Un message pour les jeunes et aux jeunes
Benoît XVI ne s’adresse pas seulement aux “éducateurs” au sens large, il s’adresse aussi directement aux jeunes: “J’invite particulièrement les jeunes, qui maintiennent toujours vive la tension vers des idéaux, à avoir de la patience et de la ténacité dans la recherche de la justice et de la paix, dans l’éducation du goût pour ce qui est juste et vrai, même si cela peut comporter des sacrifices et aller à contre-courant”.
Et si Benoît XVI dit sa confiance dans les jeunes, il commence son message en invitant à la confiance pour l’année qui vient, même si 2011 a suscité bien des “frustrations”.
Le pape en appelle à la responsabilité des parents – évoquant leur indispensable “présence” auprès des enfants et des jeunes -, à la responsabilité des familles, du monde de l’éducation, des mondes de la politique, de l’économie, de la culture et des medias.
Pour le cardinal Turkson le mot “responsabilité” est une clef de ce message. Un autre élément important, souligne-t-il est que le pape appelle à une formation “constante”, qui suppose un “dialogue régulier” avec les jeunes et une vraie “communauté” éducative. Surtout, le pape ne les considère pas, dit-il, comme des sujets “passifs” de l’éducation, mais comme des “acteurs” en qui il a “confiance”.
Aider les jeunes concrètement
Mgr Toso a fait observer que le pape indique des lignes directrices, mais que son message, assez bref et facile à lire, doit être développé en référence aux « grands discours », comme ceux de Ratisbonne ou de Westminster. Il renvoie aussi au Compendium de la Doctrine sociale catholique.
Et si, convient-il, lors de l’échange avec la presse, le pape a en mémoire les jeunes du “printemps arabe” et leur soif de démocratie, il ne faut pas oublier que les “démocraties” occidentales ont aussi du chemin à faire, pour ne pas tomber dans ce qu’il appelle le “populisme oligarchique”. La recherche de la justice doit être sans cesse être à l’enseigne de la justice “pour tous”. Il rappelle les principes clefs de l’enseignement social de l’Eglise: recherche du bien commun et subsidiarité.
Mgr Toso, salésien de don Bosco, souligne aussi que le pape vit encore de son expérience de la JMJ de Madrid, en août dernier, “pour les jeunes” et “avec les jeunes”. Et il insiste sur l’exigence rappelée par le message d’ “aider concrètement” les jeunes. Il suggère des initiatives comme la création par les Eglises locales d’un “fond pour les jeunes au chômage”. Il appelle à sensibilisation des “mentalités” vis-à-vis des jeunes, et à une vraie “mobilisation” en leur faveur. Il faut, di-t-il, “faire bouger la société civile” par des “réalisations exemplaires”.
La bonté de Dieu
Le pape demande aussi aux jeunes de s’appuyer sur le bonté de Dieu pour s’engager efficacement pour la paix et la justice: “Je veux dire à tous avec force, et particulièrement aux jeunes: « Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde, mais c’est seulement le fait de se tourner vers le Dieu vivant, le garant de ce qui est véritablement bon et vrai… [le fait de] se tourner sans réserve vers Dieu, qui est la mesure de ce qui est juste et qui est, en même temps, l’amour éternel. Qu’est-ce qui pourrait bien nous sauver sinon l’amour? » L’amour se réjouit de la vérité, il est la force qui donne la capacité de s’engager pour la vérité, la justice et la paix, car il excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout”.
Surtout, le pape dit sa confiance et la confiance de l’Eglise dans les jeunes et il leur demande de ne pas céder au nihilisme ambiant qui porte au pessimisme, au découragement: “Chers jeunes, vous êtes un don précieux pour la société. Face aux difficultés, ne vous laissez pas prendre par le découragement et ne vous complaisez pas dans de fausses solutions, qui, souvent, se présentent comme la voie la plus facile pour résoudre les problèmes.”
N’ayez pas peur de vous engager
Il redit “n’ayez pas peur de Jean-Paul II, comme souvent lorsque le pape s’adresse aux jeunes, et les exigences de la recherche authentique de la paix et de la justice: “N’ayez pas peur de vous engager, d’affronter l’effort et le sacrifice, de choisir des chemins qui exigent la fi délité et la constance, l’humilité et le dévouement. Vivez avec confiance votre jeunesse et les désirs profonds de bonheur, de vérité, de beauté et d’amour vrai que vous éprouvez! Vivez intensément cette phase de la vie si riche et pleine d’enthousiasme.”
Plus encore, le pape rappelle que l’éducation n’est pas à sens unique mais a un mouvement circulaire: les jeunes à leur tour deviennent des modèles pour les adultes! C’est peut-être dans ce passage que se manifeste le plus la confiance effective que le pape place dans les jeunes, et peut-être là aussi que le pape se révèle lui-même comme un éducateur hors pair: “Prenez conscience d’être vous-mêmes des exemples stimulants pour les adultes. Plus vous vous efforcez de vaincre les injustices et la corruption, plus vous désirerez un avenir meilleur et vous vous engagerez à le construire, alors vous le serez vraiment.”
Les hirondelles du printemps
Car Benoît XVI éducateur des jeunes s’appuie sur le potentiel qu’il voit et éveille en eux et sur la présence universelle de l’Eglise auprès des jeunes: “Ayez conscience de vos potentialités et ne vous repliez jamais sur vous-mêmes, mais sachez travailler pour un avenir plus lumineux pour tous. Vous n’êtes jamais seuls. L’Église a confiance en vous, elle vous suit, elle vous encourage et désire vous offrir ce qu’elle a de plus précieux : la possibilité de lever les yeux vers Dieu, de rencontrer Jésus Christ, Celui qui est la justice et la paix.”
Ce message est publié à la mi-décembre pour laisser les temps aux nonces, aux conférences épiscopales, et aux ambassadeurs, aux commissions Justice et Paix, de le diffuser, a rappelé le cardinal Turkson.
Mgr Mario Toso a cité en conclusion cette image de Giorgio La Pira – historique maire de Florence mort en odeur de sainteté – que les jeunes sont les “hirondelles du printemps”. Ils sont porteurs de “grandes valeurs” et “stimulent” la société en donnant un “coup d’aile” vers l’avenir, avec “la force de Dieu”, qui “donne son amour” et est le “garant de notre liberté”.