dans son intervention durant une soirée débat organisée, à Bruxelles, par la Commission des Episcopats de l'Union Européenne (COMECE) qui fête cette année son 30ème anniversaire.
« Façonner l'Europe de demain », était le thème de cette soirée, organisée en marge des deux jours de travaux de l'assemblée plénière d'automne de la COMECE (du 24 au 26 novembre), sur « le populisme en Europe ».
Dans son discours, Mgr Fisichella a souligné l'importance de reproposer la foi chrétienne à l'Europe, comme faisant partie non seulement de son passé, mais aussi de son avenir.
« C'est un piège où nul d'entre nous ne devrait tomber que d'imaginer l'union européenne en oubliant que ses racines puisent dans cette foi où les différents peuples ont trouvé la coexistence et le progrès », a-t-il affirmé.
« [Nous européens] n'avons pas qu'une seule langue, et nous avons des traditions culturelles et juridiques différentes ; cependant le christianisme est notre dénominateur commun ».
« C'est pour cela que notre avenir ne doit pas faire illusion : L'Europe ne sera jamais réellement unie tant qu'elle se coupera de son passé. Il ne sera jamais possible d'imposer à des citoyens si différents un sentiment d'appartenance à une réalité sans racine et sans âme ».
Mgr Fisichella a insisté sur le fait que « seule une identité forte et partagée par tous sera capable de vaincre toutes formes de fondamentalisme et d'extrémisme » qui atteignent les pays de ce continent « de façon récurrente ».
Aussi a-t-il souligné la nécessité de sortir « d'une forme de neutralité où l'Europe s'est enfermée refusant de prendre position face à elle-même et à son histoire », faisant remarquer que cette neutralité, teintée d'un « antichristianisme toujours plus présent ces dernières années en différents secteurs de la société », tranche avec « l'attention bienveillante manifestée à l'égard des autres religions ».
« Tant que l'Europe aura honte d'elle-même, de ses racines et de l'identité chrétienne qui la soude encore, elle n'aura pas d'avenir », a-t-il averti, convaincu qu'« elle ne pourra alors qu'avancer vers son déclin » et que « si la sphère politique est incapable d'effectuer un saut de qualité en vue de retrouver un système de valeurs sûr qui aille plus loin que les idéologies, la construction ne progressera pas ».
L'Europe vers l'euthanasie?
Mgr Fisichella a ensuite constaté que l'Europe, dans sa recherche de solutions, continue à marcher vers sa propre perte, avec des lois et des mesures qui vont contre ses valeurs.
« Le vieillissement de la population européenne évoque l'hiver de cette union qui a choisi le déclin en imposant aux plus faibles la loi du plus fort », a-t-il souligné en se référant aux premiers débats sur le droit à l'euthanasie, qu'il voit comme une « illusion dernière » de la société européenne actuelle.
Quoiqu'il en soit, a-t-il ajouté, « il s'agit là d'une pente trop glissante pour être considérée comme un droit, alors qu'elle cherche à cacher la peur et la violence du néant, pour n'avoir pas su donner un sens plénier à l'existence ».
Il faut recommencer à soutenir la famille, a déclaré Mgr Fisichella, « et si on ne le fait pas par conviction, qu'on le fasse au moins pour des raisons économiques », pour « enrayer le déclin de la responsabilité sociale, trop souvent vérifiée ».
L'autre défi urgent souligné par le responsable du Saint-Siège, est « le primat de la vie humaine, du premier instant jusqu'à sa fin naturelle », qui est « une prise de conscience urgente face à la dénatalité et au mépris de la vie qui va jusqu'à mettre en cause la survivance de la civilisation ».
Le modèle économique auquel on assiste aujourd'hui, véhicule par ailleurs « une perspective de marché qui semble ruiner des conquêtes sociales chèrement acquises au long des décennies », a-t-il ajouté.
Responsabilité des catholiques
Pour Mgr Fisichella s'impose à l'horizon « l'exigence de créer un nouvel humanisme qui fasse la synthèse entre ce que nous avons reçu de notre histoire et la sensibilité actuelle ».
« Nous catholiques, nous ne reculerons pas face à cette prise de responsabilité, et nous n'accepterons pas d'être marginalisés, a-t-il poursuivi. Nous croyons au contraire que notre contribution est essentielle pour que le processus puisse aboutir positivement ».
« Sans la présence significative des catholiques, l'Europe s'appauvrit. Elle s'isole et devient moins attirante ».
« Nous catholiques, voulons apporter notre propre contribution comme nous l'avons fait dans le passé, a-t-il conclu. Le destin des peuples et des personnes nous tient à cœur, car notre histoire a fait de nous des ‘experts en humanité' ».
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