a rappelé que le dialogue avec les musulmans consistait avant tout à bâtir une amitié.
« Le dialogue interreligieux – a-t-il expliqué – est une activité essentiellement religieuse. Ce ne sont pas des religions qui dialoguent, ce sont des croyants qui se rencontrent même s’ils sont de cultures et de traditions différentes ».
« Loin de justifier les barrières, les divisions », le dialogue doit « pousser les fidèles à surmonter les barrières de l’incompréhension et des préjugés en favorisant l’ouverture aux autres dans un respect réciproque ».
Tout en admettant certaines « difficultés » dans le dialogue avec les musulmans, le cardinal Tauran a rappelé l’importance de « privilégier les relations humaines, les contacts ». « Le dialogue interreligieux repose d’abord sur l’estime mutuelle qui commence par le respect et doit finir par l’amitié. Pour le moment, ce qui est important, c’est de bâtir l’amitié », a-t-il ajouté.
« Pourquoi les musulmans font peur ? », a-t-il interrogé. « D’abord parce qu’on ne les connaît pas. On vit un peu à partir des clichés qui sont répandus dans les médias ». Il faut dire – a-t-il ajouté – que « l’islam est une réalité très complexe : c’est à la fois une civilisation, une religion, un système politique. Il s'agit d'une réalité qui ne correspond pas aux schèmes mentaux et à la manière dont nous nous comportons en société. Et on ne peut pas nier que le terrorisme pour des motifs religieux fait peur ».
Mais « on ne doit pas avoir peur de l’islam dans la mesure où nous sommes des chrétiens convaincus », a-t-il expliqué. « Si nous sommes des chrétiens tièdes, alors oui on peut avoir des craintes. Cette crainte est salutaire dans le sens où elle est un appel à un christianisme beaucoup plus raisonné, qui sait vraiment pourquoi il croit et en qui il croit. Aujourd'hui, nous sommes obligés de présenter le christianisme dans toute sa rigueur ».
Interrogé sur l’esprit de la prochaine rencontre d’Assise organisée en octobre prochain, 25 ans après la rencontre historique voulue par Jean-Paul II, le cardinal Tauran a expliqué que ce serait une occasion, selon le désir du pape, « de réfléchir dans le silence, dans la prière non commune, mais chacun selon sa tradition, de voir un peu ce que comme croyants nous pouvons apporter à la société ».
« Et de répéter que la paix est possible », a-t-il ajouté. « Dieu a créé l’homme pour qu’il soit heureux. Il s’agit de faire de notre société un lieu où il est bon de vivre ensemble, d’être heureux ensemble. On ne peut pas être heureux les uns sans les autres ».
Le thème de la liberté religieuse devrait être abordé, a-t-il conclu. « Quand la liberté religieuse est menacée, ce sont les autres libertés qui sont menacées. Il est inconcevable qu’en 2011 il y ait encore des croyants qui, parce qu’ils sont croyants, sont l’objet de discriminations et même d’exécutions. Essayons, là où nous sommes, de découvrir ce que nous pouvons faire ensemble pour le bien de la société ».
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