Au collège des Bernardins, dans son discours devant le monde de la culture, et des centaines de milliers de personnes qui l'ont suivi dans Paris sur les quais de la Seine, Benoît XVI a cité, vendredi soir, Dom Jean Leclercq et son livre fameux « L'amour des lettres et le désir de Dieu ».
Et ceci pour montrer qu'« en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue » mais aussi les bibliothèques avaient leur place dans les monastères… et encore aujourd'hui, aux « Bernardins ».
Dom Jean Leclercq (1911 – 1993) était un moine de l'abbaye de Clervaux, au Luxembourg, excellent connaisseur de l'histoire de l'Église et de la spiritualité monastique. Il a été professeur à l'Université grégorienne de Rome.
Son livre constitue – c'est le sous-titre – une « initiation aux auteurs monastiques du Moyen Âge ». Il est paru en janvier 1957, mais n'a cessé d'être réédité, aux éditions du Cerf : la troisième édition est de 1991. Il est chaudement recommandé par leurs professeurs aux universitaires qui se spécialisent par exemple dans la littérature latine et l'histoire des idées au Moyen Age, ou même aux chartistes.
Benoît XVI l'avait cité, le 21 octobre 2006, à l'occasion de l'inauguration de l'année académique à Saint-Jean du Latran, son université.
Cela vaut la peine de citer cette courte allocution aux étudiants et universitaires qui n'avaient pas pu prendre place dans le « grand amphi » de l'université, ou le pape parle de la recherche de la vérité : « Je suis heureux d'être ici dans "mon" Université, parce cette Université est celle de l'Evêque de Rome. Je sais qu'ici, l'on cherche la vérité et ainsi, en dernière analyse, on cherche le Christ parce qu'Il est la vérité en personne. Ce chemin vers la vérité – tenter de mieux connaître la vérité dans toutes ses expressions – est en réalité un service ecclésial fondamental ».
C'est là qu'il citait dom Jean Leclercq : « Un grand théologien belge a écrit un livre: « L'amour des lettres et le désir de Dieu », et il a montré que dans la tradition du monachisme, les deux choses vont de pair, parce que Dieu est Parole et nous parle à travers l'Ecriture. Cela suppose donc que nous commencions à lire, à étudier, à approfondir la connaissance des lettres, et ainsi nous approfondissons notre connaissance de la Parole ».
Et le pape concluait : « En ce sens, l'ouverture de la bibliothèque est un événement tant universitaire, académique, que spirituel et théologique également, parce que précisément en lisant, en chemin vers la vérité, en étudiant les paroles pour trouver la Parole, nous sommes au service du Seigneur. Un service de l'Evangile pour le monde, parce que le monde a besoin de la vérité. Sans vérité, il n'y a pas de liberté, nous ne nous trouvons pas totalement dans l'idée originelle du Créateur ».
Aux Bernardins, le pape a à nouveau cité Dom Leclercq, à propos de cette « recherche de Dieu » qui « requiert une culture de la parole »: « Ou, ajoute-t-il, comme le disait Dom Jean Leclercq : eschatologie et grammaire sont dans le monachisme occidental indissociables l'une de l'autre (« L'amour des lettres et le désir de Dieu » p. 14). Le désir de Dieu comprend l'amour des lettres, l'amour de la parole, son exploration dans toutes ses dimensions ».
Et d'ajouter : « Puisque dans la parole biblique Dieu est en chemin vers nous, et nous vers Lui, [les moines] devaient apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages. Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes. La bibliothèque faisait, à ce titre, partie intégrante du monastère, tout comme l'école ».
PARIS, Samedi 13 septembre 2008 (ZENIT.org)