dans son intervention, vendredi 18 février, à la rencontre annuelle du Comité conjoint de la Conférence des Eglises d'Europe (KEK) et du CCEE, qui s'est déroulée du 17 au 20 février à Belgrade, en Serbie.
Après la rencontre de 2009 qui portait sur la sauvegarde de la création et celle de 2010 sur les migrations, cette année le thème abordé est la paix et la contribution que les chrétiens sont appelés à apporter pour sa pleine réalisation.
Dans son intervention, le cardinal Erdo a parlé d'un « abus » du concept de paix et mis en garde contre le risque de ne pas savoir « faire la distinction entre le vocabulaire utilisé et les vrais objectifs que visent certains groupes d'intérêt, partis ou mouvements ».
« Pouvons-nous parler de paix quand, dans le monde, des personnes sont pourchassées pour leur nationalité ou leur religion ? » interroge-t-il. « Comment parler de paix dans des pays où de si nombreux chrétiens sont privés de liberté religieuse et menacés dans leur propre existence physique, objets de graves formes de discrimination (psychologique, économique et culturelle) qui peuvent se traduire parfois en véritables persécutions ? ».
Pour le cardinal Erdo, il faut rechercher de « nouveaux modes efficaces de solidarité » entre les personnes.
Pour beaucoup, a-t-il ajouté, le mot « paix » signifie aussi « une certaine tolérance, ou un accord tacite d'observer réciproquement ‘une paix' tant que les droits individuels sont respectés ».
Un concept de « tolérance superficielle est insuffisant », a-t-il estimé.
Le chemin du Seigneur
Rappelant que la paix laissée et souhaitée par le Seigneur est basée sur « la vérité de Dieu et de l'homme », et qui appelle à « découvrir la beauté et la richesse des diverses formes d'identité et de communion », le cardinal Erdo a relevé les trois éléments incontournables à reconnaître pour y arriver :
Le premier, a-t-il expliqué, est « l'importance vitale de reconnaître que, dans la famille et la société, chaque individu est diffèrent » et que cela n'est pas en contradiction avec l'aspiration de tous à jouir des mêmes droits.
Il est important aussi, deuxième élément selon le cardinal Erdo, de reconnaître « la valeur des nations en tant que communautés de langue, d'histoire, de culture, d'expériences historiques, de traditions religieuses », « dans un monde qui tend à oublier ses racines et finit par se transformer en une masse indistincte de consommateurs uniformisés, ou alors qui se réfugie, se sentant menacé, dans le nationalisme ou l'extrémisme ».
« Le vrai citoyen responsable, justement parce qu'il connaît et aime sa culture, sa langue et sa patrie, est en mesure de respecter et valoriser l'héritage culturel des autres », a-t-il insisté.
Enfin, le troisième élément à reconnaître est le fait que la paix « a assurément aussi une dimension économique », au regard de la récente crise qui, selon le cardinal Erdo, a montré que « la quête effrénée d'un profit toujours plus grand n'est pas capable de garantir un ordre économique durable ».
Dans ce contexte, a-t-il conclu, les chrétiens ont devant eux « un grand défi » à relever : celui de découvrir, de vivre et d'appuyer les initiatives en vue du vrai bien de la personne. Le bien commun des travailleurs et des consommateurs, ne s'excluent pas, ils s'enrichissent mutuellement, dans la solidarité et la subsidiarité ».
Œcuménisme
Pour en revenir à la rencontre KEK /CCEE de Belgrade, le cardinal Erdo a ensuite souligné que celle-ci était « un signe important » du désir de paix des chrétiens, mais a rappelé aussi que « l'unité des Églises chrétiennes ne saurait se construire sans un ‘accord de paix' confessionnel sur le plus petit dénominateur commun ».
Renvoyant aux paroles du Pape qui, durant la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, a reconnu tout le chemin œcuménique parcouru durant ces dernières décennies, mais aussi ce qui lui manquait pour arriver à « cette unité pour laquelle le Christ a prié », le cardinal Erdo a insisté sur l'importance de vaincre « la tentation de la résignation et du pessimisme » et de « continuer à marcher avec passion » vers cette unité.
Il a souhaité pour cela un dialogue « sérieux et rigoureux » pour approfondir le patrimoine théologique, liturgique et spirituel commun à tous les chrétiens, grâce à la connaissance réciproque, à la formation œcuménique des nouvelles générations mais surtout, à la conversion du cœur et à la prière ».
Roberta Sciamplicotti
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