À l'initiative des éditions « L'Orient-Le Jour », une conférence-débat ayant pour thème « Le pluralisme culturel : espace d'échanges ou de conflits ? » a été organisée mardi soir au BIEL, dans le cadre du Salon du livre francophone, avec comme intervenants l'ancien député Samir Frangié, Michel Hajji Georgiou et Bahjat Rizk, et comme modératrice Nayla de Freige. Bahjat Rizk a souligné dans son intervention que « le pluralisme est au cœur de la problématique libanaise
Salle archicomble et affluence record – un précédent, semble-t-il, dans le cadre du Salon du livre francophone – mardi soir à la salle Schéhadé du BIEL pour la conférence-débat sur le pluralisme culturel donnée par l'ancien député Samir Frangié, notre collègue Michel Hajji Georgiou et Bahjat Edmond Rizk, à l'initiative des éditions L'Orient-Le Jour. Cette causerie à trois voix, avec pour modératrice Mme Nayla de Freige, avait pour thème général « Le pluralisme culturel : espace d'échanges ou de conflits ? » et avait pour point de départ l'ouvrage de Bahjat Rizk Les paramètres d'Hérodote, ou les identités culturelles collectives, publié aux éditions L'Orient-Le Jour.
Avant de présenter l'auteur du livre, qui occupe actuellement le poste d'attaché culturel auprès de la délégation libanaise à l'Unesco, Mme Nayla de Freige a notamment souligné que « le dialogue des cultures et le choc des civilisations constituent les deux faces de la mondialisation ». « On y voit, a-t-elle relevé, deux tendances : l'une qui va vers le complexe de persécution, la crainte de l'autre et la seconde vers le développement d'un humanisme pacifié et mature. » « Le Liban est un vrai champ expérimental pour cette problématique », a ajouté Mme de Freige, qui a précisé que les quatre paramètres d'Hérodote – la religion, la langue, les mœurs et la race – qui constituent des supports d'identité seront au cœur des trois interventions et du débat.
Bahjat Rizk a entamé son intervention en soulignant que la question du pluralisme culturel se pose désormais à une échelle mondiale et non plus au niveau d'une seule société ou d'un pays. Il a cité à cet égard certains documents-clés qui abordent la question, dont notamment le rapport mondial de l'Unesco sur la diversité culturelle, le pluralisme et les conflits, ainsi que le livre de Huntington sur le choc des civilisations. Évoquant le cas spécifique du Liban, il a affirmé que le pluralisme est au cœur de la problématique libanaise, comme l'ont illustré d'ailleurs en diverses occasions certains acteurs de la scène internationale, tels que le pape Jean-Paul II lorsqu'il a qualifié en 1997 le Liban de « pays-message » ou l'ancien président iranien Mohammad Khatami qui a identifié le Liban, en 2008, comme le pays du dialogue des cultures.
Après avoir expliqué qu'il avait axé son dernier ouvrage sur Hérodote, considéré comme le père de l'histoire mondiale et occidentale et qui a vu le premier choc des civilisations dans l'histoire de l'humanité entre Grecs et Perses, Bahjat Rizk a relevé que la plupart des conflits qui surgissent aujourd'hui au sein des États-nations ont une composante culturelle, comme ce fut le cas, entre autres, avec la guerre ethnique du Kosovo, et au Nigeria, en Indonésie ou en Équateur. Et de relever dans ce cadre que « les frictions engendrées par la perception des différences culturelles entre nationaux et migrants ont également fait l'actualité récente de pays industrialisés comme de nombreux pays en développement, créant un nouvel espace politique, notamment par la revendication de formes culturelles de patrimoine et d'identité ». M. Rizk a mis en évidence dans ce cadre les quatre paramètres d'Hérodote et leur importance comme supports d'identité culturelle, relevant au passage que l'on retrouve l'essence de ces paramètres dans l'acte constitutif de l'Unesco.
Après avoir émis l'espoir que l'on parviendra un jour, à l'échelle mondiale, à une « identité humaine », M. Rizk a souligné que dans l'attente de nombreux problèmes se posent dans la réalité, ce qui implique qu'il faudrait « comprendre les mécanismes d'identification culturelle qui deviennent de plus en plus des mécanismes de violence, car les idéologies qui étaient sociales il y a 20 ans sont devenues aujourd'hui identitaires » (…). « La culture part de l'affectif et aboutit au politique », a ajouté en outre M. Rizk, relevant que « chaque conflit s'articule autour d'un paramètre ». « Dans tous les cas de figure (au niveau des situations conflictuelles dans le monde), on retrouve les paramètres qui opèrent comme des vases communicants », a-t-il déclaré, avant d'affirmer qu'une société pluraliste n'est vivable qu'à deux conditions : avoir la volonté de vivre ensemble ; et considérer que la diversité est une source de richesse.
