Le Vatican a exprimé sa préoccupation quant à la situation par rapport à l’avortement, de certains hôpitaux de Catalogne dans lesquels l’Eglise est impliquée.
Il l’a fait dans une lettre adressée le 6 juin au prêtre de l’archevêché de Barcelone le P. Custodio Ballesteros qui, le mois dernier, avait fait part au dicastère de son inquiétude face à la pratique d’avortements dans ces hôpitaux et devant, selon lui, le silence de l’Eglise locale.
« Le Conseil pontifical pour les Service de santé (la Pastorale de la santé) est conscient de ce défi surtout pour les hôpitaux catholiques, car ils sont tenus de protéger et défendre la vie humaine dans une culture de mort », indique la lettre.
« La situation de certains hôpitaux catalans par rapport à l’avortement », illustrée par le P. Ballesteros dans un dossier volumineux remis au dicastère, « préoccupe l’Eglise universelle », indique le sous-secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, monseigneur Jean-Marie Mupendawatu.
Dans sa lettre, écrite à la demande du président du dicastère, l’archevêque Zygmunt Zimowski, et à laquelle Zenit a eu accès, il explique que l’organisme du Vatican avait déjà reçu des informations sur cette situation en Catalogne à d’autres occasions « et que nous avons pu nous entretenir avec les responsables ».
Le Conseil pontifical exhorte ces personnes responsables « à vérifier les faits en détail pour que l’on puisse, dès que possible, chercher des solutions concrètes à d’éventuels problèmes identifiés », ajoute-t-il.
L’Hôpital San Pablo de Barcelone et l’hôpital général de Granollers figurent dans le registre officiel du ministère de la santé comme centres de santé qui ont déclaré des avortements légaux en 2009.
Compte tenu de cette réalité, « la direction de l’hôpital a ordonné au Service de Gynécologie-obstétrique de ne pas pratiquer d’avortements », a rapporté le 21 juin à ZENIT un porte-parole de l’archidiocèse de Barcelone.
Dès août dernier, les représentants du chapitre de la cathédrale de Barcelone à l’hôpital San Pablo ont déclaré qu' « ils se sont toujours prononcés en faveur de la vie humaine dès le moment de sa conception et œuvrent pour que ce principe puisse prévaloir dans les actions de l’hôpital ».
Ils ont expliqué que, dans cet hôpital de Barcelone, « conformément aux principes éthiques qui l’ont inspiré depuis sa fondation, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est pas pratiquée, même si exceptionnellement peuvent intervenir des circonstances médicales qui conduisent à des actions susceptibles d’entraîner la perte du fœtus ».
Et ils ont affirmé que, en cas de violation de l’un ou l’autre des principes éthiques et moraux de l’Eglise catholique que le fonctionnement de l’hôpital est tenu de respecter par convention, « les mesures appropriées seront prises en vue de leur respect ».
De son côté, l’évêché de Terrassa a condamné publiquement la réalisation d’avortements dans l’hôpital de Granollers et demandé qu’il soit un centre exempt de ces pratiques, même si pour le moment aucun changement dans ce sens n’a été constaté, a indiqué à ZENIT le secrétaire général et chancelier de cet évêché, Fidel Catalán.
Le même porte-parole affirme qu’il a « consulté ses supérieurs », mais qu’il n’a toujours pas reçu de réponse officielle.
Dans l’administration de l’hôpital San Pablo sont représentés à parts égales l’archevêché, la Ville de Barcelone, et la Generalitat de Catalogne.
Au conseil d’administration de l’hôpital de Granollers, le vice-président est nommé par la paroisse de Sant Esteve de Granollers, relevant de l’évêché de Terrassa, et parmi ses membres figure le curé de cette paroisse.
En vertu de la loi
En Espagne, selon la Loi organique relative à la santé sexuelle et reproductive et à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), entrée en vigueur au mois de juillet dernier, « la prestation sanitaire de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) doit être effectuée dans des centres du réseau de santé publique ou liée par convention à celui-ci ».
La loi stipule que « l’accès à la prestation sera garanti à toutes les femmes » et fixe le délai maximum pour avorter librement à quatorze semaines de grossesse, et à vingt-deux semaines avec une avec prescription médicale.
En outre, cette loi prévoit l’objection de conscience pour les personnes à titre individuel, pas pour les centres.
Dès l’entrée en vigueur de la loi, certains hôpitaux ont été soumis à une pression accrue pour qu’ils réalisent des avortements, a expliqué à ZENIT le vice-président du conseil d’administration du Sant Hospital de La Seu d'Urgell et curé de la paroisse de cette ville des Pyrénées, le P. Xavier Parès.
« Lors d’une réunion du conseil d’administration il y a six mois, un médecin a affirmé que, jusqu’à maintenant, cet hôpital n’effectuait pas d’avortements mais qu’à long terme, il sera contraint de le faire, a expliqué le prêtre -. J’ai dit que nous ne pouvions pas autoriser cette pratique dans un hôpital où l’Eglise siège au conseil d’administration, et tous sont restés silencieux ».
Au conseil d’administration de cet hôpital régional, le vice-président, le secrétaire et deux membres du conseil appartiennent à l’Eglise. « Nous combattrons pour que la vie soit respectée et que ne soient pas pratiqués des avortements », a ajouté le P. Parès.
Le P. Custodio Ballesteros a declaré à ZENIT qu’il a eu des entretiens à Rome avec d’éminents représentants du Vatican qui lui avaient indiqué que si l’Eglise est dans un hôpital, il ne peut pas y avoir d'avortements, et s’il y en a, l’Eglise doit se retirer.
Pour le P. Ballesteros, l’Eglise doit renoncer aux fonds publics pour préserver sa liberté même si cela doit diminuer la quantité de ses hôpitaux.
Les pilules
La distribution de pilules abortives (la RU-486 et la pilule du lendemain) concerne un nombre croissant d’hôpitaux cogérés par l’Eglise.
Pour cette raison, à l’hôpital de Sant Celoni, situé dans le diocèse de Terrassa, le vice-président du conseil d’administration, le père Ignasi Fuster, a démissionné de sa charge en considérant que l’Eglise doit se retirer d’un hôpital où se pratiquent des avortements.
A l’Hôpital San Juan de Dios de Esplugues de Llobregat a été distribuée également la pilule du lendemain avant sa vente dans les pharmacies, a communiqué à ZENIT son aumônier Miguel Martín Rodrigo, délégué de la pastorale de la santé de l’évêché de Sant Feliu.
La religieux a déclaré en même temps que, dans cet hôpital, jamais aucun avortement n’a été pratiqué.
En outre, a-t-il ajouté, l’Ordre des Frères de saint Jean de Dieu a toujours dit qu’il n’y aura pas d’avortements dans l’hôpital et que « la Generalitat nous respecte ».
Dans la liste des Centres de référence d’Attention à la santé sexuelle et reproductive de la Generalitat et d’information pour la réalisation de l’interruption volontaire de grossesse, figurent plusieurs établissements hospitaliers auxquels participe l’Eglise.
Entre autres, figurent l’Hôpital San Juan de Dios de Esplugues de Llobregat, l’Hôpital Residencia San Camilo de Sant Pere de Ribes, le Sant Hospital de La Seu d'Urgell et l’Hospital de Santa Tecla de Tarragona.
zenit