Le pape a célébré sa messe du matin, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, en présence d’employés de l’Autorité d’information financière (AIF) et des Musées du Vatican.
Il a commenté l’Evangile, où le Christ enseigne : « Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l'autre » (Mt 5,38-42).
« L’histoire de la gifle est devenu un classique pour rire des chrétiens », a-t-il fait observer. Dans la vie, la « logique normale » enseigne qu’il faut « lutter, défendre sa place » et si on reçoit une gifle, il faut « en donner deux, pour se défendre ».
« La justice qu’apporte Jésus est une autre justice totalement différente de l’œil pour oeil, dent pour dent. C’est une autre justice ». Elle se comprend avec les paroles de saint Paul dans la deuxième lecture (2 Co 6,1-10) : les chrétiens sont « des gens démunis de tout » qui pourtant « possèdent tout ».
La sécurité chrétienne réside en ce « tout » qui est Jésus : « Pour le chrétien, le ‘tout’ est Jésus. Les autres choses sont le ‘rien’ ». Et « pour l’esprit du monde le ‘tout’ sont les choses : les richesses, les vanités, les places au-dessus des autres », et « le ‘rien’ est Jésus ».
Si un chrétien peut faire deux-mille pas alors qu’on lui en demande mille, s’il peut « donner son manteau quand on lui demande sa tunique », c’est parce que « pour lui cela n’est ‘rien’ ». C’est le « secret de la magnanimité chrétienne, qui va toujours de pair avec la douceur ».
« Le chrétien est une personne qui élargit son coeur, qui vit avec cette magnanimité, car il a le ‘tout’, qui est Jésus-Christ. Les autres choses sont le ‘rien’ ». Si les autres choses « sont bonnes et utiles », au moment de la confrontation, le chrétien « choisit toujours le ‘tout’ », avec « douceur et magnanimité », signes des disciples de Jésus.
« Le vrai chrétien sait résoudre cette opposition bipolaire, cette tension entre le ‘tout’ et le ‘rien’, comme Jésus l’avait conseillé: ‘Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, le reste viendra » : « Le Règne de Dieu est le ‘tout’, le reste est secondaire, non pas principal. »
« Vivre ainsi n’est pas facile, parce qu’on se reçoit des gifles, hein ?, et sur les deux joues ! Mais le chrétien est doux, le chrétien est magnanime: il élargit son coeur. Les chrétiens avec le cœur réduit, avec le cœur rapetissé, … ce n’est pas le christianisme : c’est l’égoïsme, masqué par le christianisme ».
« Toutes les erreurs des chrétiens, toutes les erreurs de l’Eglise, toutes les fautes naissent de là », c’est-à-dire du choix de mettre le ‘rien’ à la place du ‘tout’. Prendre « une option sur le ‘rien’ », c’est créer la base « des affrontements dans la famille, dans les amitiés, dans la société ». Ces affrontements « finissent par la guerre – pour le ‘rien’!… Le ‘rien’ est semence de guerres, toujours. Car il est semence d’égoïsmes ».
« Suivre Jésus n’est pas facile, ce n’est pas facile. Mais ce n’est pas non plus difficile, car sur la route de l’amour, le Seigneur fait les choses de façon à ce que l’on puisse avancer; le Seigneur élargit le cœur ».
« Devant ces propositions de la gifle, du manteau, des mille pas », le pape invite le chrétien à prier pour que le Seigneur « élargisse son cœur », afin qu’il devienne « magnanime, doux », et qu’il ne lutte pas « pour les petites choses, les ‘rien’ de chaque jour » mais qu’il ait le « tout » en Jésus.
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