« Les Journées que nous organisons sont faites pour découvrir, à travers l'exemple d'Anne, comment les enfants peuvent accéder à la sainteté, avant même l'adolescence et l'âge adulte », affirme le père Guilmard, vice-président d'« Enfance et Sainteté » et moine de Solesmes. « Le monde a besoin de la sainteté des enfants. Il faut la préparer, il faut l'entretenir, il faut en rendre grâces ».
La jeune Anne de Guigné est morte à l'âge de 11 ans, en 1922. Petite fille au « caractère énergique, où le naturel dominait aux dépens de la grâce », elle se convertit à l'âge de 4 ans dans des circonstances dramatiques. En juillet 1915, le père d'Anne vient d'être tué à la guerre. Voyant sa mère en pleurs, Anne souhaite la consoler. « Anne, lui dit sa mère, si tu veux me consoler, sois bonne ! ».
Dès lors, explique le père Guilmard, « l'amour de compassion servit de base à une conversion qui s'épanouit peu à peu en une vie spirituelle à la fois ordinaire (donc imitable par tous) et très profonde (donc exemplaire pour tous) ».
L'exemple d'Anne apparaît aujourd'hui comme accessible à tous. « Au départ ce n'était pas une enfant sage, on l'a vu, encore moins une enfant spirituellement ‘surdouée' », explique le vice-président d'Enfance et Sainteté. Mais elle « s'est aguerrie par l'obéissance et les sacrifices quotidiens ». « Ce fut une enfant convertie, c'est-à-dire s'ouvrant toujours à la grâce et à la volonté de Dieu ».
Connaître Anne de Guigné et la prier
La célébration du centenaire d'Anne de Guigné permettra d'approfondir les différents aspects de la figure d'Anne de Guigné. « Il s'agit que les enfants et leurs aînés découvrent Anne, et qu'ils aient un contact approfondi avec elle pour s'en faire une amie (cf. la catéchèse de Benoît XVI du 25 août 2010) », cite le père Guilmard.
Une des trois journées sera particulièrement consacrée aux enfants. « Les conférences mettront en évidence les différents aspects de la personnalité de la fillette, elle qui doit servir d'intercesseur et de modèle pour les enfants ».
Pour ce moine de Solesmes, « il faut faire connaître Anne pour qu'on la prie ». Il évoque certains traits propres à la sainteté d'Anne, et notamment son « équilibre » : « Rien de guindé, ni aucun phénomène qui sorte de la vie ordinaire des enfants ». Plus concrètement, il cite l'amour qu'Anne avait pour les pécheurs. « Les pécheurs n'aiment pas Jésus. Elle souhaite qu'ils puissent l'aimer ! Seule la pureté d'un enfant, me semble-t-il, peut comprendre la souffrance des pécheurs qui se coupent du bonheur d'aimer vraiment Dieu ».
« Pas de prière, pas de miracle »
Le procès de béatification d'Anne de Guigné s'est ouvert le 21 janvier 1932. Mais à cette époque, explique le père Guilmard, « les esprits n'étaient pas prêts au fait que des enfants soient canonisés ; on objectait surtout que jamais on ne pourrait avoir une preuve décisive de leur sainteté ».
Il fallut attendre 1990, quand Jean-Paul II reconnut l'héroïcité des vertus d'Anne de Guigné, pour que le procès reprenne normalement son cours. « C'était alors l'enfant la plus jeune dont l'Eglise reconnaissait la perfection ».
Aujourd'hui, « les règles instituées par l'Eglise exigent qu'il y ait un miracle attribué à l'intercession d'Anne », poursuit le père Guilmard. « Il faut donc prier pour obtenir de Dieu un miracle qui certifie la sainteté de la fillette. On pourrait dire un peu crûment : ‘Pas de prière, pas de miracle' ».
zenit