Les participants se disent solidaire notamment avec les chrétiens du Moyen Orient et en particulier en Égypte et en Syrie et préoccupés par de la violence qui fait de nombreuses victimes parmi les chrétiens au Nigeria.
Dans leur communiqué final, les participants à la réunion, qui célébraient aussi les 40 ans de la création de leur comité conjoint, la plus haute instance de dialogue entre la KEK et le CCEE, mettent l’accent sur « la nécessité » d’un engagement œcuménique qui implique tous les chrétiens, et pas uniquement un petit nombre de spécialistes.
Ils appellent les chrétiens de toutes confessions à un « témoignage commun » pour faire face aux nouveaux défis spirituels, démographiques, politiques et économiques qui se posent aujourd’hui au vieux continent.
Dans son allocution d’ouverture, rapporte le communiqué, le président de la KEK, le métropolite Emmanuel de France, a fait observer que la crise économique actuelle est un phénomène qui « suscite des questions quant à la capacité de l’Europe de mettre en œuvre une politique durable pour l’Union Européenne ».
« Œuvrer en faveur de l’œcuménisme n’est pas seulement un effort humain », a dit pour sa part le président du CCEE, le cardinal Péter Erdő, primat de Hongrie, précisant : « C’est aussi une tâche spirituelle qui requiert les prières de tous les chrétiens, conscients que l’unité visible est un don de Dieu ».
Pour le Rév. Alister McGrath, professeur de théologie au King’s College de Londres, les Eglises doivent montrer qu’ « elles sont porteuses d’un message de modération, tant historique que contemporain », tout en se montrant « capables de créer du capital social, de promouvoir la tolérance, et surtout d’encourager des modes de penser qui évitent le fanatisme ».
Dans certaines régions d’Europe, le « nouvel athéisme » s’est accompagné d’un nouvel intérêt pour la question de Dieu, a-t-il observé. Pour les Eglises c’est une occasion pour participer au débat intellectuel et pour montrer que la foi chrétienne représente un bien pour la société.
Le professeur Gian Carlo Blangiardo, professeur de démographie à l’université de Milan Bicocca, s’est quant à lui penché sur les défis démographiques auxquels sont confrontées les Eglises et la société, selon la même source. Soulignant les changements démographiques dus à une forte baisse de la natalité dans les pays européens et donc, au vieillissement de la population, et conduisant à de nouveaux modèles de vie familiale (baisse du taux de nuptialité et hausse du nombre d’enfants naissant hors mariage), il a demandé aux Eglises de trouver des moyens pour fortifier la famille.
Dans une autre intervention, la Rév. Cordelia Kopsch d’Allemagne, vice-présidente de la KEK, a demandé aux Eglises de «résister à la tentation de réduire leur présence dans la sphère publique », expliquant que c’est « la crédibilité de leur témoignage public qui est en jeu ».
Mgr Matthias Heinrich, évêque auxiliaire de Berlin, a pour sa part insisté sur l’importance de « transmettre le message chrétien en paroles et en actes », laquelle transmission nécessite d’une « évangélisation intérieure » pour renforcer la foi des chrétiens au sein de l’Eglise et les préparer à l’« évangélisation extérieure » de la société.
« Une Eglise qui évangélise doit être ouverte et ne pas craindre d’être présente dans le domaine public », a dit Mgr Heinrich, et cette présence ne saurait se réaliser que « par le témoignage des chrétiens dans leur milieu de travail et de vie, et par la présence de l’Eglise dans la sphère publique».
Un concept partagé par le Rév. Rauno Pietarinen, de l’Eglise orthodoxe de Finlande. Pour lui, « l’Eglise doit être capable de faire naître l’espérance même dans les situations que les hommes jugent désespérées ». Et partagé par Mgr Jozef Michalik, archevêque de Przemysl, qui a insisté sur la nécessité d’ « une présence constante » des chrétiens dans la vie publique, estimant que, dans nombre de domaines, le monde attend « un témoignage du courage de la foi ».
Au cours de cette rencontre de trois jours, le Comité conjoint a entendu les rapports sur la situation économique et politique en Europe, sur le travail des Eglises auprès des tziganes, et sur les perspectives de coopération dans le dialogue avec les musulmans d’Europe.
Isabelle Cousturié
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