sont descendus dans la rue et ont obtenu la chute du régime d’Hosni Moubarak. Ces procès de journalistes interviennent alors même que le peuple aspire à un changement des modes de gouvernement. La prévalence du militaire sur les juridictions civiles est un danger pour l’avenir de la démocratie en Egypte.
Le 19 juin 2011, Adel Hammouda et Racha Azab, respectivement rédacteur en chef et journaliste du journal Al-Fajr, ont été entendus par le procureur militaire, suite à la publication d’un article sur la torture contenant des propos attribués à un responsable de l’armée. Ils devront comparaître devant un tribunal militaire, à une date qui n’a pas encore été fixée.
La journaliste est poursuivie pour “publication de fausses informations pouvant troubler la sécurité publique”. Elle risque une peine de prison ferme. Adel Hammouda est quant à lui poursuivi pour “négligence dans l’exécution de ses fonctions de rédacteur en chef”. Il encourt une amende.
En cause un article, publié le 12 juin dernier dans le numéro 309 d’Al-Fajr, dans lequel la journaliste évoque une rencontre entre le général Hassan Al-Ruwaini, commandant militaire du Caire et membre du Conseil suprême des forces armées, et des militants membres du groupe “Pas de tribunaux militaires pour les civils”, à propos d’actes de tortures commis par la police militaire à l’encontre de manifestants. La journaliste a retranscrit une partie des propos que le haut gradé aurait tenu et aurait prononcé des excuses à l’égard d’une manifestante présente. Le général Hassan Al-Ruwaini déclare pour sa part que les informations publiées par l’hebdomadaire étaient fausses.
Lien vers l’article publié par Al-Fajr : http://www.elfagr.org/DailyPortal_NewsDetails.aspx?nwsId=16994&secid=1
Reporters sans frontières demande l’abandon des poursuites engagées à l’encontre de ces journalistes, tout comme visant l’ensemble des professionnels de l’information et blogueurs actuellement poursuivis.
L’organisation avait adressé, le 1er juin 2011, une lettre à Mohamed Hussain Tantawi, chef du Conseil suprême des forces armées, pour lui exprimer son inquiétude, et lui demander de garantir la liberté d’expression, sans condition. “L’Égypte doit garantir les droits fondamentaux en général et la liberté d’expression en particulier, quel que soit l’objet des critiques publiées, pour conforter sa transition démocratique. […] L’armée ne saurait bénéficier d’un statut particulier qui l’exonère des critiques sans se positionner à contre-courant du mouvement des libertés en marche dans le pays”, avait estimé Reporters sans frontières dans sa lettre.
Le 31 mai dernier, le blogueur Hossam Al-Hamalawy et les journalistes Rim Magued et Nabil Sharaf Al-Din avaient été interrogés pendant près de trois heures à propos de leur intervention sur la chaîne ON-TV.
Invité de l’émission de Rim Magued le 26 mai, Hossan Al-Hamalawy avait accusé la police militaire d’avoir violé les droits de l’homme. Nabil Sharaf Al-Din avait, le lendemain, évoqué la possibilité d’une alliance entre les Frères musulmans et l’armée en vue d’une passation de pouvoir.
La blogueuse Botheina Kamel a, quant à elle, été convoquée devant la Cour militaire le 15 mai dernier, peu de temps après avoir critiqué l’institution dans une émission de la chaîne Nile TV.
Par ailleurs, le blogueur Maikel Nabil Sanad a été condamné le 10 avril 2011, à trois ans de prison ferme. Cette condamnation fait de lui le premier prisonnier d’opinion en Egypte depuis la révolution. Maikel Nabil Sanad, objecteur de conscience, est accusé d’“insulte à l’institution militaire”, “publication de fausses nouvelles” et “trouble à l’ordre public”, pour avoir publié un rapport, sur son blog, remettant en cause l’apparente neutralité de l’armée lors des manifestations de janvier et février 2011. Le rapport stipule que des militaires ont pris part aux arrestations, détentions, et torture de manifestants.
Reporters sans frontières