas l'avortement.
Le rôle des parents
En outre, alors que le rapport recommande « un meilleur accès des adolescents à l'éducation complète à la sexualité, à l’information sur la santé sexuelle, y compris la planification familiale », le Saint-Siège déplore que le « rôle des parents » ne soit pas reconnu.
Il souligne leur rôle dans « l'éducation de leurs enfants à l'amour humain authentique comme don de soi » dans la « communion et l'amitié avec Dieu et avec les autres » à travers l'exercice d'une « liberté authentique et le respect de son propre corps et celui des autres ».
En ce sens, les parents doivent témoigner que « le don de soi d'un homme et d'une femme s'exprime à travers le corps, dans la complémentarité et la totalité du don de soi, et qu’un tel don appartient à l’amour conjugal, et à cet amour seul ».
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