d’exercer leur profession et à 6 000 dollars d’amende pour “calomnie et injure”. Le jugement, rendu le 27 septembre 2010 mais porté à la connaissance du public le 4 octobre, a substitué ces peines aux deux ans de prison initialement prévus par le code pénal pour ce type de délit.
Aida Cecilia Castro Diaz, ex-secrétaire de la Direction nationale des migrations et naturalisations, et Rosendo Rivera, ancien avocat de cette administration, sont à l’origine de la plainte contre les deux journalistes. Le 29 septembre 2005, la chaîne TVN Canal 2 avait fait état d’une enquête du Conseil national de sécurité sur une affaire de réseau de prostitution impliquant la Direction nationale des migrations et naturalisations. Sabrina Bacal et Justino González avaient été relaxés en première instance.
Cette décision nous semble à la fois absurde et dangereuse. L’interdiction infligée aux deux journalistes d’exercer leur métier constitue une violation flagrante de la liberté à informer et se laisse comparer à une mesure de censure indigne d’un État de droit. Elle maintient en l’état le régime de sanctions prévues pour les délits de presse. La législation panaméenne, contre la tendance générale sur le continent et contre les standards juridiques interaméricains, prévoit toujours des peines de prison en cas de “diffamation”, “calomnie” et “injure”. Nous espérons que la Cour suprême de justice infirmera le jugement d’appel. Nous soutiendrons les démarches de Sabrina Bacal et de Justino González s’ils décident de se pourvoir devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).
Face au tollé provoqué par ce jugement, le président de la République Ricardo Martinelli a déclaré, d’après la presse, qu’il ne se prononcerait pas sur cette condamnation, arguant qu’elle “concerne le secteur judiciaire”. Néanmoins, selon nos informations, une grâce de la présidence serait envisagée. Or, “gracier” les journalistes reviendrait à les considérer comme coupables. Cet acte de clémence ne résoudrait rien sur le fond.
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