Dans sa présentation du "Message de Fatima", de juin 2000 (http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20000626_message-fatima_fr.html), le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, explique la valeur d'une "révélation privée" et son rapport avec la prière officielle de la liturgie de l'Eglise. Le cardinal Angelo Sodano, alors secrétaire d'Etat avait donné lecture du "troisième secret", le 13 mai 2000, en présence de Jean-Paul II et de soeur Lucie. Avant la "révélation" du secret et son interprétation, le cardinal Ratzinger avait confié au secrétaire de la Congrégation romaine, alors Mgr Tarcisio Bertone, de dialoguer avec soeur Lucie, dans le carmel de Coimbra.
Un message de conversion
Pour la vision des martyrs de l'Eglise, le cardinal Ratzinger expliquait: "La vision de la troisième partie du « secret », tellement angoissante à ses débuts, s'achève sur une image d'espérance: aucune souffrance n'est vaine, et précisément une Église souffrante, une Église des martyrs, devient un signe indicateur pour l'homme à la recherche de Dieu. Dans les mains amoureuses de Dieu sont accueillies non seulement les personnes qui souffrent comme Lazare, qui a trouvé une grande consolation et qui mystérieusement représente le Christ, Lui qui a voulu devenir pour nous le pauvre Lazare; mais il y a plus encore: des souffrances des témoins provient une force de purification et de renouveau, parce qu'elle est une actualisation de la souffrance même du Christ, et qu'elle transmet aujourd'hui son efficacité salvatrice."
Mais il pose la question de la signification de l'ensemble de la vision, en rappellent qu'il s'agit d'événements désormais passés, cependant avec un message de conversion et de pénitence toujours actuels: "Que signifie dans son ensemble (dans ses trois parties) le « secret » de Fatima? Que nous dit-il à nous? Avant tout, nous devons affirmer avec le Cardinal Sodano: « Les situations auxquelles fait référence la troisième partie du “secret” de Fatima semblent désormais appartenir au passé ». Dans la mesure où des événements particuliers sont représentés, ils appartiennent désormais au passé. Ceux qui attendaient des révélations apocalyptiques excitantes sur la fin du monde et sur le cours futur de l'histoire seront déçus. Fatima n'offre pas de telles satisfactions à notre curiosité, comme du reste en général la foi chrétienne ne veut pas et ne peut pas être une pâture pour notre curiosité. Ce qui reste, nous l'avons vu dès le début de notre réflexion sur le texte du « secret »: l'exhortation à la prière comme chemin pour le « salut des âmes » et, dans le même sens, l'appel à la pénitence et à la conversion."
"Je voudrais enfin reprendre encore une autre parole-clé du « secret » devenue célèbre à juste titre: « Mon Cœur immaculé triomphera ». Qu'est-ce que cela signifie?", demande le cardinal Ratzinger.
Ce qui change l'histoire du monde
Il répond par le triomphe de qui s'en remet à Dieu comme Marie, à la suite de Marie: "Le Cœur ouvert à Dieu, purifié par la contemplation de Dieu, est plus fort que les fusils et que les armes de toute sorte". la victoire du Coeur de Marie est donc aussi un appel à la liberté de tout chrétien d'entrer dans le dessein d'amour au quotidien de Dieu.
Et d'expliquer: "Le fiat de Marie, la parole de son cœur, a changé l'histoire du monde, parce qu'elle a introduit le Sauveur dans le monde – car, grâce à son « oui », Dieu pouvait devenir homme dans notre monde et désormais demeurer ainsi pour toujours. Le Malin a du pouvoir sur ce monde, nous le voyons et nous en faisons continuellement l'expérience; il a du pouvoir parce que notre liberté se laisse continuellement détourner de Dieu."
C'est un appel à la liberté de chacun: "Mais, depuis que Dieu lui-même a un cœur d'homme et a de ce fait tourné la liberté de l'homme vers le bien, vers Dieu, la liberté pour le mal n'a plus le dernier mot. Depuis lors, s'imposent les paroles: « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance; moi je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Le message de Fatima nous invite à nous fier à cette promesse."
L'attentat et le secret
Le pape Jean-Paul II avait demandé à lire le "troisième secret" après l'attentat du 13 mai 1981, et il a fait sertir la balle qui l'avait frappé dans la couronne de la Vierge à laquelle il a aussi offert l'anneau du cardinal Stefan Wyszynski.
En effet, le 13 mai 1981, à 17 h 17, la main d’Ali Agça a tiré mais "une autre" a dévié la balle, selon l’analyse de Jean-Paul II lui même, qui voit là une intervention de la Vierge Marie: c’était la fête de Notre Dame de Fatima.
Le bienheureux Jean-Paul II a également voulu que le texte du "secret" soit publié le 13 mai 2000 lors de la béatification des pastoureaux Jacinta et Francisco: le message de la Vierge, confié à la troisième voyante, Lucie, devenue Carmélite à Coïmbra et disparure peut de temps avant Jean-Paul II, le 13 février 2005.
A l’occasion de ce voyage, Jean-Paul II a donné à la Vierge de Fatima l’anneau que le cardinal Stefan Wyszynski lui avait offert et sur lequel était gravée sa devise: "Totus Tuus".
La paix, fruit de la conversion
En faisant mettre son pontificat sous la protection de la Vierge de Fatima, ce 13 mai 2013, le pape François mets ses pas dans les pas de ses prédécesseurs, Jean-Paul II et Benoît XVI.
Le principal fruit de la conversion et de la prière demandées par la Vierge c'est la paix: en 1917, ce sera le tournant de la première guerre mondiale.
Et un morceau du Mur de Berlin a été transporté à Fatima, comme signe de la victoire de la prière sur la haine qui avait séparé le monde en deux blocs pendant la Guerre froide: le rideau de l’athéisme n'était pas infranchissable.
Hier encore, lors du Regina Coeli, le pape a appelé de ses voeux la paix en Colombie et au Mexique.
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