Reporters sans frontières demande au secrétariat général des Nations unies d’intercéder en faveur d’Ilsa Rodríguez Santana et de son époux Tomás Anael Granados Jiménez, tous deux correspondants de l’agence de presse cubaine Prensa Latina à l’Onu, privés de visa d’entrée aux États-Unis après un bref séjour de vacances à Cuba.
Le couple de journalistes, en poste à New York depuis trois ans, n’a eu droit à aucune explication de la part des autorités américaines. L’organisation dénonce l’arbitraire d’une telle décision.
“Cette mesure est à la fois vexatoire et incompréhensible. Depuis quand des journalistes accrédités auprès des Nations unies depuis trois ans représenteraient-ils subitement une ‘menace’ pour les États-Unis, si l’on en juge par la clause administrative brandie, sans plus de justification, par les autorités nord-américaines ? Le bureau du secrétaire général des Nations unies doit exiger des explications du Département d’État américain et obtenir qu’Ilsa Rodríguez et Tomás Granados soient réintégrés dans leurs fonctions”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 29 septembre 2008, Ilsa Rodríguez et Tomás Granados se sont vu refuser leur visa d’entrée aux États-Unis alors qu’ils s’apprêtaient à retourner à New York pour y reprendre leurs activités de correspondants de Prensa Latina accrédités auprès des Nations unies. Un document du Département d’État remis par la Section des intérêts nord-américains à La Havane (Sina, qui tient lieu d’ambassade) s’appuie sur une clause, dite “212 F”, selon laquelle le président des États-Unis peut refuser l’entrée sur le territoire de son pays à quiconque représenterait une “menace” pour les intérêts des États-Unis. La Sina n’a néanmoins fourni aucune explication.
Le couple de journalistes est en poste à l’Onu depuis plus de trois ans et bénéficie d’accréditations valables jusqu’en 2009. L’agence Prensa Latina, créée en 1959 après la révolution cubaine, a indiqué avoir toujours disposé d’une représentation aux Nations unies et n’avoir jamais connu pareille mesure contre certains de ses journalistes en cinquante ans d’existence. Ilsa Rodríguez et Tomás Granados ont qualifié l’épisode d’“agression non seulement envers les journalistes de Prensa Latina mais aussi contre le bon exercice du journalisme”.
RSF 30.09.2008