Le photographe français Olivier Jobard, de l’agence Sipa Press, a été arrêté vendredi 4 juillet 2008 vers 17h00 alors qu’il effectuait un reportage sur la vie des migrants dans le port de Patras, au nord du Péloponnèse.
Placé en garde à vue pour « résistance à autorité » et « simple dommage corporel », il a été remis en liberté le samedi 5 juillet dans l’attente de son procès, qui débute ce 7 juillet 2008.
Les autorités grecques exigent depuis plusieurs années une autorisation pour toutes prises de vues au sein des zones portuaires, considérées comme des zones militaires ou réservées.
Olivier Jobard a confirmé à Reporters sans frontières que l’agence Sipa Press avait demandé une autorisation qui n’avait pas pu être délivrée avant le début de son reportage. Il avait cependant pu travailler librement dans la journée du 3 juillet, durant laquelle il avait été contrôlé à deux reprises par des gardes qui lui avaient demandé de visionner ses photos, ce qu’il avait accepté.
Au moment des faits, le 4 juillet, Olivier Jobard travaillait dans le port, aux alentours d’un embarcadère en présence d’un groupe de touristes. Il a alors été interpellé par un garde-côte qui lui aurait demandé son autorisation. N’ayant pas pu lui fournir l’autorisation, le garde l’a alors entraîné vers les toilettes publiques. Il l’a poussé dans les toilettes et menotté. Il a lui a ensuite donné des coups au visage. Le garde a sorti un couteau et a coupé le cordon de l’appareil photo qu’il aurait jeté à terre, le cassant ensuite d’un coup de pied. Relâché après une nuit de garde à vue, Olivier Jobard a porté plainte contre l’officier pour coups et blessures
Contacté par Reporters sans frontières, le 7 juillet, le chef de la Capitainerie de Patras a expliqué qu’Olivier Jobard aurait été interpellé alors qu’il effectuait des photos caché derrière un arbre. Le garde aurait procédé à un contrôle des autorisations, auquel le photographe aurait refusé de se soumettre. Olivier Jobard se serait rebellé et aurait alors donné des coups de pied au garde qui a porté plainte pour brutalité sur la base d’un constat du médecin légiste.
« Si l’on peut comprendre que les autorités grecques exigent certaines autorisations pour les prises de vues dans les zones portuaires, nous ne pouvons que condamner la violence employée par le garde lors de l’arrestation d’Olivier Jobard. Les autorités disposent d’autres moyens pour procéder aux vérifications nécessaires sans employer des méthodes qui ne devraient pas avoir cours au sein de l’Union européenne », a déclaré Reporters sans frontières.
« Plusieurs médias grecs ont critiqué l’attitude du photographe français, reprenant essentiellement la version des officiels. Si l’on peut admettre que le photographe a commis une erreur administrative, son travail d’investigation sur les problèmes d’immigration et sur la vie des migrants mérite d’être soutenu », a ajouté l’organisation.
RSF 07.07.2008