Le document, rédigé entre février et juin, à titre personnel, selon son auteur, est né de son intérêt pour la religion et l'État laïc. Toutefois, des rumeurs fondées suspectent la volonté du gouvernement de le rendre public pour tester la réaction de la population.
Même si le projet n’est pas officiel, pas plus que son passage devant l’assemblée nationale, il circule sur Internet, alarmant certains prêtres qui, dans leurs homélies, ont appelé les fidèles à faire preuve de vigilance devant certaines conceptions « totalitaires qui peuvent porter atteinte aux droits fondamentaux de la liberté de pensée, d’expression et de religion ».
L'auteur souhaite que les institutions religieuses n’interfèrent pas dans les affaires publiques et que l’Etat reste neutre face aux convictions religieuses.
L’Eglise, selon Pablo Villagómez, a agi en toute autonomie et souveraineté parallèlement à l’Etat, et « avec ce projet on cherche à mettre un frein et à rétablir pleinement un Etat démocratique de droits, non de privilèges », a-t-il expliqué.
Selon lui, les convictions peuventêtre manipulées à des fins politiques par un prêtre ou des pasteurs, et l’objectif d’un tel projet est « d’éviter que les institutions religieuses puissent profiter de leur position privilégiée pour faire de la politique ».
L’ancien président de la Conférence épiscopale équatorienne, MgrJosé Mario Ruiz, s’est exprimé sur la question lors de son rendez-vous hebdomadaire sur un quotidien du pays, écrivant que le laïcisme de ce projet « est fanatique, qui prétend imposer une religion sans Dieu ».
Un autre point souligné dans le projet est que les espaces publics ne soient pas utilisés à des fins religieuses.
Pour Pablo Villagómez, ces espaces appartiennent à tout le monde et ne peuvent être utilisés pour l’exercice d’une quelconque pratique religieuse. Cela équivaudrait à privilégier une religion plus qu’une autre et créer des conditions pour un affaiblissement des droits.
Le projet affirme par ailleurs qu’il ne devrait pas y avoir d’écoles catholiques. En outre, il entend interdire aux prêtres de porter leur habit sacerdotal, comme les symboles propres à leur mission en dehors des zones de culte, pour éviter toute « ostentation de la religion qu’ils professent ». Les prêtres, poursuit-il, ne devraient pas avoir accès au commerce, aux moyens de communication, au secteur bancaire, à l’industrie et à l’instruction.
Selon le pasteur évangélique Hernán Arias, ce projet de loi « sort de son contexte le laïcisme équatorien qui est enrichi par la diversité religieuse ».
Organisations sociales et religieuses soutiennent que l’unique objectif poursuivi est la limitation des libertés religieuses.
Nieves San Martín
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