Excellences les évêques,
Chers frères et sœurs prêtres, religieux et religieuses,
Excellences Messieurs les ministres Boutros Harb et Gebran Bassil,
Excellences Messieurs les députés Antoine Zahra et Samer Saadé,
Chers frères et sœurs.
Je commence par m’adresser à Dieu – Père, Fils et Esprit-Saint – à qui je rends louange, gloire et action de grâce pour m’avoir appelé au ministère épiscopal et le don de la plénitude du sacerdoce.
Je remercie Sa Béatitude le Patriarche Béchara Rahi, représenté parmi nous par S.Exc. Mgr Roland Abou Jaoudé, Son Eminence le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, et les évêques membres du Synode de l’Eglise maronite qui m’ont élu évêque pour le diocèse de Batroun, diocèse du Premier Patriarche Jean-Maroun (707), diocèse des saints et pays d’origine du grand Patriarche Elias Hoyek, homme de la Providence.
Le fait de prendre la relève de mon évêque et père, Mgr Paul Emile Saadé, est un honneur pour moi, mais aussi c’est une nouvelle croix qui me tombe sur les épaules. Je suis en tout cas fort en Celui qui me soutient Jésus Christ.
Mgr Paul Emile m’a appelé, dès son élection évêque Vicaire patriarcal pour Batroun en 1986, à être à ses côtés et à travailler avec lui. Il m’a donné toute sa confiance et son amour. Et nous avons travaillé ensemble vingt-cinq ans au service du diocèse de Batroun.
Il a mis lui-même son grand cœur ehdénite, sa tradition maronite et son expérience pastorale et son esprit constructeur, et j’ai mis moi-même mon cœur, mon amour, mon savoir théologique et pastoral et mon instruction maronite que j’ai apprise de mon Maître le P. Youakim Moubarac.
J’ai commencé ainsi à travailler, sous son gouvernement et ses recommandations, avec les jeunes, les universitaires, les séminaristes, les prêtres, le groupe missionnaire et les congrégations mariales. Puis avec les conseils et commissions diocésains que nous avons créés. Je l’ai aidé ensuite dans la restauration de la résidence de saint Jean-Maroun, Premier Patriarche. J’ai mené les négociations pour la récupération des reliques de Saint Maroun de Foligno en Italie après 870 ans. J’ai été ensuite curé de Batroun pour vingt ans, et à partir de là j’ai élargi mon ministère à toutes les paroisses, les associations et mouvements dans le diocèse en qualité de vicaire général.
Vingt-cinq ans après, il est là pour me passer la flamme et me faire porter la responsabilité du suivi du gouvernement du diocèse.
C’est pourquoi je vous demande d’élever avec moi les prières au Seigneur, avant tout pour Mgr Paul Emile qui s’est totalement donné pour le développement du diocèse, et ensuite de prier pour moi afin que je sois « l’icône vivante de Jésus Crist » et à son exemple « le seigneur qui sert » (Luc 22.27) et le « Bon Pasteur qui aime ses brebis et qui se sacrifie pour elles » (Jean 10,11).
C’est ce qui m’a porté à choisir ma devise épiscopale : «Au milieu de vous, je suis serviteur de la charité », c'est-à-dire service et charité ; en rappelant la devise que j’ai prise lors de mon ordination presbytérale : « gratuitement vous avez reçu, gratuitement donnez » (Mt. 10,8).
Le service et la charité sont très liés dans la vie de Jésus qui était « serviteur au milieu de nous » (Luc 22,27) et qui nous a recommandé de nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés (Jean 15,12). Et son amour l’a mené jusqu’à laver les pieds de ses disciples et se présenter comme modèle (Jean 13, 4-12), et se sacrifier sur la croix pour eux.
C’est ainsi que j’ai choisi d’être parmi vous le serviteur, et de vous servir gratuitement et sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que je fais la volonté de Celui qui m’a confié le gouvernement de son peuple. De vous aimer, comme le Seigneur vous aime, jusqu’au bout, par l’amour « qui prend patience, qui rend service, qui excuse tout, qui croit tout, qui espère tout et qui endure tout » (1Cor. 13,4-7) ; et de pardonner, comme j’ai été élevé depuis mon enfance dans ma famille sacerdotale et religieuse et avec mon grand père Père Boutros et ma tante sœur Ursule.
