Le pape a en effet poursuivi sa catéchèse sur l'Eglise, ce mercredi 25 septembre, sur une place Saint-Pierre ensoleillée, dans le cadre de ses enseignements sur le Credo, pour l'Année de la foi.
"Demandons au Seigneur, a-t-il dit : donne-nous d’être toujours plus unis, de ne jamais être des instruments de division ; fais que nous nous engagions, comme le dit une belle prière franciscaine, à apporter l’amour là où est la haine, à apporter le pardon là où est l’offense, à apporter l’union là où est la discorde."
Catéchèse du pape François sur l'Eglise (suite)
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans le « Je crois en Dieu », nous disons : « Je crois en l’Église, une », nous professons donc que l’Église est unique et que cette Église est, en elle-même, unité. Mais si nous regardons l’Église catholique dans le monde, nous découvrons qu’elle comprend presque 3.000 diocèses répartis sur tous les continents : tant de langues, tant de cultures ! Il y a ici des évêques de cultures très diverses, de nombreux pays. Il y a l’évêque du Sri Lanka, l’évêque d’Afrique du sud, un évêque d’Inde, il y en beaucoup ici… des évêques d’Amérique latine. L’Église est répandue dans le monde entier ! Et pourtant, les milliers de communautés catholiques forment une unité. Comme cela peut-il se faire ?
1. Nous trouvons une réponse synthétique dans le Catéchisme de l’Église catholique qui affirme : l’Église répartie dans le monde « a une seule foi, une seule vie sacramentelle, une unique succession apostolique, une commune espérance, la même charité ». C’est une belle définition, claire, qui nous oriente bien. Unité dans la foi, dans l’espérance, dans la charité, unité dans les sacrements, dans le ministère : ce sont comme des piliers qui soutiennent et tiennent ensemble l’unique grand édifice de l’Église. Où que nous allions, même dans la plus petite paroisse, dans le coin le plus perdu sur cette terre, nous trouvons l’unique Église ; nous sommes chez nous, nous sommes en famille, nous sommes entre frères et sœurs. Et ceci est un grand don de Dieu ! L’Église est une seule pour tous. Il n’y a pas une Église pour les Européens, une pour les Africains, une pour les Américains, une pour les Asiatiques et une autre pour ceux qui vivent en Océanie, mais c’est partout la même. C’est comme dans une famille : on peut être loin, répartis dans le monde, mais les liens profonds qui unissent tous les membres de la famille restent stables quelle que soit la distance.
Je pense à l’expérience des Journées mondiales de la jeunesse, à Rio de Janeiro : dans cette foule interminable de jeunes sur la plage de Copacabana, on entendait parler beaucoup de langues, on voyait des traits de visages très différents entre eux, on rencontrait des cultures différentes, et pourtant il y avait une profonde unité, on formait une unique Église, nous étions unis et cela se sentait. Demandons-nous tous : et moi, comme catholique, est-ce que je sens cette unité ? Comme catholique, est-ce que je vis cette unité de l’Église ? Ou bien cela ne m’intéresse pas, parce que je suis fermé sur mon petit groupe ou sur moi-même ? Est-ce que je fais partie de ceux qui « privatisent » l’Église pour leur propre groupe, leur propre nation, leurs propres amis ? C’est triste de trouver une Église « privatisée » à cause de l’égoïsme et du manque de foi. C’est triste ! Quand j’entends dire que tant de chrétiens dans le monde souffrent, est-ce que je suis indifférent ou est-ce que c’est comme si quelqu’un de ma famille souffrait ? Quand je pense ou que j’entends dire que tant de chrétiens sont persécutés et donnent leur vie au nom de leur foi, est-ce que cela touche mon cœur ou bien cela ne m’atteint pas ? Suis-je ouvert à ce frère ou à cette sœur de ma famille qui donne sa vie pour Jésus-Christ ? Prions-nous les uns pour les autres ? Je vous pose une question, mais ne répondez pas tout haut, seulement dans votre cœur : combien de vous prient pour les chrétiens persécutés ? Combien ? Que chacun réponde dans son cœur. Est-ce que je prie pour ce frère, pour cette sœur en difficulté pour confesser et défendre sa foi ? C’est important de regarder à l’extérieur de son propre enclos, de sentir que l’on est l’Église, l’unique famille de Dieu !
