Reporters sans frontières s’est déclarée profondément indignée suite à la condamnation, le 26 octobre 2008, de Nader Gohar, directeur de l’agence de télévision Cairo News Company (CNC) pour "diffusion sans permis" d’images des émeutes de Mahalla (Nord).
L’agence, qui se voit confisquer son matériel de tournage et de diffusion par la justice, doit par ailleurs verser une amende de 150 000 livres égyptiennes (l’équivalent de 21 000 euros). Nader Gohar a annoncé son intention d’interjeter appel.
"Cette décision de justice signe l’arrêt de mort de la CNC, une agence connue pour sa collaboration avec de nombreux médias étrangers. Les autorités égyptiennes n’essayent même plus de camoufler leur volonté de censurer les médias indépendants et de contrôler l’information. Les images des manifestations de Mahalla, témoignages de protestations sociales, avaient fait le tour du monde. Nader Gohar et son agence paient le prix de cette mauvaise publicité alors même qu’aucune de ses équipes n’est à l’origine des reportages controversés", a déclaré l’organisation.
L’Union de la radiotélévision égyptienne, un organisme étatique, avait porté plainte contre Nader Gohar, suite à la diffusion, le 6 avril 2008, sur plusieurs chaînes internationales, d’images de manifestations dans le Delta (nord de l’Egypte), montrant des individus protestant contre la flambée des prix des produits de première nécessité et s’en prenant physiquement aux portraits du président Hosni Moubarak. Collaborateur privilégié de nombreux médias audiovisuels étrangers – dont France 2, Al-Jazira, Al-Arabiya -, la CNC avait été accusée de leur avoir fourni ces images compromettantes pour les autorités égyptiennes. Des policiers avaient alors effectué une descente dans les locaux de l’agence et confisqué ses équipements audiovisuels.
Contacté par Reporters sans frontières, Nader Gohar a affirmé avoir demandé le renouvellement de son permis de diffusion en 2007. Mais dans l’attente d’une nouvelle loi réglementant l’audiovisuel égyptien, les autorités avaient suspendu le renouvellement des autorisations permettant aux agences de télévision de poursuivre leur travail.
Privée de son matériel et accablée par un procès injustifié, la Cairo News Company a réduit ses activités de près de 70%. L’agence a été obligée de se séparer de la moitié de ses employés.
L’Egypte occupe la 146e place, sur 173, dans le classement mondial de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières le 22 octobre 2008.
RSF 27.10.2008