changement de la loi sur la fin de vie, plaidoyers pour "l'euthanasie passive". La Marche pour la Vie aura lieu le 19 janvier.
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, vient de secouer les consciences, le 10 janvier, au micro de Radio Notre Dame, soulignant les enjeux.
"Il faut que le respect de la vie devienne un enjeu aux élections européennes", estime Jean-Marie Le Méné, magistrat, président de la Fondation Jérôme Lejeune. Il tire le signal d'alarme face à "l’actualité dramatique de la culture de mort" et le manque de réactivité des décideurs.
"La Marche pour la vie du 19 janvier est l’occasion de faire passer le message que ces questions seront au cœur des prochaines échéances électorales", fait-il observer. Et il avertit: "L’avortement est le vaisseau amiral de l’euthanasie."
Un bilan des mobilisations de 2013 et les défis de 2014.
Zenit – L'Année 2013 a été une année charnière en France, faite de coups de boutoirs contre la culture de la vie, d'une mobilisation sans précédent des forces pour la vie et la famille, et de petites victoires: quel bilan feriez-vous?
Jean-Marie Le Méné – Je dresse le bilan contrasté d’une mobilisation populaire très forte qui nous réjouit – contre le mariage homosexuel, la recherche sur l’embryon avec « Un de nous », la résolution Estrela – mais d’une mobilisation faible de la part des autorités politiques et morales qui reste préoccupante.
Parmi les trop rares hommes politiques qui ont participé aux rassemblements contre le mariage homosexuel, un certain nombre n’envisagent pas d’autre issue que d’appliquer la loi puisqu’elle est désormais votée et avouent même qu’ils ne la changeront pas lors de la prochaine alternance politique. Dans le domaine du respect de la vie, c’est pire : l’encéphalogramme est plat. Eveiller des hommes politiques de l’opposition (à part deux ou trois) aux urgences dictées par l’actualité dramatique de la culture de mort, dans notre pays, est une mission qui semble impossible. On peut aussi regretter qu’en dehors de quelques prises de positions individuelles admirables, la communication de l’Eglise de France sur ces questions ne soit pas à la hauteur ni des enjeux, ni des menaces actuelles.
Le résultat est un sentiment paradoxal de grande détermination populaire et de divorce entre le peuple et ses élites. Le peuple se sent abandonné sur ces questions fondamentales depuis des dizaines d’années, victime d’une absence de vision stratégique de la part de ceux qui devraient s’opposer à ce qui porte atteinte à la nature humaine dans le domaine de la vie et de la famille, et orphelin de chefs courageux. C’est bien de se féliciter d’avoir manifesté en masse, mais cela c’est le peuple qui l’a réussi, et lui seul. Quel projet politique pour demain ? Pour le moment, on attend la réponse morale et politique de ceux qui sont en charge formellement du bien commun.
Ce constat est d’autant plus pénible que cela ne se passe pas ainsi à l’étranger.
Qu'est-ce qui se profile en 2014 par rapport à la Culture de la vie, en France, en Europe ? Régression, avancées? Quel est votre pronostic?
Déjouant toutes les prévisions, la première des réformes sociétales à s’abattre sur la France en 2014 ne sera ni l’ouverture de la PMA aux homosexuels, ni la GPA, ni l’euthanasie. Non, le premier sujet de la nouvelle année sera une atteinte maximale à l’intérêt de l’enfant par l’extension des avortements eugéniques et des avortements de complaisance au-delà des limites de la loi Veil, Et ceci dès le mois de janvier ! Qui le sait ? Qui accepte d’en parler ? Qui ose mobiliser ?
Pendant ce temps-là en Espagne, dans un mouvement symétriquement inverse, la première des réformes sociétales à être votée sera la restriction de l’avortement. Pendant ce temps-là en Allemagne, le Secrétaire général de la CDU, même s’il ne souhaite pas encore changer la loi, est cependant capable de critiquer l’avortement dans son pays, et de dire que ça fait du bien de parler du respect de la vie à la société. Nous n’en sommes pas là en France !
Au niveau des institutions européennes, se joue la troisième manche de la résolution Estrela. Après avoir, une première fois, été renvoyée en commission, puis, une deuxième fois, rejetée par la majorité des députés européens, la résolution Estrela, qui vise à faire de l’avortement un droit fondamental, est actuellement l’objet d’un forcing de la part de la Commission européenne auprès des parlementaires. C’est très grave parce que l’avortement n’est pas de la compétence de l’Union européenne mais des Etats membres et que la démocratie est objectivement contournée sur ce point par la Commission.