2. Faisons un pas supplémentaire et interrogeons-nous : y a-t-il des blessures de cette unité ? Pouvons-nous blesser cette unité ? Malheureusement, nous voyons que, tout au long de l’histoire, et même maintenant, nous ne vivons pas toujours l’unité. Parfois apparaissent des incompréhensions, des conflits, des tensions, des divisions qui la blessent et alors l’Église n’a pas le visage que nous voudrions qu’elle ait, elle ne manifeste pas la charité, ce que veut Dieu. C’est nous qui créons des déchirements ! Et si nous regardons les divisions qui existent encore entre les chrétiens, catholiques, orthodoxes, protestants… nous éprouvons la difficulté à rendre pleinement visible cette unité. Dieu nous donne l’unité, mais souvent, nous avons du mal à la vivre. Il faut chercher, construire la communion, éduquer à la communion, à dépasser les incompréhensions et les divisions, à commencer par notre famille, par les réalités ecclésiales, et aussi dans le dialogue œcuménique. Notre monde a besoin d’unité, nous sommes à une époque où nous avons tous besoin d’unité, nous avons besoin de réconciliation, de communion et l’Église est la Maison de la communion.
Saint Paul disait aux chrétiens d’Éphèse : « Je vous exhorte donc, moi le prisonnier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l'appel que vous avez reçu : en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité ; appliquez-vous à conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix. » (4,1-3). Humilité, douceur, magnanimité, amour pour conserver l’unité ! Voilà, voilà les routes, les vraies routes de l’Église. Écoutons-les encore une fois. L’humilité contre la vanité, contre l’orgueil, l’humilité, la douceur, la magnanimité, l’amour pour conserver l’unité. Et Paul poursuivait : un seul corps, celui du Christ que nous recevons dans l’Eucharistie ; un seul Esprit, l’Esprit-Saint qui anime et recrée continuellement l’Église ; une seule espérance, la vie éternelle ; une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu, Père de tous (cf. vv. 4-6). La richesse de ce qui nous unit ! Et ceci, c’est une vraie richesse : ce qui nous unit, pas ce qui nous divise. C’est cela la richesse de l’Église. Que chacun se demande aujourd’hui : est-ce que je fais grandir l’unité en famille, en paroisse, en communauté, ou est-ce que je suis mauvaise langue ? Est-ce que je suis un motif de division, de malaise ? Mais vous ne savez pas le mal que font les commérages à l’Église, aux paroisses, aux communautés ! Cela fait du mal ! Les commérages blessent. Avant de faire des commérages, un chrétien doit se mordre la langue ! Oui ou non ? Se mordre la langue : cela nous fera du bien, parce que la langue gonfle et on ne peut plus parler, on ne peut plus faire de commérages. Ai-je l’humilité de recoudre avec patience, avec sacrifice, les blessures faites à la communion ?
3. Enfin, un dernier pas plus en profondeur. Et ça, c’est une belle question : qui est le moteur de cette unité de l’Église ? C’est l’Esprit-Saint, que nous avons tous reçu au baptême et aussi dans le sacrement de la Confirmation. C’est l’Esprit-Saint. Notre unité n’est pas d’abord le fruit d’un consensus, ou de la démocratie dans l’Église ou de notre effort pour nous mettre d’accord, mais elle vient de lui qui fait l’unité dans la diversité parce que l’Esprit-Saint est harmonie, il fait toujours l’harmonie dans l’Église. C’est une unité harmonique dans une très grande diversité de cultures, de langues et de pensées. C’est l’Esprit-Saint le moteur. C’est pourquoi la prière est importante, parce qu’elle est l’âme de notre engagement d’hommes et de femmes de communion, d’unité. La prière à l’Esprit-Saint, pour qu’il vienne et fasse l’unité dans l’Église.
Demandons au Seigneur : donne-nous d’être toujours plus unis, de ne jamais être des instruments de division ; fais que nous nous engagions, comme le dit une belle prière franciscaine, à apporter l’amour là où est la haine, à apporter le pardon là où est l’offense, à apporter l’union là où est la discorde. Ainsi soit-il !
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat