À Paris depuis hier, le patriarche Sfeir a rencontré en soirée Terjé Roed-Larsen, après avoir remis à Issam Farès la Croix de Saint-Grégoire le Grand. Il rencontrera demain le président Nicolas Sarkozy et le chef du Quai d'Orsay, Bernard Kouchner.
Le Quai d'Orsay a confirmé hier dans un communiqué que le président Nicolas Sarkozy et Mgr Nasrallah Sfeir évoqueront, lors de la visite officielle du patriarche maronite en France, l'avenir de l'Église catholique au Moyen-Orient.
Dans les cercles proches du Quai d'Orsay et de l'Élysée, on reconnaît aussi une certaine inquiétude française face à l'extrême lenteur de l'activité gouvernementale en raison des tensions et des polarisations que l'on constate au sein de l'équipe ministérielle. Ces cercles ajoutent que ces inquiétudes seront évoquées surtout lors de l'entretien Sfeir-Kouchner, alors qu'à l'Élysée le président français abordera la situation des chrétiens d'Irak et la crainte d'une poursuite des exactions commises contre eux sans que l'on puisse en connaître les auteurs qui restent de ce fait impunis.
Autres point prévus à l'ordre du jour des entretiens politiques franco-libanais de demain : la réaffirmation par Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner du soutien de la France au Liban, à son indépendance et à la sécurité de toutes les familles spirituelles libanaises et en particulier les chrétiens qui devraient, estiment les milieux politiques français, se réconcilier le plus rapidement possible sous la bannière du patriarche et du président Michel Sleiman.
Une personnalité libanaise proche de Mgr Sfeir a laissé entendre que l'invité de la France fera valoir, lors de tous ses entretiens, la primauté de l'État en matière de défense et des grandes décisions nationales et que le chef de l'Église maronite fera part aux responsables français – tant le président Sarkozy, le ministre Kouchner et les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale – de l'inquiétude libanaise face aux menaces israéliennes.
Hier soir, le patriarche a reçu à son hôtel l'émissaire spécial de l'ONU pour l'application de la 1559, Terjé Roed-Larsen, avec qui il a évoqué le processus de paix. Il a par ailleurs eu des contacts privés et confirmé son intention de rencontrer les représentants des organisations et partis politiques libanais en France, notamment les FL, le CPL, le Courant du futur et d'autres groupements dont la section française de l'UCLM.
Au cours de l'après-midi, le patriarche avait présidé une courte cérémonie privée organisée au domicile de l'ancien ministre, Issam Farès, à qui il a remis, au nom du pape Benoît XVI, la Croix de Saint-Grégoire le Grand, pour les nombreux services rendus à l'Église. La journée d'aujourd'hui sera marquée par la grande réception en l'honneur de Mgr Sfeir que donnera au Pavillon Dauphine l'ambassadeur du Liban en France, M. Boutros Assaker.
À Beyrouth
Auparavant dans la journée, le patriarche s'était prêté, comme d'habitude avant son départ, au jeu des questions et réponses à l'aéroport. Il avait notamment affirmé, au sujet de la visite officielle du président Sleiman en Syrie, que « le Liban et la Syrie sont deux pays voisins, et les relations entre eux devrait être bonnes ». Sur la division qui s'était produite, en Conseil des ministres, au sujet des sanctions contre l'Iran, le patriarche a affirmé que les avis différents sont « une chose normale », et d'ajouter : « Certains affirment que le gouvernement devrait avoir un seul avis, et d'autres le contraire ».Le patriarche avait également affirmé qu'il bénira « tout effort pour le bien des gens », en référence à une flottille de la liberté qui se dirigerait vers Gaza, au départ du Liban.
Enfin, commentant l'assassinat de Tony Frangié, dont on commémore le 32e souvenir, le patriarche devait affirmer que cet acte avait été particulièrement déplorable et a souhaité que les différends politiques ne soient plus réglés à coups d'assassinats.
L'orient le jour