Le prochain “consistoire ordinaire public” pour la création de 22 cardinaux convoqué par Benoît XVI le 18 février prochain sera donc « nouveau » (cf. Zenit du 8 janvier 2012). Le rituel jusqu’ici en vigueur est “revu et simplifié”, avec l’approbation du pape Benoît XVI.
Dans le nouveau rituel, la modification principale a consisté à « unifier les trois moments de l’imposition de la barrette, de la remise de l’anneau cardinalice et de la remise du “titre” ou de la “diaconie” », c’est-à-dire du document indiquant quelle église le pape attribue à chaque nouveau cardinal – habituellement une église de Rome (selon les deux catégories anciennes, « titulus » ou « diaconia »), ce qui rappelle le lien entre le collège cardinalice et le presbyterium du diocèse du pape. Auparavant, l’anneau était remis lors de la messe du lendemain du consistoire.
Ce qui change ensuite, ce sont l’oraison appelée “collecte” et l’oraison finale. La « collecte » est le nom donné habituellement à la première des trois oraisons de la messe: elle « collecte » et réunit les demandes des fidèles dans une seule prière.
Troisième modification: la proclamation de la Parole de Dieu assume une “forme plus brève”.
La “Note” précise que “la réforme liturgique lancée par le concile Vatican II a concerné aussi les rites des consistoires pour l’imposition de la « barrette » et pour l’assignation du titre des nouveaux cardinaux, et que le texte renouvelé de la célébration a été publié dans la revue “Notitiae”, de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements (5, 1969, pp. 289-291) : il a été utilisé pour la première fois par Paul VI en avril 1969.
Critère de la réforme
Le “principal critère” qui a guidé la rédaction du nouveau rituel a été “l’insertion dans un cadre liturgique de ce qui, en soi, n’en faisait pas partie au sens propre: la création de nouveaux cardinaux devait être intégrée dans un conteste de prière, mais en évitant en même temps tout élément qui aurait pu donner l’idée d’un “sacrement du cardinalat”.
« En effet, le consistoire n’était pas, historiquement, considéré comme un acte liturgique, mais comme une réunion du pape avec les cardinaux en relation avec le gouvernement de l’Eglise, et par conséquent, comme l’expression du « munus regendi », et non du « munus sanctificandi », la charge de sanctification.
La révision et la simplification du rituel en vigueur a donc tenu compte des « aspects de l’histoire passée et récente, en continuité avec la forme actuelle du consistoire et de ses principaux éléments », précise le document.
La collecte et l’oraison finale
Du rite de 1969 on a repris la “collecte” et l’oraison conclusive, pour leur « richesse » de contenu et parce qu’elles proviennent de la « grande tradition euchologique romaine », c’est-à-dire de la tradition de la science des prières et des lois qui gouvernent leur formulation (du grec « euchê », prière et « logos », discours).
« Les deux prières, explique la « Note », parlent en effet explicitement des pouvoirs » confiés par le Christ à l’Eglise, « en particulier celui de Pierre : le Pontife prie aussi de façon directe pour lui-même, pour bien accomplir sa charge ».
La collecte vient du texte conservé en Italie du Nord, à Vérone (“Veronense”), du “Sacramentaire Léonien”, (Sacramentarium Leonianum), qui est “l’une des sources plus anciennes de l’euchologie romaine » : on le date habituellement des VIe-VIIe s., et on l’avait attribué de façon erronée à saint Léon Ier (440-461), d’où son nom de “Léonien”. Il s’agit de « la collecte pour l’anniversaire de l’ordination épiscopale de l’évêque de Rome ».
L’oraison conclusive de 1969 a également été choisie dans le “Veronense”, mais il s’agit d’une “autre collecte pour l’anniversaire de l’ordination épiscopale de l’évêque de Rome ».
La proclamation de la Parole de Dieu
La proclamation de la Parole de Dieu revêt une forme plus brève qui correspond justement à celle de 1969, avec un seul passage de l’Evangile (Marc 10, 32-45), qui reste le même : il a été lu par exemple lors du consistoire du 20 novembre 2010. Il s’agit de la demande des Fils de Zébédée, Jean et Jacques, de « siéger à la droite et à la gauche » du Christ dans sa gloire. Le Christ précise : « Qui voudra être le premier parmi vous se fera votre serviteur ».
Rappelons que ces dernières années, l’ordre des éléments du consistoire était, après la partie introductive : trois lectures bibliques (Epître, psaume, Evangile), la profession de foi des cardinaux et leur serment de fidélité, la remise de la barrette et du « titre », suivis de la prière universelle, du Notre Père et de l’oraison, de la bénédiction etc.
Remise de l’anneau cardinalice
Enfin, la remise de l’anneau cardinalice a lieu au cours du consistoire et non plus au cours de la messe du lendemain.
Avant la réforme de 1969, l’imposition du couvre-chef rouge avait lieu dans le consistoire public, suivi du consistoire « secret », au cours duquel on remettait l’anneau et l’assignation d’une église romaine, précise la « Note ».
Aujourd’hui, fait observer le document, il n’y a plus de « distinction entre consistoire public et secret », et par conséquent, « il apparaît plus cohérent d’inclure les trois moments significatifs de la création des nouveaux cardinaux dans le même rite ».
Rappelons qu’en 2010, les cardinaux ont reçu la barrette (couvre-chef rouge des cardinaux, dont le nom vient de la même racine latine que le mot « béret ») et leur « titre » ou « diaconie » lors du consistoire du 20 novembre, au cours duquel a eu lieu leur prestation de serment de fidélité. Mais l’anneau cardinalice leur a été remis au cours de la messe du lendemain, 21 novembre, autour de Benoît XVI, à Saint-Pierre.
A ce propos la « Note » conclut que l’on conserve bien « la concélébration du pape avec les nouveaux cardinaux le jour suivant ». Elle s’ouvre par un « hommage » du doyen collège des cardinaux exprimant la « gratitude » du collège tout entier.
Anita Bourdin
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