Le pape a en effet tenu l’audience générale du mercredi ce matin à Castel Gandolfo. Le pape a évoqué le sens profond de l’art, invitant ses très nombreux visiteurs – que la cour du palais apostolique n’aurait pas suffit à contenir et rassemblés place de la Liberté -, à s’interroger sur l’émotion ressentie devant une œuvre d’art : sculpture, peinture, poésie ou musique (cf. texte intégral).
En polonais, le pape a fait la synthèse de sa catéchèse en ces termes : « Le temps des vacances favorise l’apprentissage des œuvres de la culture et de l’art. L’enchantement de la beauté de la création humaine peut conduire à la contemplation de Dieu, qui donne tout bien et toute beauté, lorsque, en même temps que l’admiration pour le génie humain, nous découvrons le souffle créateur de l’Esprit Saint. Je souhaite qu’on puisse toujours faire l’expérience d’une telle stupeur ! ».
En italien, le pape a affirmé : « Il existe des expressions artistiques qui sont de véritables chemins vers Dieu, la Beauté suprême, et qui aident même à croître dans notre relation avec Lui, dans la prière ».
Le pape cite les cathédrales gothiques ou les églises romanes avant d’ajouter : « Nous percevons que dans ces splendides édifices, est comme contenue la foi de générations entières. Ou encore, lorsque nous écoutons un morceau de musique sacrée qui fait vibrer les cordes de notre cœur, notre âme est comme dilatée et s’adresse plus facilement à Dieu ».
Il évoque aussi un « concert de musiques de Jean Sébastien Bach, à Munich, dirigé par Leonard Berstein » : « Au terme du dernier morceau, l’une des Cantate, je ressentis, non pas de façon raisonnée, mais au plus profond de mon cœur, que ce que j’avais écouté m’avait transmis la vérité, la vérité du suprême compositeur, et me poussait à rendre grâce à Dieu. A côté de moi se tenait l’évêque luthérien de Munich et, spontanément, je lui dis : ‘En écoutant cela, on comprend que c’est vrai ; une foi aussi forte est vraie, de même que la beauté qui exprime de façon irrésistible la présence de la vérité de Dieu’ ». Bach était protestant.
Benoît XVI évoque d’autres manifestations de l’art : « Des tableaux ou des fresques, fruit de la foi de l’artiste, dans leurs formes, dans leurs couleurs, dans leur lumière, nous poussent à tourner notre pensée vers Dieu et font croître en nous le désir de puiser à la source de toute beauté ».
Il cite le peintre juif Marc Chagall : « Ce qu’a écrit un grand artiste, Marc Chagall, demeure profondément vrai, à savoir que pendant des siècles, les peintres ont trempé leur pinceau dans l’alphabet coloré qu’est la Bible. Combien de fois, alors, les expressions artistiques peuvent être des occasions de nous rappeler de Dieu, pour aider notre prière ou encore la conversion du cœur ! ».
Il cite la conversion de l’écrivain français Paul Claudel : « Paul Claudel, célèbre poète, dramaturge et diplomate français, ressentit la présence de Dieu dans la Basilique Notre-Dame de Paris, en 1886, précisément en écoutant le chant du Magnificat lors de la Messe de Noël. Il n’était pas entré dans l’église poussé par la foi, il y était entré précisément pour chercher des arguments contre les chrétiens, et au lieu de cela, la grâce de Dieu agit dans son cœur. »
Et de conclure : « Chers amis, je vous invite à redécouvrir l’importance de cette voie également pour la prière, pour notre relation vivante avec Dieu ».
Il rappelle les trésors de la culture chrétienne : « Que la visite aux lieux d’art ne soit alors pas uniquement une occasion d’enrichissement culturel – elle l’est aussi – mais qu’elle puisse devenir surtout un moment de grâce, d’encouragement pour renforcer notre lien et notre dialogue avec le Seigneur, pour nous arrêter et contempler – dans le passage de la simple réalité extérieure à la réalité plus profonde qu’elle exprime – le rayon de beauté qui nous touche, qui nous « blesse » presque au plus profond de notre être et nous invite à nous élever vers Dieu ».
Et de conclure sur le témoignage chrétien : « Espérons que le Seigneur nous aide à contempler sa beauté, que ce soit dans la nature ou dans les œuvres d’art, de façon à être touchés par la lumière de son visage, afin que nous aussi, nous puissions être lumières pour notre prochain ».
Anita S. Bourdin
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