Bien connu pour la qualité de ses enquêtes à Skai TV, Tassos Teloglou a été pris à partie par un groupe d’individus alors qu’il couvrait les manifestations qui se déroulaient près de la place de la Constitution à Athènes. Alors qu’il essayait de se dégager, un inconnu a surgi de la foule et l’a violemment frappé au visage et à la tête. Tassos Teloglou a perdu connaissance et a été emmené à l’hôpital. Les premiers examens sont plutôt rassurants, mais le journaliste reste pour l’instant hospitalisé.
Nous sommes à nouveau consternés par l’attitude de certains groupes de manifestants vis-à-vis des journalistes. Tassos Teloglou n’est en rien responsable des difficultés financières que rencontre la Grèce ni des décisions prises par son gouvernement. Il ne faisait qu’exercer son métier en vue d’apporter le maximum d’éclairage sur les manifestations qui émaillent la vie sociale et économique d’un pays en crise. Une démarche qui n’est manifestement pas du goût de tous et qui aurait pu coûter la vie à notre confrère.
Confronté à de nombreuses incertitudes sociales et économiques, les citoyens grecs ont plus que jamais besoin de s’appuyer sur une information fiable et de qualité fournie par des professionnels. Tassos Teloglou bénéficie d’une notoriété médiatique acquise par ce professionnalisme et constitue, avec une grande partie de ses confrères, un de ces vecteurs d’information qu’il nous faut absolument protéger et garantir.
Il est grand temps que les mouvances extrémistes, quelles que soient leurs obédiences, prennent conscience que les agressions contre les journalistes ne constituent en rien « un acte de résistance ». Certains acteurs médiatiques peuvent parfois être légitimement critiqués pour leur manque de professionnalisme. Mais les médias doivent rester des lieux de débat et non des exutoires pour les frustrations de certains.
Nous réitérons par ailleurs notre appel aux autorités grecques pour que des consignes claires soient données aux forces de l’ordre pour permettre à la presse de couvrir librement les manifestations. Il ne serait pas acceptable de revoir des services d’ordre procéder à des charges contre les professionnels des médias ou à des arrestations administratives. Les médias audiovisuels et les photographes, souvent plus exposés, doivent être autorisés à couvrir sans entraves les manifestations. Nous appelons également les autorités grecques à lever les complications administratives qui accompagnent trop souvent les demandes d’accréditations ou d’autorisations officielles.
Tassos Teloglou avait déjà été agressé le 18 janvier 2003 dans une librairie à Athènes. Accompagné du journaliste Alexis Papachelas, il y présentait leur livre intitulé “17” qui offrait une analyse fouillée mais controversée des activités du groupe extrémiste « 17 novembre ». Une vingtaine d’individus avaient fait irruption dans la librairie, avaient jeté de la peinture rouge et des œufs sur les journalistes, et avaient brisé une vitrine avant de s’enfuir.
Reporters sans frontières