Reporters sans frontières condamne énergiquement la condamnation à quatre ans de prison ferme ou une “option d’amende”, par un tribunal de Banjul, de Fatou Jaw Manneh, contributrice du site AllGambian.net, jugée coupable de plusieurs accusations de “sédition” pour un article de 2005 critiquant le président gambien Yahya Jammeh.
“Ce verdict exprime le désir de vengeance personnel du Président envers ceux qui le critiquent, et non une décision de justice équitable. Cette affaire révèle le caractère autoritaire d’un chef de l’Etat connu pour son mépris envers la presse et qui utilise les leviers de la police et de la justice pour servir ses intérêts personnels. Nous sommes soulagés que Fatou Jaw Manneh ait pu réunir la somme nécessaire pour échapper à l’incarcération et réaffirmons notre solidarité avec les journalistes gambiens”, a déclaré l’organisation.
Le 18 août 2008, après plus d’un an de procédure, un tribunal de Kanifing, une localité du Grand-Banjul, présidé par le juge Buba Jawo, a déclaré Fatou Jaw Manneh coupable d’"intention de commettre un acte de sédition" ("intention to commit sedition"), "publication de matériel séditieux" ("publication of seditious words") et "publication de fausses nouvelles dans l’intention de provoquer la peur et d’alarmer l’opinion" ("publication of false news intended to create public fear and alarm").
La journaliste, résidant habituellement aux Etats-Unis mais dans l’impossibilité de quitter le territoire gambien depuis son arrestation, a été condamnée à quatre ans de prison ou une “option d’amende” de 250 000 dalasis (environ 8000 euros), payable dans la journée. Fatou Jaw Manneh est parvenu à réunir la somme et n’ira donc pas en prison, selon des sources locales.
Ancienne journaliste du quotidien privé Daily Observer et collaboratrice du site Internet AllGambian.net, Fatou Jaw Manneh avait été arrêtée le 28 mars 2007 à sa descente d’avion à l’aéroport international de Banjul, alors qu’elle rendait visite à sa famille en raison d’un deuil. Elle a été poursuivie pour la publication d’un article, en octobre 2005, dans lequel elle accusait le président Yahya Jammeh de "réduire notre cher pays en lambeaux" ("tearing our beloved country to shreds") et décrivait le chef de l’Etat comme "un paquet de terreur" ("a bundle of terror").
Le président gambien Yahya Jammeh figure depuis 2005 dans la liste des “Prédateurs de la liberté de la presse” établie chaque année par Reporters sans frontières.
RSF 18.08.2008