Il faut « promouvoir la transmission orale des passages de la Bible », demande soeur Euphrasie Beya, présidente de l'Union des Supérieures majeures (U.SU.MA.), en République démocratique du Congo, qui a en quelque sorte donné la parole aux mamans africaines lors de son intervention au synode des évêques ce mardi matin.
Soeur Euphrasie Beya a centré son intervention sur le n° 51 de l'Instrumentum Laboris, concernant sur « le devoir des laïcs » : « Devenus membre de l'Église par le baptême et ayant reçu la fonction sacerdotale prophétique et royale du Christ, les fidèles laïcs partagent la mission salvifique que le Père a confiée à son Fils pour le salut de tous les hommes LG 34-36 ….Ils sont au surplus appelés à faire briller la nouveauté et la force de l'Évangile dans leur vie quotidienne, familiale et sociale ».
« Je pense, disait la religieuse, au rôle que jouent les femmes en Afrique dans l'annonce de la Parole de Dieu, les mamans catéchistes, les lectrices, les éducatrices, les enseignantes ».
Et de préciser : « Je pense particulièrement à l'action de la mère dans l'initiation des enfants aux Saintes Écritures dans la famille. C'est elle qui vit plus avec l'enfant, elle sait comment, éveiller son écoute pour la Parole de Dieu et l'aider à entrer en relation personnelle avec Dieu. C'est la mère qui souvent communique à l'enfant les valeurs chrétiennes telles que le sens du pardon, le partage, … »
C'est pourquoi, elle soulignait notamment que « pour les femmes qui ne savent ni lire ni écrire, il est important de promouvoir la transmission orale des passages de la Bible car, étant de tradition orale, elles ont une grande capacité de mémorisation et d'intériorisation ».
Elle souhaitait aussi « organiser des formations bibliques adaptées à leur niveau », à l'aide des mass médias.
Elle souhaitait justement une formation biblique pour que la femme d'Afrique puisse « mieux remplir cette mission éducatrice ».
« Cette formation biblique est nécessaire même pour nos mamans simples des villages qui sont souvent victimes des manipulations des sectes », a souligné la religieuse.
La femme africaine, précisait Sœur Euphrasie, « est à la recherche de l'intelligence de sa foi : connaître non seulement les valeurs traditionnelles de la culture mais aussi l'enracinement de la foi dans la tradition de l'Église universelle pour que « se fortifie en elle l'homme intérieur » (Ep 3,16) dans l'amour du Christ, et que par sa vie et ses paroles elle puisse « rendre compte de l'espérance qui l'habite » 1 P 3 ».
Sœur Euphrasie a insisté sur l'importance de la formation biblique des femmes africaines pour qu'elles puissent « mieux pénétrer les Écritures » car, disait-elle, « la connaissance est source d'Amour, don de l'Esprit-Saint qui conduit au don de notre être à Dieu dans la charité ».
« Tel est l'exemple de la Bienheureuse Anuarite, une religieuse qui est morte martyre » pour avoir voulu vivre de façon « radicale » les conseils évangéliques, a conclu sœur Euphrasie.
Rappelons que la bienheureuse Anuarite Nengapeta, Vierge et martyre (1939-1964) est justement originaire de République démocratique du Congo : elle est née en 1941 à Wamba (Zaïre).
Et toute son existence s'est déroulée entre Wamba et Bafwabaka, dans le Haut-Zaïre. Enfant, Alphonsine-Anuarite a reçu le baptême en même temps que sa mère. Voulant consacrer sa vie au Seigneur, elle entre dans la communauté des sœurs de la Sainte-Famille, vouées à l'éducation. Elle fait sa profession religieuse sous le nom de Sœur Marie-Clémentine. Souvent, on la voit plongée dans la prière près de l'image de la Vierge Marie, ou attentive à dire le chapelet avec ses sœurs ou les enfants.
Lors de la révolte des Simbas contre le gouvernement, des rebelles se saisirent d'elle et d'autres sœurs. Leur chef, qui voulait abuser d'elle, était exaspéré par sa résistance, et la fit tuer par ses soldats. « Je vous pardonne, dit-elle, car vous ne savez pas ce que vous faites ». Son assassin était présent dans la foule le jour de sa béatification à Kinshasa le 15 août 1985. Dans son homélie, Jean-Paul II s'est alors associé au nom de l'Eglise au pardon accordé par Anuarite.
Elle avait médité l'exemple des vierges martyres et avait été impressionnée par celui de Maria Goretti et celui des martyrs de l'Ouganda. Au soir de sa mort, elle disait encore : « J'ai renouvelé mes vœux, je suis prête à mourir ».
ROME, Mardi 21 octobre 2008 (ZENIT.org)