Mon objectif est de vous servir dans la charité, et de devenir en Christ « tout en tous » (Col.3,11).
Mon nom ne changera pas ; il restera Mounir Khairallah, parce qu’il porte un projet de vie. Et ce par le mérite de mes parents qui, par une inspiration divine, m’ont dessiné le chemin par lequel je glorifierai Dieu.
Le projet de mon ministère épiscopal sera le projet de mon Eglise maronite pour le XXIº siècle formulé par les Pères du Synode Patriarcal Maronite pour le renouveau de l’Eglise dans ses personnes, ses institutions et sa mission de pionnière en Orient et en Occident ; et ce par le retour aux sources de la spiritualité et aux éléments fondateurs de notre identité syro-antiochienne et par l’engagement à vivre ce renouveau à tous les niveaux. Et c’est le même projet que notre Patriarche Rahi a adopté pour son patriarcat et a promis d’appliquer.
A partir de ce projet, je fixe les priorités de mon action pastorale ainsi :
Premièrement : Le renouveau spirituel fondé sur la Parole de Dieu dans la Bible, sur la prière et le témoignage de vie. J’accorderai une grande importance à ce renouveau spirituel ; surtout que notre diocèse contient les reliques et les tombes de saints : relique de saint Maroun à Kfarhay, tombe de sainte Rafqa à Jrabta, tombes de saint Nématallah et du bienheureux Estéphan Nehmé à Kfifan, et tombe du patriarche Elias Hoyek (que nous espérons qu’il sera proclamé bientôt vénérable) à Ibrine. C’est pourquoi je souhaite que nos monastères soient des centres de prière, de connaissance et de rayonnement spirituel, et que nos paroisses soient des oasis spirituelles où les fidèles viennent prier et où les mouvements de jeunesse et les vocations fleurissent en abondance.
Deuxièmement : le renouveau des personnes. Et nous commencerons par nous-mêmes les prêtres, les religieux et religieuses pour nous renouveler en revenant à l’authenticité de la vocation à laquelle nous avons été appelés. Nous nous engagerons alors au service de notre peuple dans le don total et la solidarité avec les laïcs pour partager ce que nous avons selon les besoins de chacun (Actes 2, 45).
Je collaborerai avec mes frères les prêtres, avec qui je forme le même presbyterium dans l’Eglise locale, l’Eglise du Christ à Batroun. Et je leur accorderai tout mon amour.
J’accorderai une importance primordiale à la formation des jeunes et des séminaristes ainsi qu’à la pastorale familiale, les trois fondements pour la construction de l’avenir de notre Eglise locale, dans le but de récupérer les valeurs qui ont permis à notre peuple et à notre Eglise de conserver leur foi.
Troisièmement : le renouveau des institutions. C'est-à-dire je vais œuvrer pour l’institutionnalisation du diocèse et des paroisses, selon les exigences du monde d’aujourd’hui et en profitant des technologies modernes, afin qu’elles soient témoignent de la présence du Christ dans le service de la charité. Je collaborerai avec les conseils et les commissions diocésaines et paroissiales dans un esprit nouveau pour donner aux leur rôle ; car je crois que les laïcs ont leur rôle dans la construction de l’Eglise et dans la réalisation du Royaume parce que l’Esprit parle aussi en eux.
Et pour mettre en pratique ces priorités, je suivrai la méthode apostolique de Jésus :
– Je parcourrai les villes et les villages pour enseigner, porter la Bonne Nouvelle du Royaume (Mt. 9,35), et annoncer aux fidèles que Dieu les aime et qu’ils sont concernés par la réalisation du Royaume. Je connais parfaitement mon diocèse et je considère qu’il respire par ses deux poumons, Batroun (le litoral) et Tannourine (la haute montagne), et entre les deux le cœur qui bat de vitalité et d’énergie, Kfarhay.
