l a traversé la salle Clémentine à la rencontre du pape Benoît XVI qui l'attendait sans un regard sur ses fresques Renaissance. D'un œil, Nicolas Sarkozy cherchait les journalistes, un sourire en coin. Rassuré par leur présence, il a salué son hôte d'une franche poignée de main, sans s'incliner : "C'est très émouvant pour moi, Très Saint-Père, d'être reçu par vous", lui a dit-il, ajoutant : "Vous parlez si bien le français." A quoi le pape a répondu : "Oui, je l'ai appris dans mon gymnase de Bavière", montrant par là qu'il en avait oublié un peu. En allemand, lycée se dit Gymnasium.
Au sortir de la bibliothèque où Benoît XVI venait de le recevoir pour un entretien de vingt-cinq minutes, le chef de l'Etat a encore affiché sa décontraction. Le pape, qui s'est déjà fait appeler "Sir" par George Bush lors de la visite du président américain en juin, a dû constater un nouvel assaut contre le protocole. Jamais un chef de l'Etat ne lui avait présenté des journalistes qui l'accompagnent. Nicolas Sarkozy l'a fait.
"Voilà, a-t-il dit à son hôte, les journalistes qui me suivent. Même pour eux, c'est pas n'importe quel voyage, ils sont impressionnés, hein ? Vous savez, ils ne sont pas toujours gentils avec moi." Le pape a souri. "Mais avec vous toujours", a relancé un des journalistes à l'intention de Benoît XVI. M. Sarkozy : "Vous voyez comme ils sont injustes."
Quelques instants auparavant, le président de la République avait déjà pris ses aises, n'hésitant pas à jeter un œil sur son téléphone portable pendant que sa délégation saluait le Saint-Père.