Benoît XVI a lancé, dimanche, à l'angélus, un appel en faveur des populations du Nord Kivu (cf. Zenit du 12 octobre 2008). Et l'agence vaticane Fides publie ce témoignage d'un missionnaire dans cette région se demandant pourquoi l'opinion publique reste muette alors qu'il y a dans cette région « plus d'un million de réfugiés ».
« Je ne pense pas qu'il y aura une guerre de grande portée dans les deux Kivu. J'ai l'impression qu'elle se limite à conquérir quelques points stratégiques du Nord Kivu. Cela aussi parce que la MONUC (Mission des Nations unies au Congo) et la communauté internationale ont le devoir d'intervenir pour arrêter Nkunda et ses soutiens, autrement ils perdraient leur crédibilité. N'oublions pas, en effet, les engagements pris par l'ONU pour garantir le retour de la paix au Congo », affirme à Fides une source (anonyme par mesure de sécurité) de Bukavu, chef lieu du sud Kivu, une des deux régions de l'est de la République démocratique du Congo qui vit depuis des années en alternance des périodes de guerre et des périodes de paix, par la présence de groupes armés qui menacent la stabilité régionale.
Fides précise que les forces de Laurent Nkunda, dirigeant du Congrès national pour la défense du peuple, sont de nouveau à l'attaque et auraient conquis le camp militaire de Rumangabo, à 50 km de Goma, le chef lieu du Nord Kivu. Le gouvernement de Kinshasa a accusé le Rwanda d'avoir envoyé ses troupes en support de celle de Nkunda, mais Kigali a nié les circonstances. En tous cas, la tension s'est accrue entre les deux pays. Le président congolais Jospeh Kabila a adressé un appel à la nation afin qu'elle soutienne son armée « pour conserver la paix, l'unité et l'intégrité du pays ». Le chef d'Etat a rappelé que les accords de Goma (cf. Fides 24/1/2008), signés en janvier dernier par toutes les parties impliquées dans le conflit est-congolais (y compris Nkunda) sont la voie unique à parcourir pour ramener la paix dans la région.
« Grâce aux accords de Goma, il y a des engagements qui engagent la communauté internationale, je pense donc qu'il y a des limites à l'action de Nkunda et de ses alliés », affirme la source de Fides.
« D'autre part il est vrai qu'il y a 1,2 million de réfugiés contraints de vivre dans des camps de fortune dans le Nord Kivu, le même nombre que les réfugiés du Darfour. Mais contrairement à la région soudanaise, les réfugiés congolais ne semblent pas ébranler les consciences et n'ont aucune visibilité sur les media internationaux. Ma peur, c'est que la crise financière internationale et les actes terroristes qui continuent à blesser différentes régions du monde, fassent que le Congo, comme d'habitude, reste en dehors des écrans de la grande information, laissant la main libre à ceux qui cherchent depuis longtemps à s'emparer illégalement de ses immenses richesses. Nous ne nous fatiguerons jamais de répéter que la rébellion de Nkunda porte le masque de la défense de l'ethnie banyamulenge, menacée par la police du gouvernement congolais. En réalité, ‘l'affrontement ethnique' est un montage pour justifier une guerre dont le seul but est celui de saccager le sous-sol du Kivu », conclut la source de Fides.
ROME, Lundi 13 octobre 2008 (ZENIT.org)