– J’administrerai les sacrements aux fidèles et aux repentis pour qu’ils se sanctifient, et je leur offrirai à manger le corps du Christ et à boire son sang afin qu’ils obtiennent la Vie Eternelle (Jean 6,53).
– Je gouvernerai dans la charité tous ceux qui m’ont été confiés par le Seigneur pour que personne d’entre eux ne soit perdu ((Jean 6,39). Je partirai à la recherche de la brebis perdue ; je prendrai soin, avec la collaboration des associations caritatives telles que Caritas et la conférence de Saint Vincent de Paul, des affamés, des assoiffés, des malades, des handicapés, des prisonniers, des expatriés et des émigrés (Mt. 25, 35-38). Nous partagerons leurs joies et leurs peines.
Enfin, je me prosterne devant mon Seigneur et mon Dieu, l’Unique Prêtre et le Bon Pasteur, pour lui rendre grâce.
Je Te rends grâce, Seigneur pour la grâce du sacerdoce, et aujourd’hui la plénitude du sacerdoce que Tu M’as donnée sans mérite de ma part et Tu l’as voulue un don pour Ton Eglise à l’instar des Saints Pères.
Je Te rends grâce, Seigneur, pour mes parents que Tu as appelés très tôt auprès de Toi, c'est-à-dire il y a cinquante-trois ans (ils avaient trente-trois ans tous les deux), laissant quatre enfants, et Tu as voulu qu’ils soient avec Toi le grain de blé qui tombe en terre et meurt pour donner beaucoup de fruits.
Je Te rends grâce pour mes trois frères et leurs familles pour leur avoir permis d’être tous présents aujourd’hui.
Je Te rends grâce, Seigneur, pour tous ceux que Tu as mis sur le chemin de ma vocation et mon ministère presbytéral ; ceux qui m’ont accompagné depuis ma formation au Petit séminaire de Ghazir – je veux dire les évêques aujourd’hui Youssef Dargham, Anis Abi Aad et Guy Noujaim, sans oublier feu Mgr Hareth Khalifé ; ceux qui m’ont accompagné durant ma formation à Rome – je veux nommer Sa Béatitude le Patriarche Rahi, S. Exc. Mgr Semaan Atallah, mon parrain au presbytérat et aujourd’hui à l’épiscopat, et Nos Seigneurs les évêques Nonces apostoliques Edmond Farhat et Mounged El Hachem, sans oublier feu Mgr Albert Khoreiche ; ceux qui m’ont accompagné durant ma formation à Paris – je veux nommer P. Hervé Legrand, dominicain, Mgr Marc Stenger évêque de Troyes, P. Michel Hayek et surtout mon Maître P. Youakim Moubarac ; et aux Etats-Unis S. Exc. Mgr Estephan Hector Doueihi, sans oublier feu Mgr Francis Zayek.
Je Te rends grâce, Seigneur, pour Sa Sainteté le Pape Benoît XVI Successeur de Pierre et chef de l’Eglise qui m’a accueilli dans la communion épiscopale de l’Eglise Universelle.
Je Te rends grâce pour Sa Béatitude le Patriarche Béchara Rahi, chef de notre Eglise maronite, pour Son Eminence le Cardinal Nasrallah Sfeir et Nos Seigneurs les évêques qui m’ont élu pour être avec eux au service de notre Eglise au Liban, dans le domaine patriarcal et dans les pays de l’Intishar.
Je Te rends grâce pour mon évêque et chef de mon Eglise locale, Mgr Paul Emile Saadé, qui m’a accueilli dans ma faiblesse et a accepté que je l’accompagne dans l’édification de notre nouveau diocèse.
Je Te rends grâce pour mes frères les prêtres de mon diocèse, à qui je demande pardon si je les ai offensés dans mon comportement, et les prêtres de mon Eglise et ceux de l’Union Apostolique du Clergé à travers le monde.
