qui a fait, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier dernier, 21 morts et 79 blessés.
Dans L'Osservatore Romano du 4 janvier, le cardinal africain évoque un « grave épisode d'intolérance religieuse : contre les chrétiens en premier lieu, mais aussi contre tous les Egyptiens ».
« C'est une confirmation tragique de la vision lucide manifestée par Benoît XVI dans son message pour la Journée mondiale pour la paix 2011 : un texte dans lequel le pape met explicitement en garde contre les dangers que peut comporter pour tous le manque de respect de la liberté religieuse », a-t-il ajouté.
« Un Etat doit défendre ses citoyens, il ne doit pas accepter qu'ils vivent dans la terreur, sans protection. Pour les chrétiens, cela arrive trop souvent, comme s'ils étaient des citoyens privés de citoyenneté », a mis en garde le prélat.
Le cardinal a notamment rappelé que le pays avait très vite pris des « mesures efficaces » après les attentats contre des touristes en Egypte, il y a quelques années. « Je souhaite que les mêmes mesures soient mises en place pour garantir la sécurité des chrétiens », a-t-il affirmé.
« Le monde d'aujourd'hui semble être fatigué de Dieu. Il est moins tolérant, moins disponible vis-à-vis des manifestations de la religion. C'est un monde qui veut éloigner Dieu le plus possible, qui n'est plus capable d'aimer », a observé le cardinal Turkson. « Cela augmente le sentiment d'insécurité, d'impuissance vis-à-vis du mal lui-même. La religion représente cette dimension positive qui ne trouve pas sa place dans le monde ».
Et d'ajouter : « La venue du Christ et sa résurrection ont confirmé ce que Dieu nous a enseigné et continue à nous enseigner : il vaincra le mal, il vaincra la mort. Le chrétien sait donc que la domination du mal est éphémère et passagère ». « Et cela le réconforte – a poursuivi le cardinal – et lui donne une nouvelle force pour ne pas céder au découragement. Mais cette vérité doit toujours être annoncée, prêchée et encouragée. Même si cela en dérange beaucoup ».
Tout en traçant un bilan de sa première année à la tête du dicastère du Vatican, justice et paix, le cardinal a évoqué le drame de la faim qui touche près d'un milliard de personnes.
« C'est un chiffre effrayant. Même s'il faut toujours l'analyser avec beaucoup de précaution », a-t-il estimé. « Sans aucun doute, la faim dans le monde continue à être un scandale, comme le répète le pape. Notamment parce qu'il y aurait la possibilité de nourrir tout le monde ».
A ses yeux, « il y aurait de quoi nourrir le double de la population mondiale. Il faudrait juste un peu plus de solidarité et beaucoup moins d'égoïsme ».
Interrogé sur l'utilisation des OGM comme solution au problème de la faim, le cardinal a évoqué la pression de « certaines multinationales », surtout en Afrique, qui « cherchent et trouvent le consensus d'évêques locaux pour répandre l'utilisation de ces organismes ».
« Pour ma part, je crois que la vraie question n'est pas celle de s'aligner en faveur ou contre les OGM. Il faudrait réussir à comprendre que si un paysan africain se donne la possibilité de semer sur un terrain fertile – pas détruit, dévasté ou empoisonné par le stockage de déchets toxiques – il aura finalement la possibilité de recueillir le fruit de son travail, en mettant aussi de côté une provision de semences afin de pourvoir à l'ensemencement naturel l'année suivante. Il n'y aurait besoin d'aucune ingénierie génétique ». « De cette manière, a poursuivi le cardinal – le paysan ne se verrait pas obligé d'acheter des OGM à l'étranger ».
Et de s'interroger : « Pourquoi contraindre le paysan africain à acquérir des semences produites sur d'autres terres et par d'autres moyens ? Et me vient le doute que derrière tout cela, il y a le jeu habituel de la dépendance économique à maintenir à tout prix ».
« Je ne m'oppose pas aux progrès de la science et de la technologie », a-t-il insisté. « Je dis seulement qu'il faut en évaluer profondément la nécessité effective. Et se demander honnêtement s'il ne s'agit pas plutôt d'un business pour enrichir certains. Un soupçon permis étant données les nombreuses expériences mûries dans mon pays ».
Marine Soreau
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