Par une initiative personnelle, Mgr Di Noia tente de relancer le dialogue de Rome avec la Fraternité Saint-Pie X.
Le prélat vient d’adresser une lettre à Mgr Bernard Fellay, supérieur, et à chaque prêtre de la Fraternité.
Prenant acte de l’enlisement du dialogue, il constate, indiquent différents sites lefebvristes, que Rome prône l’interprétation du concile Vatican II dans une herméneutique de la « continuité » avec la Tradition. Mais la Fraternité estime que certains documents conciliaires sont erronés, notamment sur le dialogue interreligieux et l’œcuménisme.
Face au blocage du dialogue théologique, Mgr Di Noia tenterait une approche spirituelle, invitant à un examen de conscience, avec pour mots d’ordre : humilité, douceur, patience, charité.
Rome attend, rappelle la lettre, la réponse de Mgr Fellay au document qui lui a été remis le 14 juin (cf. Zenit du 14 juin 2012).
Pour sortir de l’impasse, il propose à la Fraternité, selon les mêmes sources, de retrouver le « charisme positif »de ses débuts – à Fribourg et Écône – : une tentative de réforme par la formation de prêtres et la mission.
Il recommanderait d’éviter le recours aux media – la salle de presse du Saint-Siège n'a rien publié sur cette lettre – , ou le développement d'un « magistère parallèle », de faire valoir les objections de manière « constructive », et de les fonder sur une théologie « profonde ».
Mgr Di Noia se réfère à l’instruction signée par le cardinal Joseph Ratzinger Donum veritatis sur « la vocation ecclésiale du théologien », du 24 mai 1990, qui propose cette définition du théologien : il « a pour fonction d'acquérir, en communion avec le Magistère, une intelligence toujours plus profonde de la Parole de Dieu contenue dans l'Écriture inspirée et transmise par la Tradition vivante de l'Église ». Le document rappelle aussi l’autorité du magistère : « Dans son engagement au service de la vérité, le théologien aura, pour rester fidèle à sa fonction, à tenir compte de la mission propre au Magistère et à collaborer avec lui ».
Après l’exclusion de Mgr Richard Williamson, annoncée le 24 octobre 2012, la Fraternité Saint-Pie X semble avoir été traversée par des divisions, tandis que Mgr Fellay voudrait maintenir le dialogue.
Car la situation de la Fraternité – dont les responsables ne sont plus excommuniés mais ne sont pas intégrés dans l’Eglise catholique – n’est pas tenable à long terme, estiment certains observateurs.
La lettre de Mgr Di Noia, que le P. F. Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège n'a pas publiée ni commentée, semble envoyer un message réaliste : la Commission vaticane ne souhaite pas que la main tendue de Benoît XVI se réduise un jour à une occasion perdue, mais les négociations n’ont pas l’éternité devant elles.
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