Reporters sans frontières souhaite obtenir des autorités des explications concernant les motifs et les circonstances de l’arrestation, le 20 janvier 2009 à Ñaño Loma (région de Pichincha, Nord), de Francisco Farinango, de la radio communautaire Radio Intipacho.
Cette arrestation est intervenue en marge de manifestations nationales des communautés indigènes contre la nouvelle loi minière qui, localement, ont viré à l’affrontement avec les forces de l’ordre.
“Un contexte de manifestation, voire d’émeute, rend difficilement vérifiable l’allégation selon laquelle Francisco Farinango aurait ‘incité’ les membres de sa communauté à se soulever. Pourquoi lui en particulier ? Un journaliste communautaire est, de fait, témoin et acteur d’un événement touchant sa communauté, un témoin peut-être gênant en situation de crise. Nous craignons que l’arrestation de Francisco Farinango ne serve à pénaliser son média et nous demandons aux autorités d’en clarifier les motifs”, a déclaré l’organisation.
Les communautés indigènes de neuf des 24 provinces équatoriennes ont protesté, le 20 janvier, contre les conséquences environnementales sur leurs territoires d’une nouvelle loi permettant l’extraction minière à ciel ouvert. Quelques blocages de routes et des affrontements localisés avec la police ont ponctué cette journée.
C’est en marge d’une manifestation dans la province de Pichincha, où se trouve Quito, la capitale, que Francisco Farinango, de Radio Intipacho, a été arrêté avec trois autres membres de la communauté Tupigachi. Selon des sources policières citées dans la presse nationale, le journaliste est accusé d’avoir “incité” ses compagnons à manifester et devrait comparaître prochainement devant le parquet. Au total, neuf personnes ont été détenues et six autres blessées à l’issue de cette mobilisation.
Par la voix de son ministre de l’Intérieur, Fernando Bustamante, le gouvernement a incriminé une “tentative de déstabilisation du pays et de son gouvernement”. Cette déclaration a suscité un tollé chez les représentants de la Confédération des nationalités indigènes (CONAIE), lesquels ont répliqué en tenant pour responsables de l’intégrité physique des détenus Fernando Bustamante, son homologue à la Sécurité intérieure et extérieure, Gustavo Larrea, et le président de la République, Rafael Correa Delgado.
RSF 21.01.2009