L'ouvrage en question ramène au bercail des auteurs comme Nohad Salamé, Hoda Adib, Élia Maakaroun…
Parmi les auteurs, citons également Salah Stetié, Camille Aboussouan, Georges Corm, Percy Kemp, Ramy Zein, Fifi Abou Dib, Carole Dagher, Sobhi Habchi… Journalistes, critiques littéraires, professeurs d'université, avocats, économistes, historiens, ingénieurs, artistes, reporters, pas forcément connus, mais qui méritent d'être mis en lumière, écrivent donc sur les raisons qui les mènent à écrire…
Les réponses varient également dans la forme. Entre témoignage, récit d'enfance, poème, extrait d'ouvrage, entretien, ou correspondance, les « aveux » sont parfois drôles, parfois émouvants, mais aussi surprenants de simplicité ou prodigieusement érudits. Ils sont en tout cas et pour la plupart empreints de sensibilité. L'éditeur constate qu'au nombre des intervenants, l'élément féminin est dominant. C'est peut-être pour cela.
À signaler qu'une rencontre aura lieu ce soir au Salon du livre, BIEL, à 19h00, à la salle Agora, au cours de laquelle Zahida Darwiche Jabbour, Alain Tasso, Rita Bassil et Nassar Abou Khalil confieront leurs approches respectives sur le thème de l'ouvrage. Puis, à 20h00, une signature sur le stand des Éditions de la Revue Phénicienne.
Si Yasmina Traboulsi écrit pour « en finir avec la saudades », Ramy Zein, lui, avoue « écrire pour vivre, non pas revivre, ni survivre, ni vivre autrement, mais vivre tout court ». Zahida Darwiche Jabbour parle, elle, de sa vocation d'essayiste à travers laquelle un dialogue fécond s'établit dans ses écrits en espérant réhabiliter l'essai. Dans un pays où l'intérêt pour les textes denses se raréfie, ses propos sont un appel à un retour à la vraie littérature.
Pour Rita Bassil el-Ramy, jeune poète et journaliste installée à Paris, Beyrouth, sa ville natale, appelle sa poésie. Elle relate « une réalité doublement agaçante », quand elle dit que « l'écriture est thérapeutique… on comprend donc pourquoi avoir écrit tel texte, pourquoi avoir mené cette recherche au lieu d'une autre ».
Une sensation d'infini
Pour Alain Tasso et dans un texte magistral sur l'éthique de l'écriture, la littérature n'est nullement une abréaction, mais plutôt « une sensation d'infini, une possible invasion dans la richesse d'une langue pour fonder une dynamique nouvelle » à travers l'œuvre qui nécessairement « brasille ». « Aujourd'hui, le gain direct par l'écriture du sitôt vu, sitôt perçu, la glorification de l'ego s'abouchent pour ne sceller que du risible », note-t-il. Avant de clore par un grand texte poétique sur pourquoi écrire, il ajoute tout en glorifiant la langue française « à travers laquelle on peut approcher, dans l'Écrire, d'incessantes célébrations hiératiques » qu'il est alors « inutile de cacher sa médiocrité derrière la notion de francophonie si la littérature opère une fracture avec le littéraire ».
Et le poète de conclure en beauté : « Qu'est-ce qu'un écrivain si ses textes n'appellent pas à la lévitation ou à une pérégrination dans les sentiers les plus inopinés ?… »