Il y a donc des avancées, comme le succès de l’initiative européenne « Un de nous », le rejet de la résolution Estrela, le projet de loi espagnol restreignant l’avortement, mais ces avancées demandent à être consolidées. Il y a aussi des menaces nouvelles qu’il faut combattre, comme l’extension de l’avortement en France ou le retour de la résolution Estrela au Parlement européen. Incontestablement, la question du respect de la vie s’européanise. Il faut que le respect de la vie devienne un enjeu aux élections européennes. Ni la classe politique, ni les médias français n’ont encore franchi le pas, ils sont à la traîne par rapport à nos voisins européens. La Marche pour la vie du 19 janvier est l’occasion de faire passer le message que ces questions seront au cœur des prochaines échéances électorales.
En d'autres termes l'heure est plus que jamais à la mobilisation? Quel seront les thèmes mobilisateurs de la Marche pour la Vie?
La première raison de se mobiliser est l’actualité brûlante en France où s’opère en catimini une libéralisation de l’avortement par la suppression de la notion de détresse pour avorter et par l’extension du délit d’entrave à l’information sur l’avortement. En bref, c’est l’avortement pour tous et la liberté d’expression pour personne ! Ce sera la reconnaissance d’un droit et non plus une dérogation au principe du respect de la vie. Et malheur à ceux qui avertiront des dangers de l’avortement, ou tenteront d’en dissuader celles qui se posent des questions, voire qui oublieront d’en parler. Alors que le professeur de droit et constitutionnaliste Bertrand Mathieu y voit un « véritable bouleversement », personne n’en parle !
La deuxième raison de s’opposer cette réforme sur l’avortement est qu’elle constitue l’étalon-or auquel toutes les réformes sociétales sont comparées. Qui peut faire passer l’enfant non désiré peut faire trépasser le vieillard indésirable. Il est inutile de se lamenter des effets dont on continue à chérir les causes. L’avortement est le vaisseau amiral de l’euthanasie.
La troisième raison de manifester est que le contexte européen a changé. Dire qu’on ne peut pas revenir en arrière sur les sujets de société est un mensonge. Le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy vient d’adopter, le 27 décembre, un projet de loi qui limitera le nombre d’avortements dans ce pays, notamment par un coup d’arrêt aux avortements eugéniques. Ce texte a été rendu possible grâce aux grandes manifestations pro vie de 2009 sous le gouvernement socialiste de Zapatero. En rappelant l’enjeu politique de l’avortement avec force et sans complexe elles ont permis d’en faire un point majeur du projet de campagne de M. Rajoy aujourd’hui au pouvoir.
Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent !
Comment participer à la Marche du 19 janvier?
Il faut manifester comme si l’action politique était inutile et agir politiquement comme si la manifestation était insuffisante… Cette manifestation est la première d’une série mais c’est à l’évidence la plus symbolique. Ne pas se laisser imposer en douce une extension de l’avortement conditionne la crédibilité des contestations ultérieures.
La Marche pour la Vie, aux couleurs de l’Espagne (Dress code) c’est dimanche 19 janvier 2014 (départ de la place Denfert-Rochereau à 14h00 (il faut arriver plus tôt que prévu car nous serons nombreux) www.enmarchepourlavie.fr
Le Collectif "En marche pour la vie" regroupe une dizaine d’associations françaises d’aide aux mères en détresse et de défense de la vie de la conception à la mort naturelle. La marche, ouverte à tous, quelles que soient les origines, les convictions philosophiques, politiques ou religieuses s’est imposée depuis quelques années comme la plus grande marche annuelle d’Europe en faveur du respect de la vie.
Quels fruits attendre de cette mobilisation ?
Une prise de conscience plus large que l’avortement est très loin de n’être qu’une question de morale individuelle ou un drame personnel. Il entraîne des conséquences collectives énormes. L’avortement est une arme démographique dont on voit les ravages, une compromission qui dénature la médecine et un bouleversement juridique qui nous fait quitter l’Etat de droit puisqu’il est écrit qu’on peut tuer le plus faible.
zenit