Revenant au cas libanais, M. Rizk a souligné qu'il faudrait dépasser la notion du « Liban laboratoire », « rationaliser le discours identitaire » et « engager une réflexion structurelle qui doit précéder le débat politique ». « Il faudrait régler la question de l'identité avant de régler le problème de son aménagement dans un système politique adéquat, sinon le système politique devient rapidement un cadre de dysfonctionnement », a-t-il poursuivi. En conclusion, M. Rizk a préconisé la formation d'une commission ad hoc sur l'identité libanaise, soulignant la nécessité, à cet égard, d'« établir un lien entre intellectuels et politiques ». « D'où l'importance de la présence à mes côtés, comme intervenants, d'un journaliste et d'un politique, qui ont cette double qualité », a-t-il souligné (voir par ailleurs les interventions de Samir Frangié et Michel Hajji Georgiou).
Avant de présenter l'auteur du livre, qui occupe actuellement le poste d'attaché culturel auprès de la délégation libanaise à l'Unesco, Mme Nayla de Freige a notamment souligné que « le dialogue des cultures et le choc des civilisations constituent les deux faces de la mondialisation ». « On y voit, a-t-elle relevé, deux tendances : l'une qui va vers le complexe de persécution, la crainte de l'autre et la seconde vers le développement d'un humanisme pacifié et mature. » « Le Liban est un vrai champ expérimental pour cette problématique », a ajouté Mme de Freige, qui a précisé que les quatre paramètres d'Hérodote – la religion, la langue, les mœurs et la race – qui constituent des supports d'identité seront au cœur des trois interventions et du débat.
Bahjat Rizk a entamé son intervention en soulignant que la question du pluralisme culturel se pose désormais à une échelle mondiale et non plus au niveau d'une seule société ou d'un pays. Il a cité à cet égard certains documents-clés qui abordent la question, dont notamment le rapport mondial de l'Unesco sur la diversité culturelle, le pluralisme et les conflits, ainsi que le livre de Huntington sur le choc des civilisations. Évoquant le cas spécifique du Liban, il a affirmé que le pluralisme est au cœur de la problématique libanaise, comme l'ont illustré d'ailleurs en diverses occasions certains acteurs de la scène internationale, tels que le pape Jean-Paul II lorsqu'il a qualifié en 1997 le Liban de « pays-message » ou l'ancien président iranien Mohammad Khatami qui a identifié le Liban, en 2008, comme le pays du dialogue des cultures.
Après avoir expliqué qu'il avait axé son dernier ouvrage sur Hérodote, considéré comme le père de l'histoire mondiale et occidentale et qui a vu le premier choc des civilisations dans l'histoire de l'humanité entre Grecs et Perses, Bahjat Rizk a relevé que la plupart des conflits qui surgissent aujourd'hui au sein des États-nations ont une composante culturelle, comme ce fut le cas, entre autres, avec la guerre ethnique du Kosovo, et au Nigeria, en Indonésie ou en Équateur. Et de relever dans ce cadre que « les frictions engendrées par la perception des différences culturelles entre nationaux et migrants ont également fait l'actualité récente de pays industrialisés comme de nombreux pays en développement, créant un nouvel espace politique, notamment par la revendication de formes culturelles de patrimoine et d'identité ». M. Rizk a mis en évidence dans ce cadre les quatre paramètres d'Hérodote et leur importance comme supports d'identité culturelle, relevant au passage que l'on retrouve l'essence de ces paramètres dans l'acte constitutif de l'Unesco.
Après avoir émis l'espoir que l'on parviendra un jour, à l'échelle mondiale, à une « identité humaine », M. Rizk a souligné que dans l'attente de nombreux problèmes se posent dans la réalité, ce qui implique qu'il faudrait « comprendre les mécanismes d'identification culturelle qui deviennent de plus en plus des mécanismes de violence, car les idéologies qui étaient sociales il y a 20 ans sont devenues aujourd'hui identitaires » (…). « La culture part de l'affectif et aboutit au politique », a ajouté en outre M. Rizk, relevant que « chaque conflit s'articule autour d'un paramètre ». « Dans tous les cas de figure (au niveau des situations conflictuelles dans le monde), on retrouve les paramètres qui opèrent comme des vases communicants », a-t-il déclaré, avant d'affirmer qu'une société pluraliste n'est vivable qu'à deux conditions : avoir la volonté de vivre ensemble ; et considérer que la diversité est une source de richesse.
Revenant au cas libanais, M. Rizk a souligné qu'il faudrait dépasser la notion du « Liban laboratoire », « rationaliser le discours identitaire » et « engager une réflexion structurelle qui doit précéder le débat politique ». « Il faudrait régler la question de l'identité avant de régler le problème de son aménagement dans un système politique adéquat, sinon le système politique devient rapidement un cadre de dysfonctionnement », a-t-il poursuivi. En conclusion, M. Rizk a préconisé la formation d'une commission ad hoc sur l'identité libanaise, soulignant la nécessité, à cet égard, d'« établir un lien entre intellectuels et politiques ». « D'où l'importance de la présence à mes côtés, comme intervenants, d'un journaliste et d'un politique, qui ont cette double qualité », a-t-il souligné (voir par ailleurs les interventions de Samir Frangié et Michel Hajji Georgiou).