Des militants des droits de l’homme qui prenaient part à la manifestation ont été arrêtés. Les journalistes n’ont pas été interpellées. Mais trois jours plus tard, le 9 décembre, elles ont été licenciées par la direction de la télévision, au prétexte qu’elles avaient organisé une manifestation non autorisée et porté atteinte à l’image des autorités, deux infractions pénales. Elles font depuis l’objet de pressions.
Ces deux journalistes ont interpellé leurs concitoyens et leurs confrères sur un mal endémique dans le pays : la censure dans les médias publics. Dans un régime aussi répressif que l’Ouzbékistan, c’est un acte de courage.
Reporters sans frontières exprime son inquiétude quant à la sécurité des journalistes. Après avoir été licenciées, elles continuent de faire l’objet de pressions et d’intimidations de la part de leur ancien employeur et des services de sécurité.
Nous espérons que rien de plus grave ne sera à déplorer dans les semaines à venir. Et nous serons vigilants. Les journalistes ouzbeks subissent trop souvent des persécutions administratives et judiciaires, souvent en violation des lois locales, soulignant la volonté de faire taire par tous les moyens, ceux qui s’opposent au système.
Le 14 décembre, Saodat Omonova et Malohat Eshankoulova ont reçu un appel les convoquant pour le lendemain à 15 heures, dans les locaux de Yoshlar afin de participer à une session du comité syndical de la chaîne et de débattre de leur situation. Mais, les journalistes n’ont pu s’y rendre. Elles se trouvaient à Samarkand, et par ailleurs étaient souffrantes. La direction de la chaîne a entrepris de vérifier si elles étaient bien inscrites sur les registres de l’hôpital de Samarkand. Plus inquiétant encore, des membres de la sécurité d‘Etat se sont rendus dans l’établissement de santé local pour procéder à la vérification des dossiers des deux journalistes, remontant sur plusieurs années.
L’Ouzbékistan est l’un des pays les plus répressifs en matière de liberté de la presse, émargeant à la 163e place sur 178 pays, dans le classement 2010 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. Au moins onze journalistes y sont emprisonnés.
RSF