Reporters sans frontières est satisfaite de la décision du juge Jeffrey White, de la cour fédérale de San Francisco, qui a décidé, le 29 février 2008, de rétablir l’accès au site Internet Wikileaks, dont le nom de domaine était bloqué depuis près de deux semaines.
Il a reconnu avoir fait "une erreur" en demandant la fermeture totale du site plutôt que le retrait des documents qui posaient problème. Depuis le 6 février, une procédure judiciaire avait été entamée car un internaute avait posté sur ce site collaboratif, des documents confidentiels faisant référence aux activités de la banque suisse Julius Baer aux îles Caïmans.
"Il s’agit d’un bon signe pour la liberté d’expression sur Internet. La fermeture du site était totalement abusive. Nous sommes satisfaits de l’issue de cette affaire",a déclaré l’organisation.
16.02 – Reporters sans frontières s’inquiète de la fermeture du site Internet WikileakS
Reporters sans frontières s’étonne de la décision du juge Jeffrey White de la Cour de Californie de bloquer temporairement l’accès à certaines versions du site Internet WikileakS (http://wikileaks.be/wiki/Wikileaks), basé aux Etats-Unis. Depuis le 6 février 2008, une procédure judiciaire oppose la banque suisse Julius Baer & Co au site Internet Wikileaks et à son hébergeur Dynadot pour "publication d’information confidentielle". Des documents faisant état de supposées activités offshore de la banque aux îles Caïman ont été publiées sur le site au début du mois. Le cas devrait être réexaminé le 29 février.
"C’est la première fois, semble-t-il, qu’une cour américaine prend la décision de fermer tout un site en raison de la publication de certains documents. Dans sa décision, le juge demande également que les documents dont la publication gêne la banque soient retirés. Pourquoi ne pas s’en être contenté ? WikileakS est un site qui, au départ, permet à des dissidents de publier des documents considérés "sensibles" dans leur pays. L’affaire Julius Baer ne doit pas empêcher d’autres informations essentielles d’être rendues publiques", a déclaré l’organisation.
La décision du juge a été rendue le 15 février 2008. Ce n’est pas la première poursuite judiciaire à laquelle WikileakS est confronté. En novembre 2007, la Cour de Justice de Grande- Bretagne avait déjà demandé la fermeture du site Internet pour les mêmes raisons, concernant le cabinet londonien d’avocats et de consultants en affaires publiques Schillings.
Lancé en janvier 2007, Wikileaks se définit comme étant une "version non censurable de Wikipédia", sans avoir de lien direct avec l’encyclopédie collaborative en ligne. En utilisant des données cryptées ainsi que le logiciel de contournement de censure Tor, le site permet à ses participants de publier des documents en tout anonymat. Les fondateurs et auteurs de ce site restent très discrets et ont simplement déclaré qu’il s’agissait d’une décision "anticonstitutionnelle" et que "WikileakS continuera à publier les documents prouvant les pratiques illicites de certaines banques".
Contactée par Reporters sans frontières, la banque Julius Baer & Co n’a fait aucun commentaire mais souligne l’importance de cette procédure pour la protection des intérêts de l’entreprise.
Télécharger la décision de la Cour (en anglais)
Reporters sans frontieres- 3/3/2008