Sheryl Sandberg aura la mission de développer les activités internationales et de monétiser l'audience du site communautaire. Facebook va enfin tirer des revenus de son audience galopante. Le site communautaire a débauché la personne la mieux placée de Silicon Valley pour y parvenir. En effet, Sheryl Sandberg a supervisé pendant six ans les opérations et ventes en ligne de Google,
dont ses programmes de publicité interactive, qui représente 99 % du chiffre d'affaires du géant de la recherche sur Internet. Âgée de 38 ans, elle a été nommée directrice générale de Facebook mardi et officiera en qualité de numéro deux du PDG et fondateur du site, Mark Zuckerberg, 24 ans.
Cette nomination est cruciale pour Facebook, qui a connu une croissance exponentielle de son audience au cours des dix-huit derniers mois. Au début de l'année, le site communautaire a démarré son déploiement international en Espagne, élargissant encore davantage son audience. Aujourd'hui, il cherche à nouer des partenariats, notamment avec l'industrie de la musique, pour créer un service attractif qui garantisse sa pérennité. Ces deux ambitions nécessitent d'importantes ressources financières.
Or, avec un chiffre d'affaires estimé à seulement 150 millions de dollars par la presse américaine, Facebook est encore loin de justifier la valorisation de 15 milliards de dollars issue d'une prise de participation par Microsoft de 1,6 % du capital pour 240 millions de dollars. Son programme publicitaire Beacon, qui devait garantir les recettes du site, a été significativement réduit après avoir provoqué un tollé chez les membres du site, inquiets pour leur vie privée.
Doubler le chiffre d'affaires
Pour Mark Zuckerberg, son nouveau bras droit dispose de l'«expérience pertinente dans le développement commercial d'activités et l'établissement de nouveaux réseaux publicitaires». Pour «permettre à Facebook de déployer des opérations d'envergure à l'international ». Les services marketing, communication, ressources humaines et les questions de confidentialité seront également de son ressort.
Car seule la transformation de la bouillonnante jeune pousse technologique en modèle économique viable permettra à Facebook de se coter en Bourse. Ce projet est attendu d'ici à 2010 par les observateurs de la Silicon Valley, qui voient en Facebook un trublion susceptible de transformer Internet, comme Google le fit en son temps. Alors que Facebook espère doubler son chiffre d'affaires à 300 millions de dollars en 2008, d'aucuns rappellent ainsi que Google revendiquait déjà 400 millions de dollars de recettes lors de sa quatrième année d'exercice.
De même, l'investisseur Roger McNamee aurait encouragé Sheryl Sandberg à rejoindre Facebook, estimant que «c'est l'occasion de faire quelque chose de transformateur dans une des plus importantes entreprises de Silicon Valley». Gideon Yu, ancien directeur financier de YouTube, filiale de Google, a rejoint Facebook pour les mêmes raisons. Nul doute que cette fuite des cerveaux de l'ancien enfant chéri d'Internet vers la nouvelle coqueluche du Web promet d'agiter encore le comté.
Le figaro- 6/3/2008