Le synode des évêques a donné la parole ce matin à deux Libanais, le cardinal Sfeir, qui a évoqué la situation critique des chrétiens du Liban, et Mgr Noujaim qui a évoqué l'importance d'une exégèse en Eglise.
En tout, à ce jour, le synode a écouté 191 interventions écrite de 5 minutes et 99 interventions libres (de 3 minutes maximum), dans les séances d'une heure le soir, une pratique introduite par Benoît XVI en 2005.
Le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, patriarche d'Antioche des Maronites, chef du synode maronite du Liban, s'est référé au n. 56 de l'Instrumentum Laboris qui traite du « dialogue religieux », et particulièrement « des relations entre chrétiens et musulmans ».
Le patriarche Sfeir a souligné que cette relation appartient à l'histoire du Liban et remonte même aux débuts de l'islam, au début du septième siècle.
Il a cité l'Instrumentum Laboris qui déclare : « l'Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu UN, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes ».
Ce même document, a ajouté le patriarche maronite, cite la rencontre d'Assise qui a eu lieu en 1986, et Benoît XVI dit à ce propos: « Nous. voulons rechercher les voies de la réconciliation et apprendre à vivre en respectant chacun l'identité de l'autre ».
Le patriarche a évoqué la « convivialité » du Liban, actuellement compromise par des ingérences. « Le Liban se caractérise, a-t-il dit, par cette convivialité islamo-chrétienne depuis la parution de l'islam, malgré quelques difficultés qui ont jalonné leur histoire commune. Ces derniers temps, c'est-à-dire depuis une quarantaine d'années, cette convivialité islamo-chrétienne est devenue d'autant plus difficile que des ingérences extérieures sont intervenues pour compliquer encore davantage la situation ».
Il a souligné la situation critique de la communauté chrétienne au Liban en ces termes, volontairement a-politiques : « Nous ne voulons pas parler de politique, mais nous relatons un fait. C'est que la situation des chrétiens du Liban devient de plus en plus critique et difficile. Ils diminuent en nombre, chaque année davantage ».
Surtout, il a pointé du doigt, chiffres à l'appui, l'hémorragie de la population chrétienne : « Depuis une quarantaine d'années, a-t-il dit, il y aurait plus d'un million de libanais aussi bien des musulmans que des chrétiens, qui ont quitté le pays pour aller s'installer dans d'autres pays occidentaux. Si l'émigration continue en suivant cette cadence, on peut se demander, sans être pessimiste, combien de chrétiens restera-t-il dans cet Orient chrétien ou le Christ est né, a vécu, et est mort sur la croix pour racheter le genre humain ».
Le patriarche Sfeir a voulu conclure sur cette note positive : « Malgré tout, nous ne pouvons pas désespérer. Quand on a la foi, on doit, par ce fait même, avoir l'espérance. Dieu merci, nous avons la foi et l'espérance, puisque nous continuons à avoir des intercesseurs au ciel ».
Pour sa part, Mgr Guy-Paul Noujaim, évêque auxiliaire de Joubbé, Sarba et Jounieh des Maronites a choisi de parler de deux sujets de l'Instrumentum Laboris : la nécessité d'accompagner la lecture de l'Écriture Sainte d'une formation théologique, et l'écueil d'une exégèse idéologique et politique de l' Écriture Sainte.
Sans formation biblique, a souligné l'évêque libanais, « la compréhension de cette Écriture sera étroite ou déformée ».
Il a cité un écrit de saint Ephrem le Syriaque, adressé aux étudiants de son École d'exégèse biblique et au peuple, illustrant cette « nécessité d'unir lecture de l'Écriture et foi de l'Église ».
A propos de l'obstacle que constitue une « exégèse idéologique et politique de l'Écriture Sainte », il a cité l'exemple de « la question de la terre promise à Israël par Dieu dans la Bible ».
« Certains prennent à la lettre cette promesse pour encore aujourd'hui. Il est urgent que l'herméneutique catholique concernant cette question se fasse claire afin que les croyants concernés puissent recevoir la Bible dans sa totalité et sa vérité », a déclaré Mgr Noujaim.
ROME, Lundi 13 octobre 2008 (ZENIT.org)