Le blogueur égyptien Kareem Amer, 24 ans, condamné en 2006 à trois ans de prison pour “insulte à l’islam” et un an pour “insulte au président de la république” aura effectué la moitié de sa peine le 6 novembre 2008. Reporters sans frontières demande une fois de plus sa libération.
“Deux ans déjà et rien n’a changé. Sa famille n’est jamais venue le voir. Seule son avocate rapporte des nouvelles d’un moral qui s’amenuise de jour en jour et d’une santé fragile. Ses parents sans doute victimes d’intimidations, ont même publiquement désavoué leur fils et appelé à sa condamnation à mort. Depuis le 1er septembre, les gardiens l’empêchent de sortir de sa cellule. Deux ans, ça suffit ! Il est temps de le libérer”, a déclaré l’organisation.
Le 6 novembre 2006, Kareem Amer a été arrêté en raison d’articles qu’il postait sur son blog (www.karam903.blogspot.com), critiquant la dérive autoritaire du président Hosni Moubarak, ainsi que le fonctionnement de l’université sunnite Al-Azhar, où il étudiait le droit. Sur son site, il avait notamment mis en cause la politique de séparation des sexes en vigueur dans cette université. Il révélait également les pressions subies par certains religieux pour qu’ils soutiennent Hosni Moubarak.
“Un an déjà et je suis toujours privé de liberté. La douleur de l’expérience m’a appris qu’aucun sentiment n’égale celui de l’injustice”, écrivait Kareem Amer, depuis sa prison, en septembre 2007. “Ennemis de la liberté, symboles de l’oppression […], sachez que vos jours s’embrument déjà. L’aube des générations futures pointe. Demain nous appartient”, concluait-il.
A eux seuls, les blogueurs égyptiens représentent près de 30 % des blogueurs de la région. La plupart d’entre eux sont des défenseurs des droits humains, victimes de mesures de dissuasion toujours plus dures. L’Egypte figure en bonne place dans la liste des “Ennemis d’Internet” publiée par Reporters sans frontières. Depuis cet été, les blogueurs qui veulent avoir accès au réseau WiFi (Wireless Fidelity) doivent fournir leur adresse e-mail et leur numéro de téléphone portable avant de pouvoir accéder au World Wide Web. Ce sont des données précieuses pour les publicitaires, les spammeurs… ou les agences de sécurité.
RSF 05.11.2008