Reporters sans frontières condamne le placement en détention, le 18 novembre 2007, de Mahjoub Ourwa et Noureddine Madani, respectivement président du conseil d’administration et rédacteur en chef du quotidien indépendant arabophone Al-Sudani,
suite à leur refus de s’acquitter de l’amende à laquelle ils avaient été condamnés pour diffamation par un tribunal de Khartoum (est du pays). "Incarcérer des journalistes qui auraient prétendument diffamé les services de renseignements est une décision injuste et disproportionnée, qui ne répare pas le préjudice subi. En démocratie, l’encadrement de la presse doit être laissé aux organes de régulation des médias et non à la justice pénale. Ces journalistes, qui ne faisaient que leur travail, sont soumis à des lois archaïques qu’il serait grand temps de réformer. Non seulement la sévérité de la peine est incompréhensible, mais elle est également contraire à tous les standards internationaux en matière de liberté de la presse," a déclaré l’organisation. Le 17 novembre 2007, Mahjoub Ourwa et Noureddine Madani ont été condamnés par un tribunal de Khartoum à verser une amende de 10 000 livres soudanaises chacun (soit 3500 euros), ou à faire deux mois de prison suite à une plainte pour diffamation déposée par les services de renseignements. Cette plainte intervenait après la publication d’un article de Noureddine Madani en date du 20 juillet 2007, relatant l’arrestation de quatre journalistes, dont un de la rédaction d’Al-Sudani, qui tentaient de couvrir, dans la région de Kajbar (nord du pays), des protestations autour de la construction d’un barrage. Au cours des manifestations, les heurts entre policiers et habitants avaient fait quatre morts. Le deux journalistes ont interjeté appel et refusé de payer l’amende, à la suite de quoi ils ont été placés en détention et conduit à la prison Omdurman de Khartoum, pour leur "permettre de reconsidérer la question". Les appels n’étant génaralement pas traités rapidement, Mahjoub Ourwa et Noureddine Madani pourraient y rester au moins une semaine. Les avocats du quotidien Al-Sudani ont demandé, le 19 novembre 2007, la suspension de la peine jusqu’au traitement de l’appel par la justice. Al-Sudani avait déjà fait l’objet, en mai 2007, d’une suspension décidée par le gouvernement, suite à une plainte du ministre de la justice. Mahjoub Ourwa avait alors été incarcéré pendant trois jours.
Reporters sans frontière 20/11/07