Le Dialogue interreligieux prêt à une « rencontre de travail »
Benoît XVI se déclare disponible pour une visite du prince Ghazi de Jordanie et d’une délégation des signataires de la « lettre ouverte » de 138 autorités musulmanes. Il affirme aussi la disponibilité du conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, présidé par le cardinal Jean-Louis Tauran, pour une « rencontre de travail ».
Le pape Benoît XVI répond, dans une lettre signée par son secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, à la lettre ouverte que lui avaient adressé 138 personnalités musulmanes le 13 octobre dernier, à l’occasion de la fin du Ramadan (Eid al-Fitr). Le titre de ce document sans précédent, adressé également aux responsables des autres Eglises et confessions chrétiennes, était : « Une parole commune entre nous et vous ».
Le respect effectif de la dignité de la personne
La rèponse du pape est contenue dans une lettre adressée au prince de Jordanie Ghazi bin Muhammad bin Talal, président de « l’Institut Aal al-Bayt pour la pensée islamique » (Aal al-Bayt Institute for Islamic Thought), soit l’Institut royal de Jordanie pour la pensée islamique, qui avait transmis personnellement la lettre ouverte au Vatican, par l’intermédiaire de Mgr Salim Sayegh, Vicaire en Jordanie du patriarcat latin de Jérusalem.
La lettre s’acheve par une citation du Coran : « Faisons en sorte que nos différences n’apportent pas la haine et la violence entre nous. Concourrons ensemble aux bonnes œuvres et à la justice » (cf. Zenit du 15 octobre 2007).
Le Vatican publie aujourd’hui la réponse du pape, en anglais, et en date du 19 novembre 2007.
Une note de la salle de presse du Saint-Siège accompagnant cette publication précise : « En remerciant et en manifestant son appréciation pour cette initiative significative de cet éminent groupe de personnalités musulmanes, le Saint-Père réaffirme l’importance du dialogue fondé sur le respect effectif de la dignité de la personne, sur la connaissance objective de la religion de l’autre, sur le partage de l’expérience religieuse et sur l’engagement commun à promouvoir le respect et l’acceptation mutuelle ».
Invitation d’une délégation
La réponse du cardinal Bertone souligne également, continue le communiqué, « la disponibilité du Saint-Père à recevoir le prince Ghazi et une délégation des signataires de la lettre et manifeste en outre la disponibilité du conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, en collaboration avec certains instituts pontificaux spécialisés, pour une rencontre de travail ».
Le cardinal Bertone écrit : « Dans le but d’encourager votre louable initiative, je suis heureux de vous annoncer que Sa Sainteté recevrait volontiers Votre Altesse Royale, et une délégation de votre choix des signataires de la lettre ouverte. En même temps, une rencontre de travail pourrait être organisée entre votre délégation et le conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, avec la coopération de certains instituts pontificaux (comme l’Institut pontifical d'études arabes et d'islamologie (PISAI, ndlr) et l’Université pontificale grégorienne). Le détail précis de ces rencontres pouvant être décidé plus tard, si vous trouviez recevable le principe de cette proposition ».
La foi dans le Dieu unique
Le pape, écrit le cardinal Bertone, « apprécie profondément le geste, l’esprit positif qui inspire le texte et l’appel à un engagement commun pour promouvoir la paix dans le monde ».
« Sans ignorer ou diminuer nos différences en tant que chrétiens et musulmans, nous pouvons et donc nous devons regarder ce qui nous unit, à savoir la foi dans le Dieu unique, Créateur provident, et juge universel, qui, à la fin des temps, agira avec chacun selon ses actions. Nous sommes tous appelés à nous en remettre totalement à lui, et à obéir à sa sainte volonté ».
Les valeurs morales fondamentales
Faisant référence à la première encyclique de Benoît XVI, « Dieu est Amour » (« Deus caritas est »), le cardinal Bertone souligne que le pape a été impressionné par « l’attention » que la lettre des 138 responsables musulmans « accorde aux deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain ».
Le secrétaire d’Etat rappelle aussi les paroles de Benoît XVI au début de son pontificat : « Je suis profondément convaincu que nous devons proclamer, sans céder aux pressions négatives du moment, les valeurs de respect réciproque, de solidarité et de paix. La vie de tout être humain est sacrée, que ce soit pour les chrétiens ou pour les musulmans. Nous avons un grand champ d’action dans lequel nous nous sentons unis pour le service des valeurs morales fondamentales ». (Aux représentants de communautés musulmanes d’Allemagne, Cologne, 20 août 2005).
Les fondements du dialogue
« Ce terrain commun nous permet, écrit le cardinal Bertone, de fonder notre dialogue sur le respect effectif de la dignité de toute personne humaine, sur la connaissance objective de la religion de l’autre, sur le partage de notre expérience religieuse, et finalement sur notre commun engagement à promouvoir le respect et l’acceptation mutuels chez les nouvelles générations. Le pape a confiance que, cela une fois réalisé, il sera possible de coopérer de façon productive dans les domaines de la culture et de la société, pour la promotion de la justice et de la paix dans la société et dans le monde entier ».
On peut lire une réaction du cardinal Tauran à la lettre des 138 personnalités (Zenit du 12 octobre 2007) et une du PISAI (29 octobre 2007).
ROME, Jeudi 29 novembre 2007 (ZENIT.org)
Anita S. Bourdin