Je Te rends grâce pour les compagnons de route dans la démarche synodale, et en particulier S.Exc. Mgr Youssef Béchara, et ceux qui nous ont précédés pour préparer le festin du Grand Synode dans le Royaume, et en particulier S. Exc. Mgr Youssef El Khoury, mon maître P. Youakim Moubarac, Pères Abbés Boutros Azzi et Emmanuel Khoury, P. Abdallah Dagher et M. Joseph Zaarour.
Je Te rends grâce pour ma paroisse bien aimée de Batroun, que j’ai reçue de Mgr Francis Baissari réunie au nom du Christ et sous le patronage de Saint Etienne premier martyr ; pour ses enfants résidents et dispersés dans le monde et ceux qui nous ont précédés à la demeure éternelle ; pour ses mouvements et associations ecclésiales et civiles ; pour ses familles et pour ceux qui m’ont secondé durant vingt-ans ou qui se sont dépensés pour préparer cet événements, et en particulier p. Pierre Saab compagnon de route.
Permettez-moi de m’adresser à nos amis français et italiens.
Je m’adresse d’abord à vous Excellence, Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint Etienne, et à la délégation qui vous accompagne. Les liens qui unissent notre diocèse de Batroun au vôtre remontent à 1997, l’année des Journées Mondiales de la Jeunesse où vous avez bien voulu accueillir nos jeunes, puis accepter d’entrer dans l’aventure du jumelage. C’était au temps de Mgr Pierre Joatton. Vous avez pris Excellence sa succession et vous avez voulu encourager et consolider notre jumelage qui a connu plusieurs étapes d’échanges mutuels et fructueux entre Batroun et Saint Etienne à travers l’accueil de jeunes et de groupes dans les deux sens, et de nos prêtres chez vous.
Vous êtes venu l’année dernière fêter avec nous la clôture de l’année jubilaire de Saint Maroun et vous avez encouragé l’échange des jeunes pour les JMJ et l’accueil de prêtres de notre diocèse. Je vous promets de rester fidèle à la communion ecclésiale et d’être avec vous les témoins de la présence de Notre Seigneur Jésus Christ auprès de nos peuples en recherche d’espérance, de paix et de justice.
Et à vous, Mgr Pascal Gollnisch, Directeur général de l’œuvre d’Orient, porteur d’une mission particulière auprès de nos Eglises d’Orient, je dis que votre présence nous honore et nous encourage à garder ferme notre espérance puisque nous pourrons toujours compter sur des amis comme vous pour relever le défi de la présence chrétienne sur la terre du Christ.
Vous tous amis français, avec ceux de Paris, qui ont accompagné ma famille, vous représentez parmi nous tous ceux qui me sont chers en France, particulièrement à Paris et en Bretagne, et qui sont unis avec nous en prière.
A te Fratel Piero, rappresentante della diocesi di Foligno e dell’abbazia di Sassovivo che hanno conservato la reliquia di San Maroun per oltre 870 anni, e che hanno accettato il gemellagio tra le nostre due diocesi, dico grazie di essere presente. Ti prego di trasmettere i nostri saluti e il nostro riconoscimento a Sua Eccellenza Mgr Gualtiero Sigismondi, vescovo di Foligno, e a tutti gli amici Folignati.
Quanto a voi amici di Roma e di Milano, dico grazie di cuore. Ci conosciamo da quasi quarant’anni. Vi ringrazio perchè mi avete accolto come in famiglia mia, e siete stati per me parenti, fratelli e sorelle. La vostra presenza oggi conferma i legami storici che esistono tra le nostre chiese, i nostri popoli e i nostri paesi.
Enfin, je m’adresse à Toi Marie, Cèdre du Liban, Etoile de l’aube, Reine des Apôtres et patronne de notre Eglise et de nos patriarches, Mère de l’Eglise et de tout croyant, et Tu es devenue ma mère depuis que maman a quitté ce monde et m’a confiée à ta protection ; permets que je t’accompagne avec Jean sur le chemin du Golghota jusqu’aux pieds de la croix et jusqu’au tombeau vide pour mériter avec Ton Fils Jésus Christ, dont je suis aujourd’hui le successeur de ses Apôtres, la résurrection à la gloire éternelle.