Comme Benoît XVI qui a été aimé pour sa culture et pour sa pensée profonde, aujourd’hui le pape François est aimé pour sa profonde humilité. Il arrive à chaque pontife ce qui est arrivé au premier pape : quand Pierre fut appelé par Jésus, il pêchait des poisssons; le Seigneur en fit un pêcheur d’hommes. On peut dire que Jésus porta au maximum ce que Pierre était déjà. Et c’est ce qui est toujours arrivé pour chaque successeur de Pierre : Dieu a exalté les qualités humaines de chaque homme qu’il a appelé pour diriger son Église.
S’il nous paraît donc injuste de faire la différence entre un pape et un autre, chacun d’eux ayant sa propre histoire, ses dons et ses qualités humaines particulières, nous pouvons par contre tenter de faire une comparaison par analogie. Il ya beaucoup de points communs entre le pape François et Jean-Paul Ier.
Commençons par le nom : le pape François, comme Jean-Paul Ier, a choisi un nom encore jamais utilisé par des prédécesseurs, bien que le pape Luciani ait pris les noms de ses prédécesseurs les plus proches, Jean XXIII et Paul VI, pour en faire un seul nom.
Juste après que le cardinal protodiacre eut annoncé son élection, le pape François s’est adressé au monde en disant : « Vous savez que la tâche du conclave était de donner un évêque à Rome. Il semble bien que mes frères cardinaux soient allés le chercher quasiment au bout du monde, mais nous sommes là ! » De la même manière, comme quelqu’un qui aurait été bouleversé par quelque chose d’inattendu, de plus grand que lui, Jean-Paul Ierau cours de son premier Angélus, le 27 août 1978, a dit : « Je n’ai ni la sapientia cordis du pape Jean, ni la préparation et la culture du pape Paul, mais je suis à leur place ! »
Durant le même Angélus, le pape Luciani parla de ce qui s’était passé dans la chapelle Sixtine en ces termes : « Hier matin, je me suis rendu à la Sixtine pour voter tranquillement. Jamais je n'aurais soupçonné ce qui allait arriver. À peine le danger s'est-il annoncé pour moi, que les deux collègues, mes voisins, m'ont murmuré des paroles de réconfort. » Les propos du pape François ont été pratiquement les mêmes. Il a dit aux journalistes : « À l’élection, j’avais à côté de moi l’archevêque émérite de São Paulo, un grand ami… Quand la chose devenait un peu dangereuse, lui me réconfortait. »
Le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York, lors d’une conférence de presse, le 14 mars, a raconté que le pape François, la veille au soir, pendant le repas avec tous les cardinaux, leur avait dit : « Que Dieu vous pardonne pour ce que vous avez fait. » Jean-Paul Iers’était adressé aux membres du collège cardinalice exactement de la même manière.
Le thème de la pauvreté aussi est certainement un thème commun aux deux papes. Le pape François en s’adressant aux journalistes réunis dans la salle Paul VI, a dit vouloir « une Église pour les pauvres ». Jean-Paul Ieraussi prononça des paroles inoubliables sur cette attention aux pauvres. Ce fut à sa dernière audience, le 27 septembre 1978. Après avoir rappelé tous ceux qui, encore aujourd’hui, meurent de faim à cause de notre indifférence, il ajouta : « Pas seulement les nations, mais nous aussi, privés, spécialement nous de l’Église, nous devons nous demander : avons-nous vraiment accompli le précepte de l’amour de Jésus qui a dit : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” ? »
Et que dire du sourire, des anecdotes racontées, de cette interaction continue avec la foule de fidèles ? Sur les visages de ces deux papes on peut voir clairement ce que veut dire « servire Dominum in lætitia ! »
Pourquoi la simplicité et cette référence à la pauvreté du pape François et de Jean-Paul Ieront-elles attiré tout de suite l’attention d’une myriade d’hommes qui vivent dans un monde plutôt complexe et souvent phagocyté par la loi du profit ? Peut-être parce que, comme disait le grand écrivain anglais Chesterton, la société se laisse convertir par les saints qui la contredisent le plus.
La seule comparaison que nous puissions faire entre un pape par rapport à l’autre est celle sur la provenance géographique. Jean-Paul Ierfut le dernier Italien à monter sur le siège de Pierre, le pape François, lui, est le premier pape non européen depuis le Syrien Grégoire III.
Cela n’est peut-être qu’une coïncidence, mais Grégoire III fut élu le 11 février 731, et c’est le 11 février, des siècles plus tard, que Benoît XVI annoncera au monde sa démission, laquelle amènera le premier pape non européen sur le siège de Pierre, soit 1 272 ans plus tard !
Traduction d'Océane Le Gall
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