« Être missionnaire, c'est avant tout permettre à la liberté humaine de s'exercer », a déclaré le cardinal André Vingt-Trois, dans son homélie pour la messe de clôture de l'assemblée des évêques de France, à Lourdes, à la grotte des Apparitions, hier, dimanche 9 novembre.
« Le missionnaire de la foi chrétienne ne saurait jamais être une sorte de ‘rabatteur' qui attire dans son Église par tous les moyens disponibles de la communication moderne. Telle n'est pas la mission confiée par le Christ. Telle n'est pas la manière dont les Apôtres l'ont menée à bien », a fait observer le président de la conférence des évêques de France.
Il a ajouté : « Être missionnaire, c'est avant tout permettre à la liberté humaine de s'exercer en lui donnant tout simplement à voir comment la puissance de Dieu peut transformer les existences humaines ».La vigueur de l'Église en FranceCommentant l'évangile de la fête de la Dédicace de la basilique Saint-Jean-du-Latran, le cardinal archevêque de Paris a souligné tout d'abord les « signes de la présence de Dieu », puis, passant du temple aux personnes, il a évoqué ce que signifie être, dans l'Eglise des « pierres vivantes ».
« Cette nouvelle manifestation de la présence de Dieu au monde définit en même temps notre dignité et notre mission de disciples du Christ », a fait observer le cardinal Vingt-Trois.
Il a souligné combien le voyage de Benoît XVI a révélé la « vigueur » de l'Eglise en France : « Nous savons que la vigueur de notre Église, dont nous avons encore eu un signe éclatant lors de la récente visite du Saint Père à Paris et ici même à Lourdes, surmonte nos faiblesses et nos timidités pour rendre palpable l'amour de Dieu dans notre société ».
Puis il a souligné la nature missionnaire de l'existence des baptisés en disant : « Aujourd'hui, en France, être chrétien c'est accepter de devenir un missionnaire de l'Évangile ».Permettre à la liberté de s'exercerMais le terme « missionnaire » est parfois mal compris, c'est pourquoi le cardinal Vingt-Trois a fait observer : « Dans notre culture, cette orientation missionnaire est souvent suspecte, y compris pour certains membres de nos communautés. Elle est identifiée à une sorte de viol des consciences dont nous nous rendrions coupables à l'égard de nos semblables, comme si nous avions le désir et le pouvoir de les forcer à adhérer à la foi par des moyens de pression psychologique ! »
C'est pourquoi l'archevêque a souligné ce que la mission suppose de respect de la liberté, ou plutôt d'éveil de la liberté de l'autre en proposant cette belle définition: « Être missionnaire, c'est avant tout permettre à la liberté humaine de s'exercer en lui donnant tout simplement à voir comment la puissance de Dieu peut transformer les existences humaines ».Sans honte et sans crainteL'archevêque de Paris a également souligné l'importance de ce témoignage en Eglise, avant d'ajouter : « Nous ne pouvons laisser croire que notre manière de vivre, dans l'amour et de l'amour, serait seulement une sorte d'option personnelle dont les motifs resteraient cachés et incommunicables. Elle est le fruit de la grâce que nous avons reçue. Elle nous vient de la foi au Christ ressuscité. Nous pouvons le dire et nous devons le dire, sans ostentation, sans artifice, mais aussi sans honte et sans crainte ».
Il a conclu sur cette note d'urgence « favorable » de l'annonce évangélique en disant : « Les temps sont favorables. Les hommes qui nous entourent ont besoin de savoir que la vie humaine n'est pas une machinerie disponible pour nos inventions, moins encore une marchandise, et que notre avenir ne dépend pas de la bourse. Ils ont besoin de savoir qu'ils sont appelés à une aventure extraordinaire : l'aventure de l'amour fidèle et miséricordieux ».
ROME, Lundi 10 novembre 2008 (ZENIT.org)